[…].« N’en déplaise aux théologiens, la femelle n’est pas un mâle auquel on aurait retranché quoi que ce soit. C’est même le contraire »*. Le cerveau primordial est le cerveau femelle. Le mâle en devenir doit sa destinée sexuée à la préexistence de la femelle. Décliner, comme une conjugaison au passé, présent, futur, et même imparfait, tout ce que le petit homme qui pousse son premier cri doit à la femme, sa mère, et aussi aux autres qu’il croisera ? Le respect, a minima. Un jour de juin, dans l’école d’une petite bourgade de province, avant la fin des devoirs, des bousculades dans les couloirs, avant le silence retombé dans la cour de récréation, six garçons ont agressé sexuellement deux filles de leur classe. Même âge, huit ans.
Où sont allées tes joies tes peines
De cette enfance à perdre haleine
Dans quel recoin de ta conscience
S’est enfui le souvenir de ce silence
Ton corps à jamais paralysé
Devant l’autre pour toujours étranger
Demain continuera sur ton visage éteint
Personne ne comprendra ce refrain
Murmuré sous le masque de ton sourire
Mourir est plus doux que souffrir
Le juge des enfants ne sanctionnera pas. Les mineurs de moins de treize ans sont présumés ne pas être capables de discernement**. Entre 2017 et 2024 le nombre de mineurs mis en cause pour agressions sexuelles est passé de 8 900 à 15 700 (+77 %), 45 % avaient entre 13-15 ans, 18% 16-17 ans et 37 % avaient moins de 13 ans. L’éducateur? Il va bien falloir leur apprendre à discerner, distinguer, percevoir, ressentir leur vraie nature, un être-enfant, qui n’a rien à voir avec celle d’un adulte – celui qui a grandi – ? Une enfance plus que déformée, dévoyée. Pervertie par le monde des adultes. Le fait par le père ou la mère, de se soustraire, sans motif légitime, à ses obligations légales au point de compromettre la santé, la sécurité, la moralité ou l’éducation de son enfant mineur est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30.000 € d’amende »***. Et après ?
Qui d’autres que toi
Papa maman
Pour inscrire dans ma tête
De petit homme
L’origine de l’origine
Le qui a fait quoi
Pour que je sois là
Qui d’autres pour leur faire entendre et ne jamais l’oublier que ces petites filles prises pour des poupées qu’on a déshabillées, abimées, deviendront des survivantes d’un cauchemar à jamais cellulairement inscrit. Et plus tard ? Peut-être…l’un comprendra, se reprendra, se tiendra droit devant lui pour le reste de sa vie, un autre récidivera et la prison deviendra sa maison, un autre encore deviendra éducateur à son tour et toute sa vie tentera, sans jamais y parvenir, de réparer cette enfance honteuse, un autre encore mourra jeune sans qu’on sache vraiment de quoi, un cinquième cherchera désespérément l’amour dans les yeux des femmes qui ne le regarderont pas, le dernier aura tout avoué, comme un soulagement, une délivrance face à ses errances, lors d’un séjour dans un hôpital psychiatrique après une dépression qui n’en finissait pas de l’entrainer vers les portes du suicide.
Fragile enfance
Facile déviance
Innocence en danger
De mort prématurée
Pas montrée la limite
Trahie l’innocence
Franchie l’indécence
Enfant fragile
Fêlure facile
Chut!
Silence !
L’enfant s’endort
Peut-être…tout recommencer. Reconnaître l’enjeu primordial de l’humanité entre les mains des femelles. Elles qui pourraient un jour, de guerre lasse à faire et réinventer la paix, inactiver, pour un temps, la protéine magique.
Rester entre épuisées
Moment de répit
Un retrait une veillée
Nécessaire repli
Empêcher le fracassement
Contre le mur
L’impasse
Le jour de trop
Ne pas revêtir l’armure
La carapace
Recouvertes de dépit
Issue impitoyable
Oyez!
Hommes !
Réveillez-vous
*Cerveau féminin, cerveau masculin, Prof. Jacques Baltazart, ed.Alpha
**Article L 11-1 Code de la Justice pénale des mineurs
***Article 227-17 Code pénal