#compiles #05/40 | ciels du lundi

Un tableau gris s’étire au-dessus des immeubles, il n’y a pas de bruit mais un sentiment de danger m’habite. À chaque fenêtre, un monde unique se développe. La ville fatiguée caresse nos rêves impossibles. YSO.

Bien sûr Baudelaire, ciel bas et lourd mais son copain Poe a dû se promener sous un ciel comme celui-ci, bleu si bleu, haut léger, de bord de mer Cape May, Chincoteague écran bleu, film dont les acteurs sont étourneaux immobiles sur le fil, nuages alignés qui font chapeau au centre commercial, à la station d’essence Liberty, à l’église de briques rouges, au parking en construction. Qui sait ce qui se passe derrière les troncs gris et les branches dénudées des liquidambars qui soudain m’éloignent du bleu, couvercle presque. BD.

Voyais-tu le ciel à travers les vitres de ta fenêtre avant de nous quitter ? Ici maintenant il ressemble à une plage échouée, à un lac au milieu des nuages. Là où tu es, est-ce qu’il y a des oiseaux qui s’abreuvent à la pluie des étoiles filantes. MM.

14/11/2022
Réveil 3h45
#5 ciel de lundi
1er ciel: aucune lumière de ville, brume, j’ai oublié de saluer la lune 
qui est, pour l’heure, derrière la maison et ma tête. Mais aussi 
répandue en voile insaisissable par quelques technologies que ce soit 
autre que mes Zyeux virgule zéro zéro deux. Ou en tout cas à ma portée 
immédiate, apparemment.
A(H)M

L’employé qui regarde le ciel durant ses heures de travail est en quelque sorte payé pour cela. L’indépendant qui fait de même perd de l’argent quand il lève les yeux. Lorsqu’il meurt, le poète finit comme il a vécu : dévoré par les vers. En attendant ce jour, sachez que j’ai été payé pour l’écriture de ces lignes et si vous êtes indépendant, retournez nourrir l’économie plutôt que de lire ceci ! JT.

Plus clair que la ligne sombre et irrégulière des toits le ciel s’allume comme un écran à la traîne. Lisse, uniforme, irréprochable. Trop bleu pour être honnête. Comment ne pas penser aux fonds verts utilisés pour les montages vidéo ? Pour seules aspérités dix trainées blanches : les griffes du Transit des Marchandises. Et cet objet inattendu prenant de l’altitude ; montgolfière en plus petit, sans nacelle, avec un fil qui pendouille. Un ballon à l’hélium échappé de la foire ? FL.

trop long à attendre pour voir le profond du ciel
nuages montés de la mer jusqu’à heurter les
hauts versants
soudain là, accumulés dans tous les interstices
plus de couleurs, espèce de plomb durci
dominant la terre l’immobilisant l’ensevelissant 
ton corps tapi au profond du labyrinthe des
cosmos devenu invisible
FR.

Ciel, suie silencieuse. RBV.

La voûte jaunâtre inspirée du crépi des maisons puis perce un grand rayon qui ne dure pas cieux d’ocres clairs atténués. Soleil intermittent juste derrière la bouloche des nuages. Temps jaune ciel compact colle des écharpes aux monts environnants. Plus rien ne se troue pour le moment le vent n’est pas d’altitude. Ça va aller vers le gris au fil des heures. Un jeu de masses en lutte lente mène aux précipitations quand le soleil sera éclipsé pour de bon. Ailleurs pas loin il peut faire beau dans ce cloître de montagnes. Toujours une trouée dans le cirque qui déplace un fragment de bleu. Étrange pays. PhB.

… qu’est-ce qu’il reste des ciels à travers la langue … qu’est-ce que nous voyons de commun dans un bout de ciel… qu’est-ce qu’il reste du ciel les yeux fermés…. juste faire attention quand on marche dans ses flaques… plus simplement, the sky holes que découpent les branches les pare-brise … cela suffit… XGu.

Nuit non noire, entre anthracite et ardoise, bleu de minuit et bleu charron marbré d’étain pur. Et deux points lumineux comme des yeux perdus.
Quand l’argent chasse le plomb, bruisse le murmure pastel du ciel de l’aube comme un regard abstrait .
Dans le début du matin, le ciel encore bas cisaille les nuages avant de les déchirer et de percer. Mais les nuages l’enfarinent bientôt à grands coups d’épais gris.
De l’indicible ciel, d’ici ou de là, que dire d’autre si ce n’est qu’il échappe.
PhL

Dans l’encadrement de la fenêtre de la chambre, le premier ciel de la semaine. Une ouverture après l’enfermement de la nuit, volets clos et la rupture avec le dehors. Comme un saut inattendu dans une toile de Magritte. L’insoutenable pesanteur du corps quand le regard capte une telle image. La pluie ensuite et l’effacement des nuages sur l’ardoise céleste. Commence l’attente de tableaux renouvelés. AB.

Ce matin le jour se lève sous un ciel sans espoir | un ciel gris d’enfermement | gris de métal terne | ciel creux sans aspérités sans forme | ciel qui étouffe qui éteint la joie qui anéantit | pas de moutons blancs qui s’emballent sous le vent ni de lueurs dorées de lever du soleil | pas de bleu joie de mauve tendre de rouge feu de noir d’orage | même pas de traînées de suie d’étincelles de neige de vent de sable blond | ni forme ni couleur rien qui accroche l’œil et l’âme | ce matin je suis perdue. MEs.

La silhouette massive du ciel se tenait là devant la maison, l’arbre aussi était comme une forme massive et compacte avec son manteau de feuilles sombres, ça lui donnait un aspect inquiétant, plus vraiment bleu ce ciel, avec tous ces nuages et puis les mouches aussi qui m’incommodaient de leurs bourdonnements incessants, je ne les voyais pas mais elles tourbillonnaient dans l’air nervuré, telle une fine mousseline mouchetée de fange, alors j’ai dit à Maps que si il était encore là, on en aurait fait une sacrée de fête sous ce ciel d’automne, et peut-être même que les copains du rugby nous auraient rejoints à la maison, comme au bon vieux temps, quand on buvait de la gnôle du père Zizère tous ensemble, et on qu’on ne dessoûlait pas avant le soir suivant, tellement qu’on en avait bu après le match. Et puis le soleil a continué de monter, alors j’ai dit à Maps qu’on devrait tous lever les yeux au ciel au moins une fois pour savoir de quoi on parle, quand on parle du bon vieux temps. CamB.

sans agitation les nuages ne montrent aucun signe d’animosité
sont d’immobiles argiles souples légères d’une clarté ambiguë
flottent en nappes déshabitées dans ce premier bain du jour
d’un gris de poussière pâli et confus comme brouillé
rien ne suinte rien ne perle ne déteint dans le silence
rien ne menace la contention du ciel en suspens
PV

22h Le ciel est de frigo fermé. Son entière matité, la clim du voisin bourdonnant dessous, tourne dedans, comme la pale dans la sorbetière — je freeze. Je prends. Le ciel est d’un frigo fermé sur moi.
6h Les rues tout autour s’allument — Qui a mis de l’orange givrée dans le bac de sorbet myrtille ?
7h Faire de l’air dans la chambre — Quel jour le ciel sera-t-il de lit ouvert ?
8h Le ciel passé blanc. D’un blanc de frigo ou cette fois de fourgon.
9h Dans l’huître ou Chambre froide
10h Le même avec le blanc qui presse sur les paupières ;
les chambres froides communicantes les unes avec toutes les autres, bouffées de l’air ;
des sueurs en suspensions froides qui viennent à toucher les fronts.
11h Guère plus bas et blanc que ce ciel qui vient traîner comme un fantôme parmi nous.
— Et c’est de l’écrire seulement qu’il est tel
CT.

