#40jours #31 | plan-séquence

Raser. Une surface. Irrégulière. Matière. Spongiforme. Dure. Découpée. Fragments. Formes différentes. Accolées. Cerclées. Traits lisses. Séparateurs. Se reculer. Laisser. Voir. L’ensemble. Se glisser. Par le côté. Longer. Paroi. Haute. Se reculer. Encore. Plus loin. Vue. Degrés. Volée. Se rapprocher. Lentement. Emprunter. Mouvements. Saccadés. Monter. S’arrêter. Palier. Contre-plongée. Degrés. Volée plus grande. S’envoler. Suivre. En montant. Arriver. Tunnel. Végétal. S’enfoncer. Vers l’avant. Rythme. Marche lente. Plongée légère. Matière. Bombée. Légèrement. Bulbeuse. Ruban. Déboucher. Vue. Large. Points de lumière. Halos. Croisements. Parois. Multiples. Tantôt percées. Façades. Tantôt pleines. Pignons. Imbriquées. Alignées. C’est selon. S’approcher. Glisser. Lentement. Vers un croisement. Triangulaire. Arche. Vue serrée. Enseigne. Villa Faucheur. Porche. Profondeur. Tunnel. Plâtre. Béton. Édifices. Bas. Irréguliers. De un à trois étages. Pénétrer. La villa. Voir. Au fond. Peu avant la fin. Lumière. Jaillie. Paroi percée. S’approcher. Toujours. Rythme. Marche lente. Édifices. Défilent. À droite. À gauche. Disparaissent. Laissés derrière. Arriver. À la lumière. Rez-de-chaussée. Vue par la croisée. Intérieur. Face. Une pièce. Large. Grande. Groupe. Personnes. Attablées. Vue de la tablée. Glissement. Victuailles. Litres de vin. Convives. Vues rapprochées. Visages. Bustes. En tournant. L’un après l’autre. Galerie. Portraits. Souriants. Grimaçants. Mangeant. Buvant. Parlant. Focalisation. Brusque. Derrière la tablée. Une personne. Nourrit. Un ours. Attaché. Chaîne. Dans le mur. Anneau. Collier. Vue rapprochée. Tête de l’ours. Avalant. La vue recule. Laisser la croisée. Se remettre. Avancer. Fin du passage. Inflexion. À gauche. Longer. Courbe. Paroi. Séparatrice. Mauvais état. Manque. Des bouts. Des pans entiers. S’arrêter. Vue. Fixer. Un trou. Dans le béton. Vue large. Terrain vague. Piquets. Excavations. Engins de travaux publics. Au loin. Édifices. Plusieurs étages. Halos. Réverbères. Une. Plusieurs rues. Là-bas. Continuer. Trajet. Long. Palissades. Poteaux. Plongée. Légère. Matière. Irrégulière. Pavés. Déboités. Au bord. Ronces. Herbes folles. Pas d’éclairage. Apercevoir. Autre porche. Sortie. Chiche. Lumière de rue. Enseigne. Vue serrée. Utopia Imprimerie. Obliquer. À droite. Vue légèrement plongeante. Descendre. Rue en pente. Avancer. Laisser. Clôture. Terrain vague. Filer. Édifices. Disparates. Sur la gauche. Défilent. Disparaissent. Laissés derrière. Parois. Percées. Fenêtres. Éclairées. Ou pas. Plâtras. Chaux. Apercevoir. Fin de la rue. Étroite. Croisement. Rue large. Bien éclairée. Bitume. Nombreux. Réverbères. Vitrines. Cafés. Badauds. Voitures. Panorama. Quelques secondes. Fondu au noir.

