A propos de Françoise Breton

aime enseigner, des lettres et du théâtre, en Seine-Saint-Denis, puis en Essonne, au Cada de Savigny, des errances au piano, si peu de temps pour écrire. Alors les trajets en RER (D, B, C...), l'atelier de François Bon, les rencontres, les revues, ont permis l'émergence de quelques recueils, nouvelles, poèmes. D'abord "Afghanes et autres récits", puis en revues "Le ventre et l'oreille", "Traversées", "Cabaret", "La Femelle du Requin"... Mais avant tout, vive le collectif ! Création avec les anciens élèves d'Aulnay-Sous-Bois de la revue numérique Les Villes en Voix, qui accueille tous les textes reçus, photos, dessins, compositions sonores...

Voyages #3 | je n’imagine pas une seconde

Ce soir, les gens ont pris place aux terrasses exactement sur le trottoir près du pont de l’est, loin dans la ville, le long de l’avenue où roulent des milliers de voitures. En plein été, la chaleur est si dense qu’on regarde hébétés, sans bouger, debout les bras ballants comme nous faisons toute la journée, suivant du regard ce peuple Continuer la lectureVoyages #3 | je n’imagine pas une seconde

Voyages #2 | En pleine lumière

Quand nous sommes arrivés à Berlin avec mon fils et mon frère, nous ne reconnaissions rien de ce que nous avions à l’esprit, les images des films, Fassbinder, les ruines et le secret. Plus de vingt heures de bus et le dos fourbu, nous étions debout dans cette station autoroutière, à peine réveillés, à cause de ce sommeil brutalisé tout Continuer la lectureVoyages #2 | En pleine lumière

Voyages #01 | Dans cette île où dort Saint-Pierre

Je ne sais pas très bien comment aborder l’idée de partir aussi loin. Prévenir la famille je le ferai de là-bas. C’est des milliers de kilomètres quand même, par superstition je vais conserver mon abonnement téléphonique, même si la terre s’étend en dehors de tout réseau. L’eau glacée sur les mains, gicle sur le ventre. C’est un peu comme une Continuer la lectureVoyages #01 | Dans cette île où dort Saint-Pierre

carnets individuels | Françoise Breton

  #26 – Quand les cris de gloire ont dévalé la rue, les boutiques ont tiré les rideaux de fer, le paysage avait raison de se cloîtrer. La rue s’est déployée toute incrustée de détritus dans une vaste détestation d’elle-même, on a brisé des abribus pour se trouver sans protection à ciel ouvert. Avec rien pour peser contre l’épaule. Ce Continuer la lecturecarnets individuels | Françoise Breton

#photofictions #09 | l’irrespirable

Des semaines à dormir repliée dans la voiture, j’ai le dos en quinconce et marche somnambulique en quête d’un banc où pouvoir allonger tout le corps. Quand Carola me parle de ce monastère, loin de la ville : en trouvant un vélo, ça pourrait le faire. C’est propre tu verras, la nuit tu peux descendre à la cuisine, le frigo est Continuer la lecture#photofictions #09 | l’irrespirable

#photofictions #05 | Des films et des camions

(un projet en cours…, j’avais en tête des films cultes avec Simone Signoret Casque d’or, et la scène mythique du camion entrant dans l’immeuble de la Gestapo, dans L’armée des ombres… et puis le si étrange Camion de Duras… et comment oublier, la nitroglycérine du Salaire de la peur…)           Il y a tout cet espace face à lui, dorénavant Continuer la lecture#photofictions #05 | Des films et des camions

#photofictions #04 | les vivants qui vont bien

Marwane est accoudé à la fenêtre, porte ouverte sur la campagne nue, rase et nue comme un petit bidon en friche, sorti de la chemise, une campagne négligée aux cheveux rabattus, il fait déjà froid depuis quinze jours alors qu’on vient de quitter les dorures du soleil, l’air frais et la fenêtre comme un cadre plaqué sur le corps du Continuer la lecture#photofictions #04 | les vivants qui vont bien

#photofictions #03 | tu es là

Je ne sais pas pourquoi je te regarde, pourquoi je me retourne sans cesse sur toi, le balancier des bras, un léger pivotement des épaules, le petit buste si fin, son souffle haché menu, le visage doux et bancal, penché de côté, la bouche entrouverte hantée d’ailleurs, le pas traîné qui fait dériver le corps comme une corde sortie de Continuer la lecture#photofictions #03 | tu es là

#photofictions #01 | La non dite

Combien de fois n’ai-je été tentée de les prendre en cachette, corps plié sur les livres, les crayons qui tournent irréguliers sur la page, les chevelures tressées rousses coupées à ras, militaires et joviales, les ratés du canif sur le côté pour reproduire la mode des petits traits sur le crâne, imiter les géants du football, porter sur la tête Continuer la lecture#photofictions #01 | La non dite