Tectonique des nuées. Noir Soulages glissant vers un lent ciel moucheté          glissant vers une incision d’or s’obstinant entre les boursouflures      on chercherait l’horizon. MACM

Si quelques arbres de la cité n’étaient pas là pour le désigner, l’épingler, le retenir, le ciel passerait inaperçu. Par la fenêtre : écran de fumée immobile, gris blanc d’une absence. Rien ne dit que le ciel éblouissant d’avant reviendra. Pas de marée pour dicter au ciel la conduite du jour, les miroitements des nuages sur le sable dont l’eau ne s’est pas tout-à-fait retirée ; pas l’impression d’être dans un tableau où tout est célébration de l’encre et de l’aquarelle. Pas la certitude qui traversait il y a peu : tu marches dans le reflet du ciel, il est là de nouveau. Une évidence alors, dans la fusion des espaces parcourus. Là non. Pourtant, dans le temps de la note, l’imperceptible déchirure voit le jour et une trace bleue fait signe aujourd’hui. ChE.

Un carré blanc sur pourtour blanc. Ce matin la découpe, l’ouverture du Velux sur le mur se détachent à peine. Ciel opaque, cotonneux, farineux. Du brouillard encore. Aucune lumière franche. Ça fait écran. Ça me renvoie à moi. Envie de me replonger dans les draps, eux aussi blancs. Ce trop de blancs manque de légèreté, de nuances, de nuages plume effilés dans un ciel bleu ciel. Y a-t-il vraiment un soleil derrière ce ciel ? PS.

au petit matin — le ciel d’une myope sans lunettes — une cavité bleue où prendre le temps du réveil — plus tard le ciel buvardé de Bergounioux où éponger les songes — un peu après un ciel décoloré et matelassé de tendresse — un peu plus tard encore disparition du bleu — mais où est-il allé — disparaître alors en soi — puis sortir et ne voir dans la flaque qu’une congestion de gris — chercher des couleurs dans les arbres — ou dans le bras d’une femme levant une lampe pour libérer un arc de feu à l’horizon — SV.

plafond cotonneux en teintes de blancs et de gris avec, à l’ouest, une timide touche de bleu clair dans un accroc du manteau | ciel blanc sale et immobile sans beaucoup de traces, quelques coups de pinceaux au-dessus de ma tête | plus de gris et moins de blanc, inerte, mort, de froid en larmes | ciel mal lavé, ciel de lundi | du coton jusque dans mes yeux, jusque dans ma tête | triste | JLC.

On voit clair ce matin ; brouillard des derniers jours envolé, à l’Est du bleu et des nuages encore rosés, à l’Ouest la chape prometteuse de pluie, qui chapeaute la montagne et sa croix gigantesque accrochée là, tout au bord de la falaise, dont on connaît le point de vue sublime sur le lac – pas vu depuis longtemps d’ailleurs, y retourner bientôt, y emmener H. – Bulletin météo à portée de fenêtre ouverte, chassant les bribes du rêve presque déjà oublié. BF.

Sans brume et sans obstacles nous prenions la route à contresens de la joie, les yeux brillaient d’alarmes et de seigle comme allons-nous faire, pour ne plus chanter ce jour. Et puis les gens se sont arrêtés sur le bas-côté, prendre un café, échanger des visages qui ne se connaissaient pas et les nuages préparaient des cafouillages intenses, irruptions chamailles, parce que les camionneurs avaient décidé de faire grève, tout le périphérique était à l’arrêt, on n’avait jamais été aussi inertes et dans le ciel les nuages préparaient leur fête de grisailles. On les bénissait des yeux. FBr.

ciel de nuit lumineux, au réveil ciel brouillé, je n’ai pas eu le temps de me retourner, ciel bouché et nuages indistincts, ciel étroit suit le couloir des rues, ciel couvert, ciel gris et lisse cache les montagnes, ciel opaque, ciel humide sous la peau, ciel ruisselant fait de longues traînées sur la vitre, ciel au pieds mouillés CdeC.

Éclatement! J’ai les yeux rivés sur la courbe de la route, je maintiens le volant sur un asphalte que je sais, à cet endroit, dangereusement bombé. Mon fils a eu, ici, il y a longtemps, mais le souvenir en est encore vivace, un accident qui a failli lui coûter la vie. Je prends la courbe et stabilise la voiture. C’est terminé, plus de danger, la route entame sa pente douce et droite. Je relâche la pression de mes muscles et de mes mains sur le volant ce qui entraîne aussi un relâchement de vigilance mentale et me rends disponible à autre chose qu’à la circulation. C’est là que je pense à la consigne de l’atelier et lève les yeux pour la première fois, sur les cinq que comptera ce jour. Le ciel au dessus de moi surgit comme un mur en plein processus de fracturation, à travers lequel perce la lumière. La couche nuageuse du matin se disloque, comme brisée en milliers d’éclats par une force qu’on sent mais ne voit pas, laissant apparaître un soleil puissant, aveuglant. J’assiste à un moment suspendu. L’éclatement se déroule sur une échelle tellement vaste qu’il en paraît immobile. Les aurores boréales font le même effet : on sait qu’elles bougent mais on ne perçoit pas le déroulé du déplacement, on est juste témoin de ses phases successives. Je conduis et, de ce fait, mon attention doit revenir très vite à la route. Avant, je prends une photo. Ma perception de ce ciel n’a duré qu’un instant mais son effet est celui d’un shoot. L’immensité du monde s’est engouffrée dans ma tête et dans mes poumons. LP.

Ciel de moral morose.
Bouché, gris, lourd, sombre, un couvercle sur une marmite de soupe froide
JD.

Jour triste de pluie, on donne aux ciels des prénoms.
Huit heures : Jean-Paul, un ciel gris clair, nu, à vaguelettes plus sombres, attend la pluie.
Neuf heures quarante-cinq : Jean-Dominique, ciel gris sel, mou, à grosses moustaches poivre, crache une pluie bien liquide.
Dix heures quarante : Jean-François, ciel qui tonne au cœur, l’éclair me sursaute.
Onze heures trente : Jean-Jacques, ciel ardoise assis sur un ciel laiteux. Air calme, pacifique. 

Treize heures : Jean-Pascal, un ciel gris opaque, ses yeux bleus fermés, on dirait pour toujours, et à peine trois reflets des lumières du salon dans la vitre, lui donner meilleure mine.
Je pars travailler. Quelqu’un pour déboucher le monde ?  
JCo.

Ciel ma non troppo. Écharpe échappée des gouttières qui hier débordaient. Pastel qui grumelle. Et puis le puits qui aspire à l’infini jusqu’au noir mangeur d’étoiles. Ce vélum qui nous voile sent-il le poids de la pesanteur qui tient debout nos murs porteurs ? LL.

Ciel blanc, laiteux. Nouvelle page blanche à écrire. Ciel translucide qui aveugle. Plusieurs couches de nuages superposés. L’air est doux. Pas de risque de neige. C’est pourtant un ciel à flocons. Le vent finit par se lever. Le tissu blanc des nuages s’effiloche pelucheux laissant apparaître le bleu pâle du ciel par trouées successives qui s’accélèrent soudain. Une lumière dense souligne par intermittence le paysage, des ombres se dessinent avant de s’effacer. Le voile se lève lentement. Dans le ciel uniformément bleu désormais le blanc du matin se maintient. PM.

Ciel. L’arracher en lambeaux au fil de la journée. Petit matin du noir au gris brumeux, encore opaque, le ciel ne dévoile rien de la journée qui vient. Le gris passe de foncé à clair. Sans relief aucun. Lentement. Le soleil ne percera qu’après-midi. Pour enfin dessiner des ombres. SeB.

Au début, rien à attraper du regard dans le grand drap gris clair tendu bas aux coins de tous les toits de Paris, et puis l’œil finit par accrocher au-dessus des cheminées quelques volutes de coton blanc qui s’échappent et semblent nourrir le grand uniforme sale du ciel de ce lundi, bientôt percé de toutes parts dans une éclatante inversion, négatif avant révélation. TD.

Ils passent, des augures  – /ils disent la bonne aventure, pour des piments
et du vin doux/
 PCH

Neige salie ourlée par le Jura. AD.

Couverture nuageuse
Édredon de doutes
Lourd
Trouée guettée
bleu délavé
L’oeil cherche la bouche ouverte
dans le
cieux gris moutonneux
Bouche pincée
Au loin une rangée de dents blanches
rigole
Éclaircie !
MC.

