A propos de Françoise Breton

aime enseigner, des lettres et du théâtre, en Seine-Saint-Denis, puis en Essonne, au Cada de Savigny, des errances au piano, si peu de temps pour écrire. Alors les trajets en RER (D, B, C...), l'atelier de François Bon, les rencontres, les revues, ont permis l'émergence de quelques recueils, nouvelles, poèmes. D'abord "Afghanes et autres récits", puis en revues "Le ventre et l'oreille", "Traversées", "Cabaret", "La Femelle du Requin"... Mais avant tout, vive le collectif ! Création avec mes anciens élèves d'Aulnay-Sous-Bois de la revue numérique Les Villes en Voix, qui accueille tous les textes reçus, photos, toiles...

#photofictions #04 | les vivants qui vont bien

Marwane est accoudé à la fenêtre, porte ouverte sur la campagne nue, rase et nue comme un petit bidon en friche, sorti de la chemise, une campagne négligée aux cheveux rabattus, il fait déjà froid depuis quinze jours alors qu’on vient de quitter les dorures du soleil, l’air frais et la fenêtre comme un cadre plaqué sur le corps du Continuer la lecture#photofictions #04 | les vivants qui vont bien

#photofictions #03 | tu es là

Je ne sais pas pourquoi je te regarde, pourquoi je me retourne sans cesse sur toi, le balancier des bras, un léger pivotement des épaules, le petit buste si fin, son souffle haché menu, le visage doux et bancal, penché de côté, la bouche entrouverte hantée d’ailleurs, le pas traîné qui fait dériver le corps comme une corde sortie de Continuer la lecture#photofictions #03 | tu es là

#photofictions #01 | La non dite

Combien de fois n’ai-je été tentée de les prendre en cachette, corps plié sur les livres, les crayons qui tournent irréguliers sur la page, les chevelures tressées rousses coupées à ras, militaires et joviales, les ratés du canif sur le côté pour reproduire la mode des petits traits sur le crâne, imiter les géants du football, porter sur la tête Continuer la lecture#photofictions #01 | La non dite

#40jours #40 | capitale, paroles en vrac

S’il est possible de transmettre, d’imaginer la capitale où prendre racine et s’élever, créer, danser, fêter l’existence, répandre le savoir et l’Histoire, ce serait une ville en Ardèche, le sud de l’Ardèche, ou peut-être l’équivalent d’Uzès, une ville ouverte à la musique, de multiples lieux de vies et d’accueils pour tous ceux qui recherchent un refuge. Un espace où l’argent Continuer la lecture#40jours #40 | capitale, paroles en vrac

#40jours #38 | frontière arlésienne

La vieille ville antique, qui voudrait y vivre, la ville antique a du sable jusqu’aux chevilles, ses pierres blanches rénovées, chaleureuses, aujourd’hui bat son plein, le marché de bysance, le lent frotté des couleurs soyeuses, bleu de chypre et jaune safran, l’orangé des cils et des pantalons, du vert pomme partout jusqu’aux pâtisseries qui rayonnent aux vitrines, où toutes les Continuer la lecture#40jours #38 | frontière arlésienne

#40jours #37 | Pèlerinage en gare de Morlaix

On n’imagine pas cette noirceur de pierre, peut-être ai-je oublié jusqu’au moindre réveil des couleurs, mais là je n’ai plus souvenir que de ces nuits d’arrivée, peut-être vingt-trois heures, à attendre sous la pluie la petite 4L qui doit nous rechercher au bord, un bord de trottoir juste devant la gare, simple et droite comme une gare peut l’être de Continuer la lecture#40jours #37 | Pèlerinage en gare de Morlaix

#40jours #36 | l’acropole de Jinghui Meng

Pina Bausch – les lieux sont choisis avec soin pour le bal, il faut faire jaillir le noctambal avec des habits flamboyants, longues robes où le son de la bure parcourt les épaules, le torse, les anses de la jarre, les chaussures plates enveloppent le pied comme une tige à lacets, et les yeux, les yeux, les yeux laissent couler Continuer la lecture#40jours #36 | l’acropole de Jinghui Meng

#40 jours – # 35 | imprécation

Les gens tombent des toits, les gens tombent des heures, des chiffres, des agneaux blessés avec leur sang qui monte aux gencives, les gens tombent des toits toujours trop hauts, et tu fulmines mon dieu de ne pas avoir bâti assez d’arènes, de cirques, d’opéras baroques, de tuiles géantes où glisser dans des ballets d’eaux tièdes, de ventilateurs et d’éoliennes Continuer la lecture#40 jours – # 35 | imprécation

#40jours #34 | de plus en plus méchant

Une sueur âcre dégouline sang noir, tisse sa toile le long des poils drus et noirs, il en pisse de rage, creuse le sable blanc de l’arène, la croupe redressée tandis qu’il penche face à la foule dressée dans sa chaleur de foule, nous en sommes là, autour de lui, tandis que le tourneur échafaude une stratégie pour lui indiquer Continuer la lecture#40jours #34 | de plus en plus méchant

#40jours #33 | le froid ville

Il hurle encore tout en haut, dernier étage et pourtant. Il hurle le père l’homme, excédé de tout, l’emploi, ce qu’on attend de lui, ce qui germe, la toux des gosses, la mère dont il faut, la femme dont il faut, ce qu’on attend de lui, les brigades de règles, du respect des règles, des limites, des barrières, il hurle Continuer la lecture#40jours #33 | le froid ville