A propos de Fil Berger

Fil Berger, je, donc, compose les textes qu’il écrit avec des artefacts sonores et graphiques et ses pièces musicales avec des artefacts d’écriture et graphiques. Le tout cherche, donc, une manière d’alchimie modeste située entre ces disciplines. Il a publié des livres d’artiste avec le plasticien Joël Leick chez Æncrages et Dumerchez. Quelques revues comme Paysages écrits, Traction Brabant ont retenu des textes. Il a travaillé et composé des pièces musicales documentées sur CD. Il a partagé pendant plus de vingt ans des moments de création avec des chorégraphes, des plasticiens, des auteurs, des improvisateurs et des compositeurs. Il a animé des ateliers d’écriture et de partitions graphiques avec des personnes de toutes sortes. Fil Berger, je, donc, est un improvisateur qui compose et performe en forgeant ses propres outils, ses champs lexicaux, ses instruments, sa présence au monde en les mettant sans cesse en variation continue. Son travail est la recherche de convergences multiples entre... l’idée et la pratique du « baroque » et... la pratique et l’idée de l’insurrection « œuvrière » autonome.

20 commentaires à propos de “#40jours #31 | plan-séquence”

  1. J’ai un petit penchant pour les didascalies qui se détachent de ton plan séquence; mouvements de caméra, placements des comédiens, indications pour les décors. Merci Fil!

    • Merci beaucoup Michael pour ton retour.
      Finalement, je ne sais pas si j’ai bien répondu à la consigne…
      Merci encore !

  2. Je ne peux pas te répondre sur la consigne, car pas sûre à nouveau de l’avoir comprise, mais cette image de l’ours attaché, avalant la nourriture donne au texte une dimension d’irréalité qui me plait beaucoup !

    • Un grand merci à toi Helena !!
      Je ne sais pas pour la consigne, mais moi aussi je l’aime bien cet ours !

  3. Ce procédé , ce rythme, c’est exigeant pour le lecteur, parce qu’il n’est plus promené par la main, mais presque aux »ordres ». C’est assez dérangeant, mais ça fonctionne très bien, bravo.

    • Oui Laurent, c’est un procédé qui demande du travail à l’auteur et au lecteur. Je conçois que ce soit dérangeant, mais je suis content que ça marche. J’espère pouvoir tenir dans la durée. Quitte à tout reprendre à la fin.
      Merci pour ton message, qui m’est bien utile !

  4. Pour faire écho à Laurent Stratos je trouve aussi beaucoup d’exigence dans la lecture peut etre sans les points avec juste les majuscules cela accrocherait moins la lecture tout en laissant le meme rythme? Quoi qu’il en soit j’apprécie de continuer de vous découvrir au fur et à mesure des propositions avec cette consigne imposée à vous meme qui fonde la patte de l’écrivain. Belle journée

    • Merci J Hendrycks pour ton message qui reflète une question que je me suis posée : les points ou pas ?
      Avant de prendre ma décision j’ai essayé sans les points et j’ai trouvé que ça nuisait encore plus à la lisibilité.
      Mon intention est celle d’une écriture en facettes, un peu cubiste, ce qui implique une certaine dureté, et qui oblige le lecteur à effectuer un travail de décryptage.
      Ce parti pris formel permet aussi de laisser des sortes d’espaces ouverts entre chaque mot pour que le lecteur puisse y placer des bribes d’imaginaire et puisse se composer son propre trajet dans le flux haché du texte.
      Je vais essayer de continuer à écrire de cette façon jusqu’à la fin du cycle, quitte à tout reprendre une fois fini.
      Ça me donne un canevas expérimental cohérent et je m’appuierai dessus pour la révision du corpus de textes.
      Je suis vraiment désolé que mon parti-pris expérimental vous gêne un peu mais j’espère que vous continuerez à me lire quand même…
      Quoi qu’il en soit je te remercie beaucoup pour ton message qui m’aide à avancer dans ma recherche.

  5. te retrouver dans cette exploration, un vrai parcours du combattant d’ailleurs ! C’est vrai qu’il faut te suivre, il faut faire un effort, ce haché permanent nous oblige à pas mal de concentration et nous coupe un peu de ce qui est raconté
    et tu tiens dur comme fer au procédé !!
    (que tu pourrais doucement faire évoluer peut être;.. comme disait J, enlever les points pour voir, en enlever certains en tout cas, regrouper parfois pour changer le rythme et ainsi enrichir le récit…) mais tout ça c’est ton affaire…
    peut être un pari pour ce cycle, hein ?