… puisque dans ce matin la ligne de partage du ciel repose sur le toit… à l’ouest son plomb à l’est son lait. Au ras de la fenêtre les longues portées hachurées de dièses vides et aplatis. Fileuses de voix muettes et d’électrique. (Chaque plume depuis longtemps effacée – un chant aurait pourtant égayé l’air redevenu presque immobile.) Puis rognures éparpillées comme ces débris flottant sur la vapeur sale d’une gomme (les os d’une phrase consumée.) Puis traversée en oblique lente : le rectangle du Velux, la massue blanchie d’un crâne railleur sur le ressort de trois cervicales. Puis le bleu provisoire et uniforme… Feuilleté le bouquin de l’étagère : Le Livre des ciels de Leslie Kaplan. En haut de la page une petite cérémonie de nuages gris : « l’air s’ouvre et se referme. Le ciel balance écartelé.» JdeT.

J’ai découvert les ciels avec la photographie. Ciels d’avant n’avaient pas ce concret de lumière, cette réalité tangible, nuages ou pas. Non plus évanescences, passages, supports de rêveries mais problèmes techniques. Certains jours, impossibles à saisir avec le capteur du Nikon qui grille les ciels clairs les bousille en uni crayeux écrasant le monde. Ciel d’acide. Mais les trucs pour réussir tout de même, les réglages, les manips, la joie quand ça y est c’est dans la boîte le beau ciel à poètes. JK.

Les nuages habitent le ciel. Les nuages sont d’humeur variable et de formes changeantes : en flocons, en filaments, en masse compacte et sombre, en longues trainées lumineuses, en bande, en solo, imprévisibles toujours… Mais combien sont-ils ? Le ciel parfois proteste, occupation illicite. Alors les nuages grondent, noircissent, envoient quelques éclairs, inondent un peu ici et là.  Puis le calme revient. Et la terre, fatiguée, rumine son désarroi. Et Boudin peut reprendre son activité. AN.

1:00h le ciel n’a rien à dire, tendu comme une toile bleu jean, plat sur la lumière des réverbères. Rien. un ciel plat denim délavé.
9:47 le ciel encore ne dit rien de ce blanc sale parisien que les antennes et les cheminées piquent. Un oiseau passe au plus vite, le ciel ne lui dit rien non plus.
12:43 Il reprend vie. Vapeurs nuageuses dans son bleu. Deux avions tracent en lenteur des rainures blanches comme la queue d’étoiles filantes.
CP

Et si le ciel n’existait pas ?
Je l’ai cru noir. Il était bleu.
Je l’ai cru vide. Il était plein.
Essentiel et sans ciel,
Il ment comme un amant qui se défile.
À l’instant présent mais vite passé.
Comme le bourreau d’un cœur à pendre.
S.L.

Dans la loge des heures qui passent le ciel communique avec la mer, les nuances de son propos sont visibles dans les variations de couleurs. Ce matin, à l’aube il était lourd uniforme peu à peu il s’est drapé de nuages gris transparents s’agrandissant sans cesse, avec une lumière d’un blanc étrange sur la colline et un éclaircissement à traîne au-dessus de la mer. À l’instant entre ses plis gris noir, des filets bleu pâle s’insinuent hésitants tels des poissons volants voulant rejoindre la mer. Découpé par les arbres, les immeubles, frise hantée par la métamorphose il résiste à coups de mots inaudibles et se marie avec la mer. HA.

Bleu cobalt dans cet entre-deux nuit – jour, on ne sait s’il est couvert ou dégagé, pareil pour mes pensées ou plutôt la tête qui les génère, lui il s’est dégagé, l’azur a pris le relais pour quelques heures avant de se laisser imperceptiblement envahir par une couche blanc sale, un ciel qu’on ne pourrait dire chagrin, un ciel nébuleux sans doute, livide, brouillé, mais certainement pas un grand ciel qui nous fera rêver d’éternité comme a dit Baudelaire, encore moins un ciel où laisser s’évaporer nos soucis. CK.

Le ciel est gris, bleu, presque uni, mais à son bord, près de l’horizon, il est bordé de deux traits : un trait rose orangé, sous lequel un autre trait d’argent lumineux donne un peu d’espoir. Avec les minutes l’espoir gagne la partie. (Ma fenêtre 8:00)
Le plafond gris et épais est au-dessus de nous, on devine au loin des pans de rideau qui tombent au sol. Je ne sais pas si c’est de la pluie, ou des nuages d’insectes, je sais juste que je préfère ne pas être là-bas. (Ma voiture 09 :00)
Les nuages se déplacent, ils retrouvent une blancheur innocente, le fond du ciel est bleu, mais d’un bleu un peu sale. (Ma fenêtre 12:00)
La saleté a gagné, malgré quelques éclaircies trompeuses. (Ma fenêtre 12:30)
Le soleil est apparu, maintenant il lutte, le vent pousse les nuages, il ne sait pas encore, s’il est son allié ou son ennemi, la lutte ne fait que continuer. (Ma fenêtre 14:15)
LS.

ciel ignoré, le regard se cogne contre le reste du rêve qui s’éloigne dans le vide, trop d’angoisse pour voir quoi que ce soit, les nuages défilent comme un film en accéléré, le ciel semble pressé, soleil pudique caché derrière la tour, entre deux rideaux, après la pluie, l’éclaircie blanche rappelle la lumière d’hiver en France, aboiements, klaxons, cris, constellations de lampadaires, la ville grouille, vocifère, le ciel lui, presque pourpre, sobre et calme avant la nuit, la nuit sans étoiles, nuit noire criblée de plaies, l’insomnie commence. AnM.

Brouillard depuis ce matin. Constatation que le ciel ne me manque pas. JCB.

Une nappe de brume, comme sur une prune tout juste cueillie de l’arbre où les dents n’ont pas mordu. L’heure perd ses contours, s’étire, rien ne commence, rien ne finit, les toits de zinc n’ont plus de bords, le pigeon perché a une rondeur de cheminée. Les choses flottent. Rêves en allés dans le jour qui traîne. Echarpe dans le vent. Suis en voyage. AM.  

Rouler, vite, ne pas être en retard, chercher les ciels à capturer, oui quelques vues mais gris assez uniforme et pas le temps de s’arrêter, et puis la vitre de la voiture est trop sale pour photographier à travers. Attendre le ciel de midi, là ça sera le bon ! Nouvel échec, papiers à renvoyer de toute urgence-Tu crois pas que tes ciels peuvent attendre non ? La fatigue vole le ciel trois : sieste. Heureusement, une notification signale qu’A. a changé sa photo de couverture- coup de bol, c’est un ciel tout en nuances, un de ceux qui m’ont échappé aujourd’hui. MCG.

Par-delà un couvercle gris et moutonneux, la clarté rayonnant à l’est depuis les Alpes cherche à percer. Toute la journée, le ciel à deux niveaux rend son bleu inaccessible. La chape nuageuse a du mal à lâcher du lest. Une lumière lourde et jaune s’écrase sur l’herbe épaisse. L’écriture du ciel est aussi énigmatique que les marquages au sol. CeM.

Du ciel :
En fermant les volets, avec ce dernier coup d’œil aux étoiles, à la nuit noire. Le faux jour de la lune hier soir. Et si c’était le bruit que ça fait qui m’arrêtait, que je recherchais en levant les yeux sur je ne sais quelle étoile brillante, là-bas, au-dessus des arbres, des ombres flottantes.
Où commence le ciel ? — Au pied du mur. — Et ce matin, fraicheur en bleu et nuages gris nimbés de rose.
Midi. Pluie à verse. Le jour a l’air de tomber. — Météo France : deux nuages gris clair à traits bleus et blancs, pluies éparses, 15°.
Le ciel à barreaux rouges au travail, dans la structure.
WL.

14h30 : lieu : salle de réveil, ordinateur de droite, celui de gauche reste la chasse gardée des infirmières de réveil : Big brother me rassure : quelque part, là-haut, au-dessus des nuages… le dieu des lundis au soleil existe vraiment ! GQ.

