#photofictions #01 | Trois compères

Nous voilà revenues de Port-Barcarès. Cette fois, nous prenons l’autoroute jusqu’à Toulouse. La voiture avale les kilomètres et nous, on écoute les infos routières de Vinci. Bouchons, ralentissements, canicule sont le lot pour ce dernier samedi du mois d’août.
Mon amie qui conduit se souvient de s’être arrêtée sur une aire d’autoroute après Narbonne d’où on avait une super vue sur la citadelle de Carcassonne… On guette la sortie en question et on se gare. Sorties de la bagnole sous un cagnard cuisant, nous prenons une contre-allée de maigres cyprès pour nous procurer un filet d’ombre.
Finalement, l’endroit se révèle assez spacieux et bien pourvu en commodités : toilettes, distributeurs de boissons fraîches et d’en-cas et même une fontaine. D’autres arbres plus touffus nous poussent à la balade à la recherche de la meilleure vue sur la ville fortifiée. On tourne en rond. Elle est belle mais bien loin et nos téléphones ne sont pas très performants… Je recherche un beau point de vue. Des câbles électriques me barrent la composition. Je change d’angle, légèrement de trois quarts, je cadre dans mon smarphone un groupe de trois pins parasols sur une petite butte, au loin la cité de Carcassonne n’a plus d’intérêt pour moi. Ces trois arbres me touchent, je sens en eux une complicité comme celle qui fait de nous deux amies.
C’est eux que je photographie.
On repart et aux infos routières, ils annoncent qu’un incendie de deux véhicules a eu lieu juste au sortir de “notre” aire d’autoroute, pendant le temps de notre pause.

Photo : Michèle C. au loin Carcassonne, 2022

Trois troncs
Une seule canopée
Un même pas
Trois arbres complices
Trois arbres frères
Plantés face à l’horizon
Rien autour
L’air lourd et chaud les embrasse
On dirait qu’ils marchent
Qu’ils se serrent pour ne faire qu’un
Sursaut de survie sur une terre aride
Ils bravent le zénith de leur chevelure abondante
Verts, bien verts, ils défient le ciel sans nuages
Unis sur leur colline, secoués par les vents,
Ils avancent de concert
Ils chuchotent tout en bruissements des feuilles d’amitié 
Trois compères
Trois frères
Ou seulement trois amis
Si unis, si forts dans leurs racines mêlées
Profonds sentiments
Profondes émotions
Que de se tenir là seul et multiple
Offrant le gîte et le couvert à une multitude d’insectes et d’animaux 
Ni majestueux, ni exceptionnels,
Vieux compagnons
Tout simplement beaux de leur amitié indéfectible.

4 commentaires à propos de “#photofictions #01 | Trois compères”

  1. Bonjour Michèle
    Comme quoi c’est toujours l’œil qui décide de la photo !
    Merci pour ces beaux textes et pour cette belle photo.

    • Merci Fil,
      j’arrive dans cet atelier un peu en retard et ton commentaire (le premier) me fait un bien fou !

    • Merci Marie !
      Effectivement, c’est une belle rencontre, 3 arbres symbole fort d’amitié, que je n’aurai peut-être pas photographiés si je n’avais pas été en compagnie de mon amie.