    • Merci à toi aussi Françoise pour ton message.
      Oui, c’est un pari que cette volonté d’écriture cubiste, rythmique.
      Je vais essayer de continuer dans cette direction… je sens en vous lisant que ça craque un peu… il reste encore neuf textes… ça serait dommage (pour moi) de laisser tomber maintenant…
      Quoi qu’il en soit, un grand merci à toi pour me suivre aussi fidèlement et avec autant de bienveillance !

  6. Dérive filmée ? L’apparition de l’ours est magique ! Juste avant cette apparition, ton texte m’a fait penser (bien que ça n’ait rien à voir mais une sensation persistante) à Fellini Roma.
    Pour ma part, ton écriture à facettes, comme hérissée, ne me gêne pas du tout. Au contraire, j’aime beaucoup, cela fait ressortir chaque mot avec beaucoup d’acuité. Et elle accentue le côté visuel de ton style. J’espère que tu iras au bout de ton expérience !

    • Merci mille fois Muriel pour ton retour très encourageant !
      Oui, c’est comme une dérive filmée. Tu l’as bien vu.
      J’avais peur que ça ne soit pas assez cinématographique, alors : un grand merci pour Fellini Roma… !!
      Et encore toute ma reconnaissance pour ma façon d’écrire qui ne te gêne pas !

  7. ça fait vraiment tout drôle, cette résurgence de souvenirs, comme monica vitti d’Antonioni, quelque chose d’italie qui fait sa danse de gros plans, ou bien oui, un étranger, l’ange séducteur (dérangeant) dans un film de Pasolini… sorte de souvenirs qui se télescopent… grand merci Fil !!!

    • Grand merci Françoise pour ton retour !
      Je suis vraiment content que tu apprécies le texte.
      Et ces souvenirs d’Italie…

  8. Très intéressant ces questionnements sur la forme que tu t’imposes. Je crois qu’à chaque fois j’y appose une intention, un effet différent. Ici se mêle une impression de prises de notes pour film à venir, mais aussi induite par le titre, une invitation à créer de la continuité par nous-même pour lier les images du plan-séquence malgré les points et enfin malgré tout, induite par la ponctuation, une impression de saccadé. Et si je lis vite, d’accéléré. Je viens d’écouter la 33. Hâte de voir le résultat de ton côté. Ce rythme est souvent gros de tensions.

    • Merci beaucoup Émilie pour ton message et ton analyse très juste.
      Je suis en train de rédiger la proposition # 33 et, effectivement, la tension est palpable.
      Merci encore !

  9. Cette écriture percutante et directe me plait beaucoup. Et ce n’est sans doute pas si facile que ça à réaliser. Cela implique une position de lecteur différente, qui oblige à une concentration, et je trouve ça fort!

    • Merci mille fois Solange pour ce retour !
      Je suis vraiment content que cette manière d’écrire fasse « travailler » le lecteur, le mette en travail. Comme dans une performance.
      Merci encore !

  10. radicale comme écriture, demande des efforts pour la lecture en revanche agréable à dire à voix haute. quel contraste avec toutes ces phrases enveloppantes que tu nous adresses à chacun.e, dans tes commentaires Merci Fil pour ta présence si vive si profonde si précieuse dans cet atelier. pour moi tu es phare ! Fil phare

    • Un très grand merci pour ton message, Cécile !
      Je suis vraiment très content de vous lire toutes et tous, même si je n’y arrive pas entièrement. C’est toujours un plaisir et un étonnement de découvrir vos réponses aux propositions.
      Et puis un retour, même rapide, ça fait du bien !
      Quant à ma façon d’écrire, c’est un parti-pris et un canevas qui me servira pour la révision de mon corpus de textes.
      À bientôt !