Ciel  de l’aube, encore bleu nuit, quelques trouées de clarté.
Très rares nuages blanc transparent bleu vif ciel d’Afrique.
Ciel brûlant, soleil blanc, recherche de l’ombre.
Ciel venté sur les bâtiments jaune vif,  des palmiers se découpent.
Absence  de ciel, le plafond préfabriqué, les constructions, par les fenêtres, empêchent.
VP.

7h47, ciel caché par un brouillard cotonneux et ouaté, ciel que l’on ne peut deviner, ni lueur, ni horizon, dessinées en ombre, les branches des arbres. Nos têtes dans les nuages, plus de frontière, plus de ligne, seules quelques fenêtres éclairées nous ramènent les pieds sur terre. 9h00, le ciel n’a pas bougé mais les couleurs des feuilles d’automne sont visibles. Ça et là, un toit qui se réveille. 12h00, le brouillard a disparu mais la grisaille est restée et le ciel semble s’être éteint.14h00, un rayon de lumière éclaire brusquement le gris du ciel en bleu et le jaune des feuilles s’illumine d’éclat doré.15h00, le ciel n’a pas résisté, il se recouvre de son voile grisâtre, les nuages flottent si lentement qu’on les croirait immobiles. L’automne vient de tomber. CM.

#05 | Je n’ai jamais oublié le jour de la renaissance de J. – provisoire, je l’ai appris plus tard, mais je savais désormais comment la faire renaître.
Un lundi. Le ciel était gris morne – mort-né ? – froid. Revenue à elle – et à moi – il a changé pour se teinter du même bleu lumineux que celui des yeux de J. 
J’y ai vu un signe. De l’espoir. 
ChG

Lundi éteint 
Il pleut des cendres 
Le bleu viendra de l’ouest poussé par le vent 
(les phrases de mots sable assument que les marées déchirent les nuages un court instant, puis les reprisent) 
Si c’était une photo, ce serait un négatif 
FG

Ciel épais et gorgé d’eau. Camaïeu gris et blanc. Taches de soleil. A l’ouest ça s’apaise c’est bleu matin. EM.

7h20 : un fleuve de lumière laiteuse travers une marée basse grise.
8h : les avions sont passés, leur traîne fait croire que leurs vols brillent…
11h : comme ce gris va bien avec le parfum des épandages d’automne !
15h : le gris est passé devant les feuilles : il pleut.
PhS.

Au matin, un plafond de brouillard blanc assez transparent pour que je distingue l’ombre d’un oiseau qui le traverse, je roule dans une nappe cotonneuse. Le blanc se trouble, blafard et jaune, peut-être du soleil derrière, ça change très vite, le tapis uniforme se transforme en nuages distincts, des formes rondes, étirées, mousseuses ou compactes, devant moi une trouée de lumière, le rond lumineux du soleil voilé qui traverse les couches et dans le rétroviseur une lointaine mer grise. Vitre gauche, les nuages défilent rapidement à ma rencontre et s’éloignent, se délitent en filaments et devant moi, sur fond bleu, une barrière de petits moutons fixes et blancs sur laquelle glissent les fumées de nuages. Grand soleil à midi. IsC.

‌ciel aux nuages qui avancent lents au-dessus du lotissement, semblent s’assembler quand les feuilles à peine mises en mouvement : c’est si loin ce qui se passe
ciel derrière la vitre, quadrillé des montants de la fenêtre et des fils téléphoniques, un oiseau seul le traverse
ciel : y chercher quelle beauté sortie de l’abîme ?
ciel, étendue presque sans nuages, quelques résidus, ardoise magique où effacer tes phrases de sable
impermanence, ciel brouillé, triste et beau, et comme le temps qui s’étire, ralentit
mb
D’abord, une nappe blafarde couvrant à moitié le ciel encore obscur, se transforme en nappe grise ruisselante d’humidité, fumée brumeuse s’élevant de la masse verte des arbres. Les oiseaux fendent l’air en lenteur. Peu à peu, les nuages montent, encore compacts au sud, liquides à l’ouest, prennent une couleur orangée, là où la lumière essaye de les percer. Hésitent entre se regrouper en brouillard ou se détendre en clarté. HB. 

Le ciel est éclairé par les obus des boches.
Blanc, dense, épais, peu lumineux, comme les façades sales des immeubles.
Les ciels, les ciels pourquoi tu me parles des ciels ? D’abord on ne dit pas ciels on dit cieux, notre père qui êtes aux cieux.
Tiens du bleu s’est mélangé au blanc.
Du train lancé à vive allure la campagne défile, le ciel couleur éléphant, bouge à peine. CB

un ciel blanc depuis le matin. Un ciel blanc cette nuit avec une lune pleine qui a laissé un halo lumineux dans la chambre. Les nuages moutonnent et les avions laissent de grandes traînées blanches de kérosène dans ce couloir aérien où ils défilent à un quart d’heure de distance. Nuages blancs, grandes traînées blanches cotonneuses et une luminosité qui éclaire la pelouse du jardin. Les oiseaux vont et viennent. EV.

8h Regarder le ciel, l’entendre, gouttes d’eau tapotant les Velux.
Jour de ciel gris automnal. « Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle. » Baudelaire et son spleen. Nuages fondus, blancheur laiteuse.
Surgit Nantes, ciel plombé, Barbara. «On peut allumer la lumière madame ?»
11h La pluie a cessé. Crêtes de cumulus blancs surplombant la futaie en contrebas. Au- dessus de cette blancheur, des nuages semblables à gris panaches de fumée glissent à pas feutrés.
14 h Cligner des yeux. Soleil blanc, effilochages bleus. 
Comme souvent, l’imaginer, elle, la disparue, parcelle d’univers, vagabonde parmi « les merveilleux nuages ».
CG

Ciel de 15h43 à travers la fenêtre. Je n’ai pas relevé le volet jusqu’au bout. Je ne vois qu’une masse uniforme traversée par deux câbles électriques. Cinq ciels dans cette voûte de brouillard, c’est compliqué. Sortir du jugement d’un ciel sans nuance, du moche, du froid, du banal, c’est compliqué. Ne pas aimer un ciel, pire y être indifférent. Ne pas l’avoir regardé si la consigne ne le demandait pas. J’aurais gagné ça au moins aujourd’hui : poser un regard sur une grisaille qui d’ordinaire m’aurait échappé. IsB

Pour me parler, au pâturage du ciel, il fait aller ses nuages et je l’entends comme d’autres voient, à travers un coton qu’on déchire. CaB

Des épaisseurs moelleuses et des gris, des volutes savantes et des gris reflétant rosée, des écharpes flegmatiques et des gris bleutés, des masses fabuleuses et des touches flocons blancs, des recouvrements estompés et des longues traces nacrées, des gris de peyne et gris perle, gris argent et gris tourterelle, gris souris et gris acier, dans l’arrière-saison douce, ni gris anthracite ni gris taupe. CS.

Une nuit d’été silencieuse le ciel parlait de choses muettes avec les nuages, la voie lactée étincelait, comme cette aurore boréale où, au bord des sphères étoilées, ce pianiste, recouvert d’un manteau très chaud jouait au piano cette musique limpide, la même que celle qui aujourd’hui renverse mon cœur au souvenir de cette beauté perdue. SW.

Quatre ciels du matin. 1. Deux fois, sur l’horizon et à peine plus haut, la pâleur du matin est striée de bandes un peu plus grises et qui s’effilochent. Les stries noires des fils électriques sont aussi immobiles que le ciel. 2. Une phrase pourrait-elle pommeler le ciel ? 3. Ce n’est pas qu’un aplat laiteux et lumineux. Quelques traces filandreuses y nagent, plus grises que le gris. 4. Toujours pareil. LH.

1h30, nuit d’un ciel de ville sur des fenêtres éteintes, une seule éclairée sur la droite (ouverte aussi). 7h14, ciel infiniment gris, entre loup et chien. 8h00, ciel pulvérisé, brume dense comme un voile sur toits et cheminées. 9h31, je m’arrête un instant pour regarder le ciel, étale, uniformément blanc. 14h04, du bleu, de la lumière, le soleil sur les feuilles jaunes que le vent détache. 16h09, des nuages sombres, des trouées blanches, je quitte la lumière bleue de l’écran pour les mouvements du ciel. MuB.

