#enfances #04 | mâcher

Malade, c’était être mieux. Et mieux loti d’abord parce que déplacé, transporté, confié aux grands-parents qui abandonnaient leur chambre pour l’enfant fiévreux. Avoir un espace à soi, pour soi, pour n’y rien faire d’autre qu’être là, étonné et attentif aux lumières du matin, aux bruits de la rue, à l’odeur d’un lait chaud sucré de miel. Recevoir à la fin de la fièvre l’audacieux cadeau du grand-père persuadé que c’était américain : un paquet de chewing-gums. Mâcher, c’était être mieux, presque guéri. Mâcher, remâcher, remarcher pour faire semblant de ne pas craindre le retour à la vie ordinaire.

A propos de Ugo Pandolfi

Journalist and writer based in the island of Corsica (France) 42°45' N 9°27' E. Voir son blog : scriptor.

5 commentaires à propos de “#enfances #04 | mâcher”

  1. avec la fraîcheur d’un petit air « r » qui fait toute la différence entre remâcher et remarcher, oui en effet un besoin profond… fallait y penser

  2. la belle ambivalence de nos fièvres passagères …être là, étonné et attentif aux lumières … aux bruits… à l’odeur…. Si juste ces sensations retrouvées, la douceur d’être confié-abandonné, à leur lit comme une chambre à soi… ( et la vie ordinaire qui guette …et le petit miracle hollywoodien à mâcher ) Merci Ugo

  3. ah le plaisir de la solitude qu’accorde la maladie et cette importance qu’elle donne, surtout quand elle n’assomme pas et laisse la liberté d’en profiter – ce changement de rythme aussi