#été 2023 #07 | Chambres à cœur ouvert

ME, la première fois, tu parles s’il s’en souvient pas. C’était au lycée, à s’croiser comme ça, avec un autre. Il calculait pas ME. Elle me l’a dit, et c’était réciproque d’ailleurs. Lui s’en souvient pas, ou il fait mine. Non. Lui c’est après, à l’université. Lui c’est les premières nuits ensemble, entre les Sciences et les Lettres. C’est là Continuer la lecture#été 2023 #07 | Chambres à cœur ouvert

#été2023 #02 | où nous nous étonnions du silence

C’est le dernier endroit où ma mère a vécu. De tous les lieux où elle a vécu celui que j’ai trouvé le plus beau, avec ses plafonds hauts, ses murs blancs, ses tommettes et ses carreaux mouchetés. Ce lieu il m’importe de m’en souvenir, et au moment même de l’écrire je me rends compte à quel point tout est flou. Continuer la lecture#été2023 #02 | où nous nous étonnions du silence

#été2023 #00 | l’amie retrouvée

M’est revenu un livre de l’enfance, deux tomes d’une édition jeunesse, Rouge et Or Dauphine. Un roman illustré. Les longues nattes blondes de l’héroïne sur la couverture cartonnée et brillante. D’où je tenais le livre ? Imprimé en 1964, peut-être qu’il m’attendait dans le garage de la maison où nous venions de nous installer, coincé entre les Delly et les Continuer la lecture#été2023 #00 | l’amie retrouvée

autobiographies #04 | 1992196519831977196920111994

1992 octobre boulevard de Port Royal – une toute petite chambre – jaune – du bout d’un couloir – roulement – charriot – cris comme oisillons – autres voix et café brûlé – quelque chose de féroce – dans le ventre ce n’est pas la faim.  1965 juin Lusignan – porte avec une grande serrure – clé au bout d’une Continuer la lectureautobiographies #04 | 1992196519831977196920111994

autobiographies #08 | chambre(s) avec vue

La chambre au volets clos des arrières grands-parents; l’odeur des pommes abritées au sommet de l’armoire; l’interrupteur de cuivre; les fleurs sans couleur du papier peint qui ne voyait jamais la lumière; les deux lits identiques; la table de chevet de Marie contre le mur; la table de chevet où Maurice gardait ses cartouches, calibre 12; dans l’angle, le fusil Continuer la lectureautobiographies #08 | chambre(s) avec vue

#P1 Dix dodos

Dormir dans un seau de javel. L’odeur, mais aussi le ressac dans le seau déplacé — tout l’appartement chaque soir — et les plongeons répétés de la serpillière. Les pieds cuits, l’odeur, on ne peut l’expliquer mieux. Dormir c’est noir et blanc, face aux arbres. Une grande fresque. Floue, la prise de vue artistique, flou le regard qui se brouille, Continuer la lecture#P1 Dix dodos

#P1 Chambres

… le silence inquiétant du perroquet dans le mur, sous les lattes – les barreaux – des inscriptions au crayon papier, l’enfant pieds entravés dans son sac … … se pencher mais éviter de tomber : dans l’entrebâillement, il y a des flashs, des couleurs vives, deux corps en sueur, une clochette, ça pisse le sang à l’arcane sourcilière, un homme Continuer la lecture#P1 Chambres

Hôtels en chambres: liste (à continuer)

Celle au cabinet bidet avec un radiateur en fonte, juste un rideau froncé, des draps de nylon et ce cheveux très long qui ne pouvait pas être à toi.  Celle aux murs de fausses pierres, moulage plastique au bruit de Tupperware  avec une terrasse de béton qui donne sur la mer.  Celle de tes noces on voit le cimetière Montmartre Continuer la lectureHôtels en chambres: liste (à continuer)

#P1 | jusqu’au jour tiède

à l’hôtel Mattei, recroquevillée sur un lit de camp, la nuit tapie dans les angles, la litanie de cauchemars à voix haute de l’aïeule sur l’avant-bras l’empreinte des vagues du velours vert et rassurant, le nez réfugié dans le pli moite du coude un vrai silence, un silence de doutes, d’ombres, puis le bruissement du peuplier, le vent se lève Continuer la lecture#P1 | jusqu’au jour tiède

Ici et là, parfois bien

Pas de sommeil possible, à peine quelques instants de somnolence dans une atmosphère lourde et poisseuse. L’air s’incruste dans la gorge et y reste collé. Le cri d’un oiseau nocturne perce la nuit à intervalles réguliers, bourdonnements d’insectes autour du voile fin de mousseline blanche. Quelqu’un tousse, se lève ; j’entends ses pas furtifs glisser sur le sol. Le présent épuise Continuer la lectureIci et là, parfois bien