#L1 De la rue de la république jusqu’à la place du Martroi sur le trottoir de droite un jour en semaine sous un ciel dégagé-nuages épars.

A 15 ans quand on lui demande ce qu’elle veut faire, elle dit être une star. Le départ de la petite ville de province cliché. Devenir quelqu’un cliché. Prendre une revanche cliché. Vouloir sa part du gâteau cliché. Etre une femme des années 80. Grosse farce. Puis elle revient. A 30 ans quand le train touche la butée, que tous les voyageurs descendent, elle a le trac. Elle connait cette ville. Elle repense à sa mère qui revient chaque printemps qui revient voir son père, soulager ses soeurs, prendre son tour de garde. Qui n’aime pas le climat parce qu’il pleut tout le temps parce qu’il fait froid parce que les gens sont tristes. A 17 ans la gare est dans la rue de la république et propulse ceux qui arrivent dans le coeur de la ville. Aujourd’hui c’est plus compliqué. Elle choisit de sortir de la gare par la sortie sud. Une pause pour fumer une clope. Reprendre ses esprits. Penser l’itinéraire. Traverser les routes ou prendre les escaliers ? Passer devant le mac do et arriver place d’arc comme en haut d’une colline. Au sommet se placer au centre se préparer à la descente. Ce n’est pas sa place la place d’arc, construite après son départ. Sa place à elle c’est celle du martroi. Celle de Jeanne. C’est là qu’elle va. Elle sait ou elle va. Elle sait qui elle est. Elle sait d’où elle revient. Elle est là. Elle a envie d’ouvrir les bras de crier bonjour comment ça va ? Mais descendre la rue de la république est toujours un choc, déclenche des image qui déclenchent des souvenirs aussitôt absorbés par les façades, par les fenêtres toujours fermées, par les chaînes de magasins qu’on trouve de Marseille à Los Angeles. Il reste des souvenirs mais comme des tâches sur un buvard. Des formes aléatoires et des couleurs pâles. 

A propos de Lea Toto

je m'appelle Léa Toto. je travaille dans et pour un théâtre depuis 1997. J'ai animé un atelier théâtre/écriture qui avait été mis en place par François Bon et le metteur en scène Gilles bouillon de 1997 à 2017. Ma base a été le livre Tous les mots sont adultes de François Bon.

3 commentaires à propos de “#L1 De la rue de la république jusqu’à la place du Martroi sur le trottoir de droite un jour en semaine sous un ciel dégagé-nuages épars.”

  1. Un rythme vif, rapide, haché, quelque chose aussi de très fluide, une histoire qui déjà en quelques lignes commence à dérouler, du passé, du présent, du futur et déjà toute une myriade de personnages. On sent le roman que l’on prend avant de monter dans le train et qu’on a fini en sortant. A suivre.