Mes lits minuscules

Dans la chambre verte, un crucifix surplombe un des lits jumeaux : la fillette au crâne d’orpheline prie pour la venue d’un frère parallèle.

Grand mère ronfle, le loup l’a pas bouffée, elle prend toute la place, j’mangerai plus avant qu’elle meure.

Toile de Jouy jaune du sol au plafond : je glisse la patte de Peluche entre mes cuisses et rêve au berger dans ma boîte.

T2, Paris-Venise, suffit d’une seule couchette pour franchir le mur du son.

Dans ce fauteuil électrique, gériatrique, plastique, ma voix : « Maman, tout va bien, tu peux partir maintenant ».

Les draps qui s’enroulent, se boulent, s’humectent de peur dans les tissage AP-HP.

Je ne sais plus si le lit du haut était assez bas pour saisir ta main.

20 ans après, une couverture à soi.

Lattes déchaussés, dents qui grincent, vernis écaillés des orteils dépassant la courtepointe et penser défaut de construction.

La couette batman se morfond : punaise, ton absence gratte jusqu’au sang !

6/10

A propos de George H

Journaliste, podcasteuse et animatrice d'ateliers d'écriture, j'aime marier réel et poésie, voix et théâtre. J'espère toujours écrire le Livre, mais le temps passe et presse-citron. Il me faut aller jusqu'au bout... Je compte sur moi et aussi sur l'énergie du Tiers Livre. Un site ? Oui, pourquoi pas : https://www.son-d-encre.com/

10 commentaires à propos de “Mes lits minuscules”

  1. Emotion née des images et du choc produit par le heurt des fragments.

  2. « Je ne sais plus si le lit du haut était assez bas pour saisir ta main »
    Et moi, je suis jaloux de cette géométrie du tendre et du rêve.Quelle belle phrase !

  3. « 20 ans après, une couverture à soi », tellement de sensation et de sens dans ce verset ! C’est profond merci