7h03.C’est un ciel bleu dragée, un imprimé de gros oiseaux en file indienne, nuages ou morceaux déchirés de la nuit.
7h44.Aplat de rose au-dessus des thuyas, on dirait une soucoupe volante, ou plutôt une assiette contenant un hamburger :une cuisse de flamant rose entre deux demis buns d’un pain bleu fumée.
9h48.Direction boulot , et pas bien en avance, quai Paul Bert levée de Loire /The logical song /Supertramp à fond dans la voiture / I said, now, whatch what you say, they’ll be calling you a radical…a liberal, intellectual, cynical / Please Tell me who I am, Who I am, who I am , who I am… Wizz juste au moment de la montée vers le pont Mirabeau , Oooooh Woop woop yeapy yep… looping d’étourneaux se retournant en boucle. Ai-je rêvé ou le ciel a prié ?
SMR 

ciel limpide- stop- couleur claire- stop- nuages bas- stop- sans risque de pluie- stop. IG. 

Scrutation des entrelacs de fils blancs, galaxies tubulaires, fugaces éclairs d’argent. Divagations paréidoliques. Yeux qui roulent dans leurs orbites, éblouis par les rayons ardents de quatre soleils froids. Et la petite musique métallique qui sort du trou noir béant profondément intime : pas de souci, mis à part une carie. ASD

Le ciel en lutte calme avant de venir à la nuit sur le fleuve dimanche | « la nuit toute ouverte pleine d’étoiles silencieuses » chez Fred Griot (« enfin tu regardes l’herbe » chez publie.net), ne sais ce qu’il est au dessus de ma cour | poussant les volets bleus son indécision en blanc bleuté | sur les échafaudages et le matin un ciel blanc mort | boursoufflures grises s’ouvrant sur quelques gouttes ternes, me manque l’azur à mine de plomb de Ponge (la Mounine) BC.

De traîne ou craquelé et échoué là-haut comme en bas les vagues, le ciel de ce lundi, et qu’il venait lui aussi de la mer, c’était là ce qui en révélait tout à coup le mystère : qu’un ciel est en miroir de la terre comme en tache de Rorschach ; mais cela n’explique pas pourquoi intérieurement, l’énigme du ciel est tout entier aussi dans l’anacrouse de ce poème de Rimbaud ouvert — comme on éventre un corps — par ce pluriel considérable, « Ciels de cristal », qui dit brutalement que tout ceci n’est que dessus de tableau, ciels et non cieux, toile de vieux Maître au coup de pinceau sans cesse réinventé ; charge à soi d’en prendre la mesure et d’en faire l’art poétique de nos jours, chaque jour. ArM.

Bleu à 8h12 tu ricoches sur le blanc du mur d’en face et tu lis avec moi La Maison des feuilles. Bleu à 10h08 tu emplis l’espace entre les maisons et tu contre-jour avec moi une mésange affamée. Bleu à 12h25 tu inondes le roulis du quartier et tu colores avec moi les traînées d’avions. Bleu à 14h51 tu n’abandonnes aucun recoin et tu écoutes avec moi les chamailleries des oiseaux. Bleu à 16h14 tu résistes au soir qui piaffe et tu dédicaces avec moi une journée exemplaire. ClE.

Le brouillard s’appesantît sur la ville encore endormie. 
Je me fraie un chemin dans le nuage humide et froid descendu sur la banlieue, le ciel au corps. 
Ciel opaque du milieu de la journée, dans l’attente d’une ouverture. 
Rideaux entrouverts sur un ciel blanc et un soleil absent si ce n’est par un halo de chaleur intermittente qui persévère. 
Le vent a repris ses tours et le soleil se donne à voir flamboyant sur un ciel en mouvement.
MTu.

Ciel de la porte de Montreuil au lever du jour : porcelaine liquide dans son bain épais. Ciel de la porte de Vincennes à midi : porcelaine laquée hésitant entre l’eau claire et l’argent. Ciel de la Nation à 13h : Wedgewood mat. XG


6H : L’obscur et loin, à l’oreille, une vague lente – 7h27 avec ou sans lunettes le même effet d’uniformité molle, bleu-encre, plus noire que bleue – 7h27 en insistant, il suffisait de tourner la tête sur la gauche du côté du levant, et distinguer dans l’encoignure du toit une lueur diffuse d’un demi ton plus claire – 8h29, un rectangle blanc pleut – 9h/12h le ciel hors champ, soudain le mur se couvre de lumière: grimper un étage : attraper au vol la nuée et boire un bol d’air bleu.– 16h26 plein sud la cour pleure noire, là-haut c’est lent et gris… NH.  

Le brouillard s’appesantît sur la ville encore endormie.
Je me fraie un chemin dans le nuage humide et froid descendu sur la banlieue, le ciel au corps.
Ciel opaque du milieu de la journée, dans l’attente d’une ouverture. 

Rideaux entrouverts sur un ciel blanc et un soleil absent si ce n’est par un halo de chaleur intermittente qui persévère. 
Le vent a repris ses tours et le soleil se donne à voir flamboyant sur un ciel en mouvement.
MTu.

Ciel d’encre au son des camions 
Autre rayé de fils blancs 
Un ours de coton joue au-dessus 
Maintenant c’est presque gris, près de l’ardoise 
Plus tard, il sera trop tard 
CLG 

dans le mauve gris des nappes de nuages frêles le froid qui m’a saisie le souvenir d’une odeur de feu de bois — gris pâle avec lueur de presque rien l’éclat jaune des feuilles de bouleau — dans le reflet du faubourg le gris muet — l’opalescence cède au bleu, des cris de mouettes  — l’ange de la place dressé dans le bleu fragile CD

Ciel de la porte de Montreuil au lever du jour : porcelaine liquide dans son bain épais. Ciel de la porte de Vincennes à midi : porcelaine laquée hésitant entre l’eau claire et l’argent. Ciel de la Nation à 13h : Wedgewood mat. XG.

Lundi sans ciel. Ou son trop plein. Le ciel est tombé. Par terre. Perdu sur les murs, dans les feuilles. Ciel sur nos peaux, nos visages d’hiver. Diffus sur les toits des voitures. Ciel partout, ce matin fracassé. Partout et nulle part, détalé. Comme manqué, dissous. Ciel de monstrueuse présence. Blanc sans seuil. Comme grand lâcher d’âmes, particules de nos morts ; on les appelle anges, je les préfère humains, manifestés. 
Vérifier le ciel au réveil, par lui je sais que je suis en vie. GB.

Aquarelle d’abîme orangé. La ville moderne masque le passé lointain plus sûrement que la tyrannie du soleil. Renoncer aux augures comme aux illusions conservatrices. Combien de secondes contient le ciel gris? L’espoir d’un brouillard. L’intimité du présent entre ces arbres et moi. Le futur nous atteint comme la lumière, en partant dans tous les sens. Plus rapide qu’un nuage. Il n’y a plus rien entre moi et l’horizon. Combien de temps puis-je être branche, scruter le ciel et rien d’autre? Gris charnel. Générosité de l’éphémère qui se retire pour m’offrir le temps de le décrire. Ciel celluloïd. Retour nuit. TH.

Des îles que nous sommes aux îles que nous sommes, les galets du ciel  qui ricochent n’ont rien à faire du temps, rien à faire des distances. De toutes les nuances de leurs couleurs qui nous réunissent, ils s’imposent. Il suffit de lever les yeux comme se lève le soleil et nous voyons ensemble. UP.


Capturé ici, dans la petite lucarne d’où je t’observe, tu as fini par céder et par revenir à de meilleures intentions. Tu as renoué avec le plomb, le gris profond, le crachin que tu couves et que tu distribues en petites explosions glacées. C’est ce qu’on attendait de toi, que tu nous bouches l’horizon, que tu fasses masse et que du soleil on ne sache plus rien. Tu as retrouvé ta splendeur, celle de Brel, celle de Bruges, le bleu et les petits filaments de pacotille que tu arborais en octobre et jusqu’aux contours de la fameuse fête des morts était une imposture, une usurpation. Les morts, ceux de 14 aussi, qui ne t’ont jamais revu, dans leurs cimetières, dans leurs tombes, sous leur petite croix blanche, l’uniforme ça les connait, ils ont l’habitude du costume et le tien se doit d’être grillageux. C’est rassurant. ESM.

