#40jours #LaFabrique / Le rythme est une variation permanente

J’ai commencé le défi du 40 jours d’écriture avec 2 ou 3 jours de retard, parce que je devais terminer la version finale finale finale de ma thèse de doctorat. Après, je me suis fait prendre par les aléas de la vie, car je terminais des trucs au boulot, puis mon mariage m’a pris quelques jours. Par la suite, j’ai attrapé la COVID, ce qui m’a cloué au lit pour presque deux semaines. Et notre chat est mort, apparemment d’un problème au reins. Puis, l’état de santé de mon père, qui a un cancer généralisé, s’est aggravé. Durant ce temps, je me suis culpabilisé de ne pas écrire. Aujourd’hui, deux semaines après avoir eu mon test négatif qui mettait fin à ma contagion covidienne, j’ai encore de la toux et un peu de difficulté respiratoire. Pourquoi se sent-on coupable de ne pas être productif? Pourquoi avons-nous du mal à accepter que la vie a un rythme qui force le temps d’arrêt? Où s’arrête le défi qui pousse à l’action et où commence le défi qui nous angoisse? Écrire tous les jours est déjà un objectif de grande ampleur. La régularité n’est jamais une chose facile. Écrire quotidiennement à partir de consignes s’avère encore plus difficile.

Les défis sont des manières pertinentes de se pousser à la création, de se forcer à se surpasser. La vie, par contre, a la capacité de nous rappeler que le rythme est une question d’alternance entre diverses vitesses, de l’extrême lenteur à l’extrême vitesse. Parfois, il faut accepter de ralentir et même de s’arrêter.

J’apprécie le défi quotidien de la consigne. En revanche, il me semble que le temps passe trop vite pour que je puisse à la fois écrire régulièrement et lire ce que les autres ont pu écrire. Cette expérience de la lecture me semble la principale lacune de ce genre de projet. Ceci dit, je comprends très bien que le défi des 40 jours pourra se poursuivre au-delà du temps officiellement imparti, ce qui me permettra peut-être de compléter les 40 exercices, mais je me demande quand même si une alternance entre lecture et écriture n’est pas plus adaptée.

En fait, peut-être devrais-je simplement accepter que le timing du défi 40 jours n’était pas le bon par rapport à ce qui se passe dans ma vie. Le rythme de ma vie ces temps-ci n’est pas le même que celui d’un défi aussi intense. Mais c’est tout de même une belle occasion de confronter la difficile pratique quotidienne de l’écriture avec la vie, dans tout ce qu’elle peut avoir d’imprévisible, de changeant, de bonheur et de malheur, de vitesse et de lenteur.

Il faut savoir trouver son rythme, dans la vie comme dans l’écriture, et surtout, savoir l’adapter lorsque cela devient nécessaire. « Take your time, hurry up », chantait Kurt Cobain en 1991, trois ans avant sa mort.

A propos de Yan St-Onge

Je suis artiste, poète, performeur et spécialiste en rien. Récemment, j'ai terminé un doctorat sur la sémiotique de la poésie-performance. J'habite à Montréal. https://ysoboy.ca/

Un commentaire à propos de “#40jours #LaFabrique / Le rythme est une variation permanente”

  1. Oui Yan, le rythme est un flux en variation continue.
    On est (le plus souvent) agi par lui !
    Merci.