CARNET |Annick Nay | #32 NOS MORTS

Eglise pleine à craquer. Sur le parvis, ceux qui n’ont pu entrer. L’odeur de l’encens, écœurante.  Ou parfois juste un cimetière. A l’air libre. Et sensation de « décalé ». Être à coté, pas avec. Être ici, et en même temps ailleurs… Une présence difractée.  Des regards aussi. Baisser les yeux, n’en rien voir. Des larmes aussi. Se souvenir des larmes. Se souvenir de ce qui a été dit, des non-dits, de ce qu’elle aurait voulu dire… Le manque, l’absence qui saisit . La mémoire semble s’effilocher puis revient, par surprise, étonnamment précise, au détour d’un rêve, d’une sensation, d’une impression de déjà-vu…  Se surprend quelquefois à faire la revue de ses morts , tous différents. Ne se connaissaient pas pour la plupart. Mais ils sont là, tous, dans sa vie. « Trop jeune pour partir », a-t-elle entendu. Ou bien « a fait son temps ». Des ruptures de vivants qui abolissent sa propre perception du temps, catapultent chronologie et biographies, et ne plus vraiment savoir … Des temporalités différentes. Le temps flou apaise. Hier, aujourd’hui, demain, là ou ailleurs… Ne plus savoir… la nostalgie renoue avec le présent…

A propos de Annick Nay

Des bords de Loire aux bords de Seine, Annick Nay vit actuellement à Paris. A toujours aimé écrire au gré des saisons et de ses pérégrinations … ECRIRE quelquefois, souvent, pas du tout ECRIRE inspirée, aspirée par une urgence ECRIRE des brèves, des textes longs, (soupir), comment savoir ? ECRIRE quand l’écriture fuit ECRIRE au rythme de ses insomnies ECRIRE explorer , persévérer ( se dit-elle)