#photofiction #09 | jaune

(dans le temps il y avait un tout petit bonhomme, Ouioui, qui conduisait une voiture de cette couleur) il vaut mieux commencer par alléger l’ambiance – ces images-là sont comme des lacs profonds et insondables, au fond se trouvent certainement quelque cloaque et animal mythique au satanisme brutal – c’était un homme qui avait une vingtaine d’années, blond et cheveux légèrement ourlés ondulés années soixante Elvis the pelvis marcel à la Brando quelque chose qui s’exerçait dans une espèce d’érotisme de bal, sans doute aimait-il sourire et séduire, il conduisait une moto dont le réservoir blanc portait des lignes épaisses et bleues – ce sont ces lignes qu’on retrouve sur cette voiture jaune, deux, larges laides qui la partagent en deux, calandre capot toit coffre et jupe arrière, deux lignes noires sur la peinture jaune – c’est probablement un v huit qui l’anime – c’est de l’essence qui vaporisée explose – sa moto avait trois cylindres ils étaient en ligne, refroidis par air – une bombe une vraie bombe – il y avait alors des courses de côte – ça doit exister encore, peut-être – la côte était celle de Saint-Fuscien (jamais connu quiconque se prénommant Fuscien, mais ma vie n’est pas encore terminée et tout peut encore arriver comme à chacune de ces secondes qui passent où je respire encore) elle doit compter quatre ou cinq virages tout au plus – quelque chose qui doit faire entre un et deux kilomètres, à peine, ça doit exister encore, il n’y a aucune raison que cette route ait été supprimée (supprime-t-on des routes d’ailleurs ?) – quelque chose dans les standards des performances veut qu’on instrumentalise le temps que met un engin à aller de zéro à cent kilomètres heure, il s’agit d’une mesure pour fixer les idées – cette moto mettait cinq secondes pour parvenir à cette vitesse – la Mustang jaune, je ne sais pas (ce nom de voiture qui porte celui d’un cheval indien) – on met les gaz et la poignée dans le coin – on ne va pas monter trop dans les tours – c’est au troisième virage que ça s’est passé – ce n’était pas un ami, une connaissance, dans la rue – tu vois c’est mon monde

2020 – hiver – enseigne-objet – jaune – Dijonnais

A propos de Piero Cohen-Hadria

(c'est plus facile avec les liens) la bio ça peut-être là : https://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article625#nb10 et le site plutôt là : https://www.pendantleweekend.net/ les (*) réfèrent à des entrées (ou étiquettes) du blog pendant le week-end

8 commentaires à propos de “#photofiction #09 | jaune”

  1. De OuiOui devenu un livre pour enfant avec un second degré façon Philippe Corentin où on trouve « quelque cloaque et animal mythique au satanisme brutal  » ( je vais les relire. ) tu passes à la moto et à la mustang jaune à bande noire, que t’inspire un hélicoptère. C’est génial mais la suite est triste.

  2. J’aime!… la Mustang, Fuscien, ( satanisme brutal) , le marcel à Brando et l’érotisme de bal… la moto on la voit bien très bien, le réservoir, les cylindres, plein gaz… on a peur. Il y a le panneau qui indique 90 kmh sur la route droite… On a peur (L’objet fantôme (volant?) il l’attend? )

  3. à l’aveugle… pour l’objet fantôme, j’espère pas (comme dirait ma paxette) (mais quand il faudra…) (il n’y avait pas ce modèle dans les « voiture jaune » de l’atlas mais j’en avais vu une – je ne retrouve pas l’adresse – les deux photographes y racontaient leurs dispositifs) merci à toi

  4. Quelle façon particulière de raconter, particulière et addictive, comme dit …, mais je ne citerai pas de nom. Quoique, Simone et ses connaissances cinématographiques, a été surprise tout comme moi par l’hélico final. Suivre le fil du jaune, j’adore, de la route et la question de sa permanence, tout ce que tu décris autour du rien et tout à coup ce rien c’est un drame. Merci, Piero.