#P5 – Repli

Le front se décolle du crâne comme une tôle chauffée à blanc – les épaules tremblent – secousses dans les muscles des bras – la brûlure du dedans remonte à la surface – une lave molle – les genoux s’entrechoquent – les jambes ne tiennent plus – le corps s’écroule – soubresauts – les genoux collés au front en fusion – le peu d’espace du repli.

Repliée, je suis un sac de muscles gonflés agités de mouvements désordonnés, parfois un tressaillement déclenche un appel d’air, mon corps se tend, propulsé vers l’extérieur.
J’ouvre grand la bouche, une bouffée bleue rétracte le crâne, des écailles d’argent brillent sous les paupières, la pupille roule vers l’intérieur, je brûle et grelotte, tremble sec, tremble.
L’épuisement.
Sensation de l’enveloppe qui se déchire, s’ouvre.
Il y a toujours une enveloppe à l’intérieur de l’enveloppe.
Le front, dur et bombé comme une coque retient le noyau, le silence.

A propos de Aline Chagnon

Ce qui me passionne dans l'écriture, c'est l'expérience, le chemin.

3 commentaires à propos de “#P5 – Repli”

  1. j’aime cette description qui d’emblée met le corps à vif, puis avant le silence : «Il y a toujours une enveloppe à l’intérieur de l’enveloppe.».

    Beaucoup d’images percutantes qui me resteront en mémoire comme
    «Le front se décolle du crâne comme une tôle chauffée à blanc».
    Bravo !