#enfances #02 | parfums

« C’est juste une bande de petits merdeux c’est tout » – il souriait un peu, évidemment il n’y avait pas mort d’homme – ça n’avait rien de tellement grave mais quand même – alors l’un d’entre eux avait un peu sévi, il avait mis les enfants en rang d’oignons devant lui et avait commencé à leur faire la morale – « vous n’avez pas honte ? » – il y avait là les quatre enfants de la maison, deux cousines, deux autres encore – « vous serez tous punis mais qui a eu l’idée ? » Ça n’avait aucun sens, ça s’était fait sans concertation, un peu de désœuvrement, des bravades franchissements transgressions, on disait « pour faire l’intéressant », évidemment qu’il y avait là quelque chose d’interdit et tout le monde le savait mais pour les enfants, ça avait été trop tentant – ils regardaient leurs pieds, il y avait d’ailleurs plus de filles que de garçons, mais tous ensemble regardaient et pensaient à ce qu’ils et elles avaient fait : c’était si grave ? – ça avait tant d’importance de savoir qui en avait eu l’idée ? « J’attends, disait-il, et ça va mal se terminer si personne ne se dénonce » – dans ces cas-là c’est (ou c’était) souvent l’aîné qui a (avait) à faire un pas en avant – sans rien dire – la tête baissée – ce jour-là aussi, il s’avança, une espèce de satisfaction dans le regard de l’adulte, le léger sourire, quelque chose de l’humiliation, mais ça disparut quand les deux sœurs firent de même : un pas en avant ; et le petit suivit – et tout ce petit monde d’avoir avancé d’un pas – « non mais je rêve » il y eut un éclat de rire, les femmes revenaient dans le salon après s’être saisi de leurs sacs à main parfums bâtons de rouges à lèvres, il n’y manquait évidemment rien (ce n’était que pure curiosité), les hommes riaient en buvant quelque alcool, les femmes avaient déjà pardonné et buvaient aussi, il y aurait sûrement de la musique on allumerait des cigarettes et tout à l’heure dans leurs robes à fleurs elles danseraient avec eux, l’adulte, là, celui qui aimait abuser des gros mots qui faisaient rire ou rougir laissa tomber « non mais quelle bande de p’tits cons ! » en hochant la tête

A propos de Piero Cohen-Hadria

(c'est plus facile avec les liens) la bio ça peut-être là : https://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article625#nb10 et le site plutôt là : https://www.pendantleweekend.net/ les (*) réfèrent à des entrées (ou étiquettes) du blog pendant le week-end

5 commentaires à propos de “#enfances #02 | parfums”

  1. Quelle est jolie l’histoire de la bande des petits cons (soudés) … et les robes à fleur pour danser ( ouvrir les sacs à main pour regarder les bâtons de rouge c’était vraiment tentant)