Sont toujours présentes dans mon ciel les formes vivantes, les animaux et les visages tapis dans les strates grises et épaisses bousculées par le vent. Il est lourd, menace de céder. Si demain je ne les vois plus, ne les reconnais plus, serais-je morte ou alors aurais-je trop grandi ? RA. 

Il est temps de fermer les volets sur la nuit. Le diamant d’une étoile  A rayé le fond du ciel. Oiseau de feu qui voudrait s’évader de l’univers…  Federico Garcia.Lorca. .. Je m’evade dans le sommeil., rêvant… Au petit matin, Le ciel est gris, tout gris. A vrai dire. Il n’est pas. Il n’y a pas de ciel ce matin. Mais des nuages… Guillevic, De l’hiver… Je pars marcher avec ma petite chienne, malgré le froid et le gris. Avec Guillevic, je m’interroge : / D’où peut venir la douceur  Qu’il y a quand même dans l’hiver ? Comment arrive-t-elle  Dans les teintes que prend le ciel, dans celles des champs, dans l’air qu’ont les chemins d’être contents de trouver un village ?… De l’hiver encore… Je marche, je rêve, j’admire les nuages qui se font et se défont. Tiens, Il y a un trou Dans ce nuage Qui occupe le ciel  Et cela me donne Encore plus envie d’écrire le poème Qui cherche à travers moi … Guillevic, Art poétique… Écrire des mots arrachés au vivant, au ciel, aux cieux, aux nuages, parce que Lorsque j’écris nuage  Le mot nuage C’est qu’il se passe quelque chose avec le nuage, Qu’entre nous deux se tisse un lien. Que pour nous réunir il y a une histoire.  Guillevic, Art poétique… Et moi, j’ai une histoire merveilleuse avec et sous le ciel des Hautes Alpes, et ce soir, ce billet envoyé à tiers livre, j’irai, pour m’amuser, admirer, à la brune, Sous le clocher jauni  La lune  Comme un point sur un i, Musset, ballade à la lune. ChD.

La rame passe dans un éclat de sons, claquements métalliques et note grinçante comme cri de vent, quand entre deux mesures de tôle c’est d’un coup tout en haut le suspens des choses, bourdon gris, nappe hors tempo mais restée dans les graves. VB.

06 :47 Un voile ouaté dissimule une myriade d’étoiles ou un univers sans fond. 07 :59 Une flottille de lignes claires et épaisses. Dragons des airs volant vers les cimes. 13 :49 Autour de l’astre flamboyant, l’étau se resserre, boulier moelleux liant les gris du monde. 15 :04 Se déverse, éperdument, une fraîcheur veloutée pointillant l’horizon. 16h43 L’échappée se fait vers les Corbières, ruée en clair-obscur vibrant au vent du soir. FbS.

/Des malaises / des ennuis / abstraits de leur sujet / comme de leur entourage / passent en moi / en nuages de sensations / en passages qui se répètent/ [— Le rideau des rêves, Michaux] ÉL

Ciel limpide léger cotonneux à peine, les nuages rebondis ont des pastels d’orange,  formes vaporiseuses à peine visibles sur ce bleu autour si doux, le soleil de sortie hors cadre, baignant de lumière toute la ville, telle que vue là, à  cet fenêtre plein Est, 13h. SyS.

A travers la vitre sale, à travers le verre dépoli, à travers la trame de lin, à travers les jours d’un chemin de table devenu rideau, à travers les verres progressifs des lunettes, à travers le feuillage de la glycine, à travers les mots, le voilà. BG.

Gris de réveil mais le bleu pousse derrière. Il s’épanouit au-delà des nappes moutonneuses ou bien ce sont des lambeaux de nuit qui s’accrochent au clocher. Il est tôt encore pour savoir si le soleil va faire naître les nuages de la rosée. Brouillard épais ou édredon laiteux. Je ne sais pas leur nom. Savez-vous que les nuages ont un inventeur ? J’ai emprunté un livre sur son histoire il y a quelques mois. L’histoire de l’inventeur de nuages. Je ne me souviens plus son nom. Cumulo nimbus, strato cumulus, boules cotonneuses, coups de griffe ou de peigne, caresses atmosphérique… Je ne me souviens plus leurs noms, alors j’invente. HG.

Il est venu des terres, découpe nos lignes, nos champs, il est venu d’en bas pour monter, il monte, il s’annonce par une opacité assourdissante, majestueusement triomphante – et quel bruit fait le dos d’Atlas en cédant, quelle obscurité gagne sur l’autre – c’est le ciel de fin du jour mais c’est soudain toute la vision, tout l’entour, et j’oublie lequel de nous deux s’avance, lequel prend l’autre. MR.

Écrire lever la tête vers lui puis écrire il est là quand je cherche comment dire il me regarde toujours entre les mots et maintenant impossible de le ramener dans la phrase. Rincé de ses métaphores grises bleues roses le malheureux s’est échappé. LD.

– Ma mère disait c’est la purée de pois. Le ciel de ce lundi matin est purée de pois.
– La purée de pois est un brouillard très dense et très épais.
– Disons que la purée de pois de ce jour ne concerne que le ciel d’altitude. La visibilité, de mon point de vue, est parfaitement bonne.
– 12h30. Une percée dans la masse laiteuse et un rai de lumière blanche cible mon assiette.
– 13h30. Ça bouge là-haut. Les nuages se désintègrent. Assiette vide. Quelques miettes clairsemées comme des fragments du temps qui passe.
SyB.

Cumulus noirs dans le ciel à Marseille, ce lundi. Infractions de la lumière. Inondations de mouettes dans le ciel qui recouvre la ville. Et puis disparition soudaine, le ciel est vide. Cumulus comme une immense baleine sur la colline au fond de la ville. Ciel mouvant, encore des infractions de lumière, vents qui poussent tout et le ciel qui rentre silencieusement sous mes touches, maintenant. APP.


Ciel brumeux du matin : pas d’ombre, pas de clarté. C’est un voilage, usé comme les rideaux Brise-Bise qui attrapent la poussière et ne laissent plus rien passer que la couleur blanche, grise.
Et pourtant avec le temps la brume, bouge, se déplace, elle dessine finalement les reliefs: d’un gris clair à un clair de gris, d’un gris grisaille à un noir léger, d’un blanc entier à un gris sombre. La morsure d’une plaque de zinc.
AL

Ce n’est pas le ciel, c’est le gris, abolissant hauteur, profondeur. Tu es sur terre pourtant, écrasé, debout.
Le plafond est bas : c’étaient les mots du père, et avec l’âge ils viennent en toi. Un nuage allongé et blanc ceint le flanc de la Montagne tandis que le sommet est en dessous des nuages sombres couvrant le ciel.
Quelques coups de pinceaux, trois, quatre, gris rose sur l’azur pâle tendant au soir et toujours fuyant la beauté en se demandant s’il y a une forme, un sens.
La lumière est loin au-dessus des corolles des pins parasols, lumière disparaissant en disant l’horizon.
JC.

Ciel clair presque transparent bardé d’un grand rectangle noir, une montagne hallucinée. Voûte laiteuse, quelques rayons trop vifs troublent les nuages mousseux chargés de pluie, des perles d’eau étoilent à peine le sol. Vapeurs de nuées confondues en feux de cheminées. Ciel lessivé brouillé de fin de journée. OS.

Lundi 12h28 à l’écran du réel, ciel gris qui dégrade de l’asphalte vers l’acier, trainées blanches à l’horizon pour partir en fumée aux dessus de mes yeux. A l’écran de veille, ciel bleu délavé à nuages, souvenir de novembre 2021, une île entre le vent et sous le vent, un jeudi au levant… contraste. ES.

Je suis la peau du ciel qui se penche à tes oreilles. Je suis la voûte tapissée dans ta tête qui se remplit d’orages, de gerçures et de mines. Je suis cette fenêtre là-bas qui se laisse caresser le dos. Je suis cette ombre la nuit qui grimpe sur les toits, qui s’agrippe aux antennes comme à des arbres, à des branches à travers lesquelles regarder les étoiles. CB.

