autobiographies #09 | paroles de la rue de Siam

Maintenant voilà ton corps allongé dans une flaque, ne marche plus fils du soleil, regarde comme je m’occupe de la mer, comme je m’occupe du sel, une à une les vagues s’extirpent de l’eau ronde, viennent nourrir le bitume, giclent sans couleur comme on voit dans le noir, personne ne viendra te ramasser, le corps plissé sous le suif avec la marche silencieuse du sommeil qui boit à même ta bouche, le sommeil boit boit et tire les pores de ton visage, les pores du granit au gris immuable, s’occupe des plaies trop vives, remue la bouche et les entrailles, la pluie long solo de guitare, brasier de vagues et de détresse rentrées en toi, ailes déployées dans ton angoisse qui s’occupe de la ville. Ici tout le monde écoute le hard rock et le jazz fusion, électriser le mal, lever grand vent, plein phare de l’ennui tatoué dans l’oreille, c’est le cycle toujours bas du soleil, celui qui manque aux yeux, quand on rêve de glisser sur la neige en broussaille, la pagaille de ce qui goutte par-dessus la mer, embruns flocons cristal humide, sourire gercé aux commissures de la vie, comme on marche par temps froid dans la solitude, le pas de chance et le pas de soleil, il va le revient du ressac revenu de la neige, sa blancheur horizontale tout par-dessus bord, avec ton corps plissé nourri de moi, levé de bouche et puis de pluie, comme on se frotte à l’abri des trottoirs, de tout ton ventre, tu t’occuperas de moi, pente et blancheur à goûter doux cet exil de ma langue.

A propos de Françoise Breton

aime enseigner, des lettres et du théâtre, en Seine-Saint-Denis, puis en Essonne, au Cada de Savigny, des errances au piano, si peu de temps pour écrire. Alors les trajets en RER (D, B, C...), l'atelier de François Bon, les rencontres, les revues, ont permis l'émergence de quelques recueils, nouvelles, poèmes. D'abord "Afghanes et autres récits", puis en revues "Le ventre et l'oreille", "Traversées", "Cabaret", "La Femelle du Requin"... Mais avant tout, vive le collectif ! Création avec mes anciens élèves d'Aulnay-Sous-Bois de la revue numérique Les Villes en Voix, qui accueille tous les textes reçus, photos, toiles...

4 commentaires à propos de “autobiographies #09 | paroles de la rue de Siam”

  1. Ici tout le monde
    écoute
    le hard rock
    et le jazz
    fusion
    électriser
    le mal
    […] c’est le cycle
    toujours bas
    du soleil,
    celui qui
    manque
    aux yeux,
    quand on
    rêve de
    glisser sur

    la neige
    en broussaille,

    la pagaille
    de ce qui …

    • Merci beaucoup Marie-Thérèse, ces petits fragments comme des sons à peine articulés, peine à dire, souffles coupés, où l’air pourtant circule entre les strophes, grand vent, à moins que ce ne soit les rigoles, le bord des trottoirs, auxquels on se tient, on s’accroche, cela fait plaisir, cela fait se relever

  2. C’est un beau texte à dire. Je le lis pour moi, et je sens les mots qui veulent être dit, c’est la force de la poésie qui pousse vers le dire.