ILS DISENT

Ils disent que ça arrive      souvent la nuit dans la nuit         disent que ça ne          fait la plupart du temps         aucun     bruit        je veux dire         au moment précis au moment         fatal                disent que ça ne s’entend pas que ça arrive           loin         des regards à l’écart         que quand ils entrent ça s’est le plus souvent  déjà produit qu’ils  s’y préparent          il y a des signes disent-ils cliniques       une probabilité      une quasi certitude que  ce sera          cette nuit ou         la suivante au plus tard       elle dit c’est arrivé             en milieu d’après midi une semaine qu’ils pensaient que ça arriverait tous le pensaient tous elle dit le disaient        cette semaine ou la suivante         ça arrivera une nuit              des mois qu’elle le suivait des jours qu’elle y pensait      des mois des jours         pas seule         bien entendu on travaille en équipe on se relaie         elle avait demandé les nuits pour être là             elle avait demandé la nuit et c’est le jour                    que ça s’est produit après le passage de 16 heures  le temps de prendre un appel dans le couloir c’était fait         lui on        le lui a raconté          il dormait         elle dit moi aussi je dormais         quand tu es de nuit le jour               tu dors quand ça s’est passé        elle dit         je                dormais

A propos de Nathalie Holt

Rêve de peinture. Quarante ans de scénographie plus loin, écrit pour lire et ne photographie pas que son lit.

13 commentaires à propos de “ILS DISENT”

  1. elle est un peu triste mais elle le sait qu’elle avait fait ce qu’elle pouvait pour être là

  2. Très touchée par ce texte délicat où dans les blancs se glisse le silence de ce qui ne peut se dire. merci

    • Oh merci. Aujourd’hui il a plu toute la journée. Je m’y suis mise avec la pluie. Manquent les lieux. Manque l’espace. Un peu hors sujet peut-être.

  3. J’aime ces blancs comme des coupures contre lesquelles on ne peut rien. Cette vie qu’on s’autorise mais qui est hachée par la possibilité que… Et tout paraît sequencé. J’aime aussi le ton neutre du on dormait. C’est comme un ahurissement que ça puisse arriver quand on dort. Très beau. Merci.

    • Merci Anne et votre remarque m’a donné envie de finir sur le on, ce que je viens de tenter.

    • Oh merci Marlen Oui court un peu. Ce sont les blancs qu’il faudrait sans doute, laisser encore respirer

  4. Partie tout le mois d’août j’arrive tout juste et je lis Ils disent en premier. Puis plus envie de lire rien d’autre après ça, j’avoue. Car que ces blancs sont habités. Tout ce qu’on y voit, qu’on y entend, qu’on imagine. Et cette phrase qui arrive au début, parfaite, parfaitement à sa place entre deux blancs : « il y a des signes disent-ils cliniques ». Ils disent aussi que ça arrive souvent pendant qu’on dort. Merci pour ce texte.

  5. Entre ce « Ils disent » et ce « Je », que d’espace(s), de vide(s), de manque(s) !
    Merci pour cette lecture.