Au point du jour la lune disparut, les nuages s’effilochent dans l’ombre, longues traînes tremblantes dans l’air frais qui caresse les joues, je ferme les yeux et le ciel s’éclaircit loin, la brume s’évapore, et soudain les bruits de la rue, des véhicules pressés, les passants, les vitrines, le cercle du tour de la Terre. TdeP.

Drapé noir mité d’étoiles, petits points de jour à travers nuit.
Halo de reverbrume, réchauffe de dortoir à corneilles, le merle est plus matinal.
Ciel chantier perpétuel, tectonique de platane, écorce de nuage. 
Remuer n’est pas l’apanage de la nuit.
Friction ciel pleureur avant apaisement, creux bleus plumetés de blanc.

Ciel pommelé, femme frisée (fardée ?) sont de courte durée.
SG

Le ciel de l’Est en panneaux, gris blanc lumineux, gris bleu ardoise, gris anthracite presque noir. Un losange, des quadrilatères de différentes tailles, un triangle isocèle et un octogone irrégulier. Géométrie complexe, vitrage entre les poutres du pignon et perspective coupée par les pans de toit du voisin. Nuages lourds, on dirait un ciel de neige. AC.

Morceau de ciels argentés gris chromatique

Sur une atmosphère immobile , immobilité du pendule plafond évanescent aucun vent ne vient libérer ses masses. Sans dérive planante indécise vague reflet science du temps aucun signe…que la Mer en Dedans 

Ailes bloc couleur du granit construction amoncellement une aile des lignes et maintenant un mouvement ils avancent vers l’ouest doucement troupeaux tranquilles / jouer à prendre l’arbre comme repère et chercher ce qu’ils «disent» en se contractant – en s’effilochent – en se dupliquant . On peut les voir poussés par une nécessité : chacune des mutations ténues obeirait-elle à un ordre …les molécules les vapeurs d’eau une mécanique immuable. Au dessus de ma tête : le ciel éternel des Poètes, le même ciel au-dessus – y a plusieurs millénaires des premiers humains : comment voyaient-ils le monde?
 Ils voyaient l’ombre de leur destinée ? Ils y lisaient comme on lit dans les lignes de la main?… et au-delà des nuages … Ce que ce soir dévoilera : lune ici éclipse ailleurs?

2 Ici moindre mouvement surgit la lumière derrière le blanc du ciel ombre portée du loin qu’ils rapportent . Trouées de bleu forme un isthme…on pense hymne..

IdeM

Et puis dans la rosée du ciel, un cercle parfait. La brume lui donne un air de mirage mais l’orgueil du voyeur le rend bien réel. Attendu donc mérité. Je ne sais pas quel miracle le soleil n’éblouit plus. C’est ce que je raconterai ce soir, avoir pu regarder le ciel dans les yeux. JH.

Étirement blancheur éblouissante
Chute de nuages en gouttes sur mes épaules, humidité verticale frisante 
Statisme attente un beau gris
Chien-saucisse s’enfuit à reculons la langue dehors le temps de dire
le chien s’est envoilé
Il manque les étoiles

LC

8h13 – Des traînées de lignes rouges, de fines bandelettes jaunes soulignent des écharpes de nuages de toutes les nuances de gris. 9h28 – Atmosphère changeante. Tout va si vite. Les nuages éclatent de toutes parts. Il pleut. 12h35 – Au milieu des nuages un coin de ciel bleu et un rayon de soleil luttent pour émerger. 15h05 – Les nuages blanchissent, s’affirment, moutonnent. Le bleu du ciel a gagné la partie. 17h35 – La nuit tombe, la lutte est terminée. IVa.

Peinture de ciel, ça défile avec le train, des à-plat, je crois que ça s’appelle, des à-plat de gris. Mais ça veut dire quoi, un ciel à plat ? VF.

Le couvercle, en découpe, par-dessus les étages, la barre à longer des courses, des gris en réponse, une trouée de rose depuis ma fenêtre, ensuite. L’impression d’un train, à le voir avancer, qu’ai-je fait, qu’ai-je fait de ma journée – des courses, à regarder plus les reflets des flaques, des miroirs dans la boue, on oublie de lever la tête. Y a pourtant de la couleur, dans les gris de Paris, pas d’arbres au-dessus – c’est trop haut – pas de palme non plus, même pour sauter au-dessus de la gadoue. Je ramène d’improbables chaussons roses, que je regarde en baissant la tête, quand c’est eux qui voient les ciels. AF.

Pas de brouillard ce matin. Fond bleu layette, plafond moutonnant que le vent fractionne. Le ciel de Bay city, Mavrikakis, Madonna.Ciel blaffard, lueur au couchant, touches informes de nuages plus lourds. Etre pilote de ligne et voir au-dessus. Poursuivre le soleil ou s’nefoncer dans la nuit. DGL.

Je n’ai pas vu le ciel ce jour. Il était blanc, pas vraiment uniforme. Je crois qu’il y avait aussi du gris, un gris laiteux, sans consistance. Un gris plutôt monocorde. Un gris monotone. Un réel ciel d’automne. Je ne l’ai pas vu. Mes yeux l’ont croisé sans parvenir à le sentir, ni à le percevoir. Je l’ai regardé, observé, j’ai senti qu’il m’échappait.  CeC.

Deux heures du mat, étoilé, trois cinquièmes de lune, transparent et clair autant que faire se peut ; sept heures vingt-deux, lisière orangée sur Grivegnée ; midi, les premiers nuages annoncés, peu nombreux, sont bêtement au rendez-vous ; quinze heures quinze, alternance ; seize heures seize, la bascule dans le gris. JMG.

17h30 même fenêtre une nuance uniforme de gris tire vers la nuit. Le vent léger pousse les feuilles mes yeux supporte le bruit. JenH.

#Ciels de 14h00.
Une aile de Boeing en trouée, 
Je voyage, fuselle, espère
L’exfiltration.
CGH

Je les aperçois derrière le barreaudage du fenestron. Pâles, chiffonnés et lents, comme moi à cet instant. Les nuages me rendent relativiste, voire schizophrène. Ne sais pas si ce sont eux qui bougent ou moi. Ne sais pas s’ils sont gris, crème ou verts. Ne sais pas lequel de nous est encagé de son côté de la grille. En fermant les paupières, leur nacre reste persistante sur mes rétines, si fugacement. PhP.

C’est vrai, même les ciels ont leurs catégories. La couche découpée en lambeaux, les boules de ouate, de cheveux, virgule ou crochet, les touffes, les longs filaments translucides. voiles, nappes… Leur étage : en dessous de 2000 mètres, jusqu’à 6000, au-delà… C’est vrai… NE.

Sans savoir ce que seraient la consigne du soir, ouverture vers ce qui sera écrit demain, j’étais hier comme bien d’autres jours, le nez en l’air à regarder le ciel. Une lune pâle alors que ciel bleu, me regardait paisible cueillir les framboises tardives pour le dessert du déjeuner dominical. L’après-midi, une autre lune – est-ce la même ? – veillait sur les allées-venues sous le soleil (trop) chaud d’un triste anniversaire, on porte fleurs et bougies encore vers le pas de porte d’Alex qui a perdu son frère, fleuriste comme elle, il y a sept ans, au Bataclan. L’astre exsangue est comme un regard enfin bienveillant sur notre planète en chaos, qui dirait la longueur du temps, si long, la lenteur de sa course, si lente, les millions d’années qui restent à ce qu’on nomme la nature (l’humanité ?) pour être là.
Et ce lundi, donc. Le ciel au réveil : noir avec son halo orangé là-bas aux bordures de la ville, troué de la lueur intermittente des phares sur la route en contrebas du jardin, déjà peuplé des sons d’un début de semaine poussif. S’étirer en pensant à cette journée qui peine à s’ouvrir, se tourner vers lumières et bruits de la maison qui s’éveille.
Plus tard, mettre l’ordinateur en route, coup d’œil à travers la vitre embuée : défilé de nuages fins, lambeaux de ouate grise venue de l’ouest en cavalcade nous souffler des souvenirs des jours derniers en mer. J’entends les marins fatigués, les drisses qui claquent et les vibrations de cauchemar dans les coques des coursiers lancés pleine balle vers la Guadeloupe. Le ciel s’élève peu à peu, on voit grandir l’espace entre cimes des arbres et plafond nuageux. Le vent de suroît doux et brutal (chaud et violent) malmènent feuilles et étourneaux en un tourbillon enivrant, au sol et dans les airs. Le temps de dégainer téléphone et d’ouvrir fenêtre, des trouées bleues confirment le changement de lumière. Tapoter le baromètre, voir une petite hausse, se remettre au boulot.
À la table de bricolage, quelques heures plus tard, où le calendrier des pompiers se customize lentement sous le paysage céleste qui s’éclaire – couleurs bleu gris blanc et lumière mêlées – en surplomb de la maison mastoc voisine.
Plus petite strate de filament bien au-dessus de la ruée des nimbus vers l’Est. Y aura-t-il du nouveau ? En attendant, trouvé « reposoir » qui rimerait avec mon déversoir (notre depuis 5-8 jours ?), ou les considérations de Samivel reprenant Bernardin de St Pierre, mais trop dense pour être ici compilé.
GAS.

