#40jours #20 | L’instant de la rencontre

On voudrait lui donner un seul nom. Donne tout ce que tu as. Lentement mais sûrement. Ça fourmille dehors. Ça se remplit, ça se remplit. On reste toujours suspendu. Sentiment cruel d’avoir perdu son temps. Comprendre le jour qui vient et qui va, marcher. Son ombre paisible. La lumière s’engouffre à travers les vitres. Qui voudrait avoir tout vécu ? Tu reviens sur tes pas à la recherche de ce répit. En contre jour, visage dissimulé. C’est nous qui apparaissons au travers de ce regard et de cette bouche, dans ces fragments de visage. Le plus loin possible, cette violence. Je ne peux pas respirer. Il n’y a qu’une solution pour passer de l’autre côté. Se donner une chance. Les jeux ne sont pas encore faits. Un mélange de vigilance et de souplesse, de décision et d’abandon. De loin, cela donne l’impression d’une danse. Des repères sur une carte. Un élan irrésistible. C’est l’idée d’une perfection, ce scintillement. L’usure de leurs pieds, revenant sans arrêt dessus. Le reflet d’un immeuble. Le quai d’une gare. Personne ne me demande rien. Ce sont des astres qui, par définition, n’émettent aucun rayonnement. Nous n’avons pas peur des ruines. En rentrant chez moi. Dans ce mouvement, je m’efface. L’instant de la rencontre. Ce ralentissement révélateur de ce qui nous entoure. Donne-moi un peu de ton temps. Mais le travail continue. Sur les trottoirs de la rue. Pas un regard dans ma direction. Chacun peut acheter le nom d’une future tempête. Qui maintenant ? Appeler ça des questions, des hypothèses, ce que ça donne. Des sensations et des émotions effacées. Un pli du tissu ne parvient pas à s’estomper. Pas mon genre ! Au rythme de la musique. Je crains donc d’avoir dépassé les bornes. Ce qui n’arrive jamais. Tout ce qui d’habitude est en mouvement. Ce n’est pas donné. Les vêtements disposés dans la vitrine. À la lumière des néons. Se méfier de la trajectoire et de la vitesse des voitures. Dans une noirceur presque épouvantable. Se cachant mais surgissant tel un mirage. J’oublie très vite de quoi il parle. Même si je n’en ai pas le moindre souvenir. Un départ de feu. Les immeubles de la ville ne sont plus que des ombres faibles. Une dalle de béton plat. J’y suis retourné plusieurs fois depuis, d’abord seul. Je ne saurais l’expliquer. Des sentiments d’inquiétude et de solitude. Il fallait tout à coup que je l’aide. Vous tournez à droite et vous êtes arrivés. Un lourd cadenas entrave la porte métallique. Accident de parcours. Jusqu’au moment où, fatigué par notre marche. Donner c’est donner. Ce besoin de toujours se justifier. Je voudrais une ville, pour y faire le vide.

A propos de Philippe Diaz

Philippe Diaz aka Pierre Ménard : Écrivain (Le Quartanier, Publie.net, Actes Sud Junior, La Marelle, Contre Mur...), bibliothécaire à Paris, médiation numérique et atelier d'écriture Comment écrire au quotidien : 365 ateliers d'écriture, édité par Publie.net http://bit.ly/écrireauquotidien Son dernier livre : L'esprit d'escalier, publié par La Marelle éditions Son site : Liminaire