autobiographies #02 | visage, ventre, visages

Mali. Je ne sais pas après toutes ces années, dès la première fois que je m’en suis souvenue, j’ai douté. Mais pourtant, aucun autre prénom ne me vient. « Mali », c’est ton prénom là, quelque part dans ma tête et sur mes joues où tes mains se posèrent le dernier jour de classe de CM2, avec Mr Filstroff, partagé. Tout le monde savait que je partais pour « sortir d’ici ». De la ZUP. De Borny. C’était au début de l’année, genre octobre ou novembre, je ne sais pas. Ce que je vois ce sont tes mains qui prennent mon visage avec une douceur que je n’ai jamais ressentie depuis et qui m’échappe à l’écrire, et de tes mots : « tu ne m’oublieras jamais, hein !!! ». Voilà ce qu’il me reste de toi. Une douce injonction à ne jamais t’oublier. Je ne t’ai jamais oublié.

 Il était grand, beau. Il avait une cicatrice sur le bras en forme d’éclat d’étoile. Quand il était là, 6 mois de l’année, j’étais protégée. On s’allongeait dans le salon marocain et on regardait des westerns spaghettis. Moi sur son ventre, tout mon petit corps tenait sur son ventre. Je ne peux plus me mettre sur ce ventre qui me protégeait, alors je ne peux plus regarder de westerns spaghettis.

Je l’ai tellement haï que l’image de son visage dans ma mémoire me met en position acrynomique réflexe. Ce qui est con, c’est qu’on a le même. Je veux dire exactement le même. Des jumeaux à quatre ans d’écart. Ma sœur l’a vu dernièrement, c’est-à-dire il y a quelques années. Je n’ai pas pu m’empêcher, j’aurais voulu, mais je n’ai pas résisté. « il me ressemble encore ? »… « ah mais c’est fou, vous avez les mêmes mimiques, le même rire…tout pareil !!! ». Et merde. J’aurais vraiment pas du demander. La première fois qu’elle l’a rappelé, il y a encore plus d’années, elle a discuté avec lui pendant 10 minutes avant de lui demander : « au fait, tu sais à quelle sœur tu parles ? ». La formule, c’est un truc de famille…ça doit surtout se nicher quelque part dans les mitochondries je dirais. « Ben, oui ! à Alexia ! »… « Perdu ! », et elle a raccroché. On a ri, on a bien ri. On rit encore.

On parlera du « mulet » une autre fois…

A propos de Alexia

Chercheuse par diplôme (Master 2, 2018) en littérature anglaise du 20ème siècle à Tours, indépendante car pas rattachée à une université pour l'heure, je fais des mousses au chocolat, des îles flottantes, du pain perdu caramel, des meringues, des crèmes brûlées...un jour, j'arriverais au niveau de la tarte au citron de Blanche!!! je l'aurais un jour!!! je l'aurais!!! En attendant, j'épluche aussi des pommes...