Ce soir, l’illusion persiste, une mer blanche suspendue sous une masse inerte couleur mouillée cendre noire. 
Hier, ciel dense de menus scintillements, lune chauffe un modeste périmètre souligné d’une épaisse ligne claire. 
Ciel laiteux, gouttes translucides s’écrasent grosses, bavent sur les vitres.
Sur une ligne de crête ondulée, transhumance immobile au loin de petites boules laineuses se suivent.
MS

Ce matin, je t’entends avant de te voir Ciel. Tu pleures, tu es bruyant, tu déchires tes larmes sur la vitre. Tu pleures Ciel dans la nuit qui paresse. Une mascarade pour anéantir ma journée. Allez Ciel ! Ne te cache plus sous ta capuche, montre moi tes yeux embués, ta peau blafarde, la déchirure de ton échancrure prometteuse. Une clarté dans le sillon du jour qui pointe nous promet une éclaircie bienveillante. MM.

Pas de nuit à Paris ; à la place, un lavis aubergine.
Aplat gris, plus clair que le zinc.
Bleu clair, quelques scories échappées de la chape matinale.
Deux couches bien distinctes de nuages couvrent le bleu : en altitude de gros moutons blancs et, par-dessus, plus proche du sol, comme une fine fumée grise que le vent fait se déplacer rapidement.
Un phare balaye le bleu de Chine. FT.

#05 Brume brume brume ce matin et puis bleu traversé de nuages légers, à peine visible le petit carré de ciel au-delà des façades de la cour. Ses yeux purs de nuage se posèrent sur lui comme l’oiseau sur son ombre. C’est de qui déjà ? Desnos ? C’est dans le petit carnet rouge ça, certainement, le petit carnet avec les autocollants d’animaux… Mais je ne l’ai pas sur moi. MaT.

La nuit doit s’épaissir encore un peu plus pour qu’on puisse apercevoir les étoiles, on attend avec impatience que le jour arrive pour voir le ciel et l’écrire avant qu’il ne se sauve… ciel mélancolique, on se croirait presque en décembre. MR.

_… regarder à travers la fenêtre fermée, là, tout près, dans l’unique allée du jardinet qui bordait de briques et de faïences en demi-lunes ses plates-bandes de pensées : des pensées cueillies, semblait-il, dans ces ciels trop beaux, ces ciels versicolores et comme reflétés des vitraux de l’église qu’on voyait parfois entre les toits du village, ciels tristes qui apparaissaient avant les orages, ou après, trop tard, quand la journée allait finir.
_Les pensées ont le cœur noir. Les pensées sont les fleurs d’un mal lointain et puissant, comme le thé, infusant le sacré dans leurs robes de fêtes épiscopales, velours de violet profond, jaune de dimanches jamais ordinaires, rouge intérieur du calice. Les pensées sont fragiles, délicates et raffinées, bien téméraire pourtant celui qui les diminue en fleurette, même dans le secret d’un mot d’esprit, d’un moment d’ennui à ras bord de la fenêtre. 
Les pensées ne sont pas mignonnes ni jolies, non plus que les ciels qui s’empressent au-devant d’elles, avec ou sans précipitation. Car il faut voir ce cortège indénombrable où les créatures célestes, en âge d’être mariées au pays des contes, se chipent la place d’un souffle, brisent les rangs au moindre coup de vent, se coudoient brutalement jusqu’à ce qu’une pique de la longue aiguille de l’horloge vénérable les perce à jour et les dégonfle comme une voile, dont l’esquif s’esquive sans qu’on ne puisse jamais en connaître le nom. C’est que le chambellan commis à l’office des annonces manque toujours, en vrai lapin blanc, ou, s’il est apparu en oracle dans une autre fenêtre, il demeure dans l’erreur ou l’approximation qui sent pauvrement son charlatan. Seules leurs vêtures entrevues ou contemplées devant les pensées en majesté laissent deviner le rang de ces beautés en l’air : finesse des étoffes, façons des dentelles, subtilité des bains dont la nacre flatte les fleurs, luxe des brocards de la fin du jour, empesé des grands deuils nocturnes et souplesse des demis, juponnés nouvellement de lunes gibbeuses, échappées par miracle à la censure des rideaux épais, recouvrant pour la nuit comme un mouchoir de magicien ce défilé intangible… afin seulement de le poursuivre en rêve demi-éveillé grâce à l’entremise d’une marquise qui, quelque part en ville, attend au seuil du sommeil pour tirer un trait révérencieux et fantasque entre l’air qu’on respire et celui où l’on vole.
Au-delà d’étiques antennes à qui, hier encore, on pouvait demander la lune sur pied en gros plan, mais dont la vanité rabattue sert à présent de perchoir aux corbeaux, plus malins que les plus diaboliques faiseurs d’images fausses, au-delà des cheminées qui entretiennent un commerce obstiné de fumée avec l’air froid, prétendant vendre des nuages au ciel comme d’autres du sable au désert, en dessous pourtant des calligraphies blanches des longs courriers, c’est à dire exactement entre les deux, vont leur train, volant tout leur saoul, de minces coursiers d’un gris si clair qu’il les confond avec l’horizon du petit matin, fiancés à leur mission d’une bague discrète où s’insère, fine comme l’air, la feuille qui enserre le message. C’est ce rouleau infime qui les a mis en marche, qui les a mis en vol, Golems duveteux à l’œil rond, anodins jusqu’à disparaitre dans le paysage citadin, cette toile peinte d’illusions d’optique. Et on s’étonne, trop occupés à regarder les pieds, les devantures, la hauteur d’homme, on s’étonne au mieux des ruches sur les toits installées, mais pas des pigeonniers. 
**J’insèrerais ici un des tutos inquiets de Sasha sur la communication codée**
Pas des pigeonniers, dites-vous ? La bibliothécaire s’étonne que je les aie remarqués. Comment lui avouer sans créer une gêne que je consacre rituellement une de ces journées à marcher la tête au ciel ? Modestement, je baisse les yeux vers la tasse qu’elle ressert, fine porcelaine, fleurs et oiseaux me replongent dans ses pensées.
_Ami je vous écris du fond d’une cantine. Le vent crie et le ciel a sa couleur turquine. Il est bleu mais hostile. Il se fait plus d’un an que vous n’écrivez plus de lettres maintenant…_
**Et ici d’autres nouvelles de l’absence de nouvelles**
_Souhaitant m’égaler à vos héros qui meurent. Je conduis conducteur les canons qui demeurent : Quatre-vingt-dix soixante-quinze et cent-vingt long, mes chevaux argentins volent tel l’aquilon…
EC

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Un commentaire à propos de “#compiles #05/40 | ciels du lundi”

  1. j’apprécie la belle unité de nos ciels de ce lundi 14 novembre – unité probablement rendue possible par le thème qui n’empêche cependant pas l’unicité de nos ciels – merci à vous tous