autobiographies #07 | derrière

Eric Daudelin, Courtepointe verte

Prologue

Tu ne sais pas ce qui se trouve derrière
Tu t’attaches
tu as besoin
trouver le point
qui ancre
arrime les chairs
la solidité d’un nœud lâche sur tes paupières

Impalpable
tu respires la lumière
Tu te figures qu’ il existe
Un coin ou ranger les stigmates
Reconstruire pour figurer plus loin
ton souvenir
Parcellaire
S’agit-il d’un surgissement
Dans le rang
Au creux du ventre germe le désir de connaitre
Comprendre

Un double seuil à saisir
Léger
Tu t’envoles et réconforte
Une porte
Une clef
Il te faut choisir une direction symbolique
Épaissir les angles
découper une fenêtre
redevenir enfant
Derrière
Tu trouveras

Elles te chuchotent l’idée
Les portes d’entrées
Dedans dehors
L’intérieur sécurise les uns blesse les autres
La contradiction cisaille
Tu voudrais autrement

Le mécanisme déclenche un son grinçant
comme un chant rayé
à l heure
Le retour chez soi
Derrière
On ne sait pas où l’on ne veut pas
Les fenêtre interchangeables s’ouvrent sur l’horizon
Tu n’as plus qu’à tendre
Franchir toutes ces portes inutiles

Tu ne t’en saisis pas

Angles droits, lisses, entourés de murs cercueils
Tu recherches le bancal
Est-tu sur tu pourras soutenir la banalité ?
La vitalité implose
Il est temps que tu acquiesces à la solitude d’un lieu

Des portes

1-
Sentence
Trois verrous
Derrière le carrelage est frais et sombre
Derrière
elle est enveloppe
Il est miel lascif

2-
Des portes rouges
trois fois un homme
laisser passer les camions.
Des portes qui claquent l’étendue grinçante.
Des roues, des outils, des machines de feu, de soins, de sérieux.
Un gyrophare tourne sa lumière bleue.

3-
Banalité de couloirs qui dirigent les pas
plusieurs portes tournent en rond
Un appartement s’étend cercle. Il distribue les espaces.
Chambres aux regards asservis
L’une d’elle apprivoisera le dégoût.
Nauséeuse.
La porte inerte sait.

4-
Une porte propriétaire
marron lazure avec une vitre
Une clef ordinaire. Peu solide.
Est-ce que si on lui donne un coup de pied, elle s’écroule ?
Une petite fille a peur. Les craintes des adultes débordent-elles ?
Des mots en V qui solutionneraient le désespoir.
Une porte solide accueillera l’antre à soi.
Elle veille

5-
Des portes de RER, des portes de métro, des portes de point X à E. Des portes qui bruits qui cheminent qui instinct qui attendent la foule et l’odeur.
Les corps collants qui scrutent qui fatiguent qui ailleurs. Rêvent.
Portes de ville qui transportent d’un point C a un point K.
Manque la surprise de l’arrivé. Manque la surprise d’un lieu carré.

6-
Une porte s’ouvre que tu n’atteins pas. La petite fille est tombée dans le trou. Entre le quai et le wagon. Elle est accrochée au bord. Et si personne n’appuie sur l’alarme ? Et si elle lâche ?
Si le métro redémarre, il te broie. Un bras une jambe. Petite fille avalée.
Puis une porte ferme la trachée. Les mots ne peuvent plus rire, ni souffler.

7-
Un portail est-ce une porte sélective ?
Parce qu’il faudrait commencer par le dehors.
Les terres possédées.
L’argile morcelée est propriété privée.
Pour fouler, traverser, jouir, tu dois demander.
Derrière un portail
je suis propriétaire d’un terrain découpé, cadastré, grillagé.
Les années grignotent les forêts.
Peut-on manger du béton ?
La boue pleure.

Epilogue

Des portes ironiques
T’observes
héroïque
Tu débordes le seuil
t’étires
hésites
Derrière
Une lutte contre l’écroulement de l’être.