autobiographies #14 fragments-images

Toutes les images disparaîtront

le bruit des sabots du cheval qui entre au galop sur la scène de la cour d’honneur du palais des papes dans le spectacle hamlet mis en scène par partice cherreau et joué entre autres par gérard desarthe, marthe keller, robin renucci, wladimir yordanoff, bernard ballet, le décor en bois est signé richard peduzzi
lundi midi, mon frère répète inlassablement cette phrase qu’il vient d’apprendre en cours d’anglais « going going gone solde to the lady in the corner for fifty three pounds »
impuissante devant cette panne d’ordinateur et la perte du texte tout juste achevé, 5 heures de travail disparues, terrassée
marie-pierre casey glisse sur le ventre, sur une longue table, elle tourne la tête vers la caméra, l’air étonné, avant de sortir de la pièce elle dit « et c’est tant mieux parce que j’frai pas ça tous les jours »
j’adorais quand il disait … je ne supporte plus quand il dit …
sous le regard photographique du père, l’air timide, tête légèrement baissée, regard par en-dessous comme si le soleil la gênait, sourire doux, adolescente en pull gris, foulard fluide autour du cou, en jean denim foncé et baskets adidas, elle pose à coté d’un grand tableau de l’école du titien, pourquoi? pour se rendre compte de la taille de ce dernier, pour faire la maille comme elle a entendu dire
mon premier baiser sur la bouche, avec toi que je n’ai pas encore rencontré.e, dont je ne connais même pas l’existence, encore moins le prénom ou le nom, es-tu jeune? vieux.ieille? as-tu mon âge? es-tu africain.e, asiatique, européen.e? je t’aime
j’entends encore, le phrasé si particulier de gérard desarthe quand presque il chante les monologues d’Hamlet et l’énergie folle qu’il met à proférer tous ces « pouah » de dégoût, qui ponctuaient la traduction d’yves bonnefoy, c’était en avignon 1988 et au théâtre nanterre les amandiers, saison 1988/1989
l’appartement de fonction au 1er étage de l’aile gauche de l’hôpital pasteur, service maternité
napoléon sur son cheval, dos droit, tenant les rennes dans la main gauche, bras droit levé et tendu, il pointe son index vers l’angleterre
le ciel dégoulinait en elle
lui, elle, coin du feu, chacun plongés dans un livre, dostoïevsky, kerouac, loin dans leurs imaginaires, si proches dans cette chaleur et cette concentration
ma nièce me pousse dans un fauteuil roulant, personne ne m’appellera ni mémère, ni mémé, ni mamie, personne ne m’a appelé maman
du coup, c’est grave chentmé, en fait t’assures, du coup tu l’as ken ou c’était trop pourrav comme plan? accouche va, la meuf bonne ou bof? raconte du coup.
la délicatesse du regard de benoît
à chaque fois, à chaque fête, avec le fil de fer qui entoure et retient le bouchon de champagne, il fait des chaises en miniature, parfois des fauteuils
premier dimanche de l’année, ils sont nombreux à surfer sous le ciel gris et lourd, j’en remarque un, il se distingue par sa vitesse, sa légèreté, l’agilité et la souplesse de son corps, je suis éblouie par le rythme qu’il donne aux vagues soudain l’une d’elles plus puissante brise l’harmonie, elle emporte la planche, il est projeté en l’air, qu’à cela ne tienne, il garde le tempo, et ponctue ce moment magique par un salto-avant, si naturel si évident, je crie, j’applaudis dans le vent

A propos de Cécile Bouillot

Bonjour je suis comédienne. Je développe également des projets vidéos dans lesquels je filme les gens autour d'une même question. J'écris des poèmes de rue a partir de phrases récoltées dans la rue, j'aime m'amuser avec différents jeux d'écriture, j'écris régulièrement depuis deux ans. Acte 2 Scène 2. Chaine Youtube : https://www.youtube.com/user/cecilebouillot