#photofictions #09 | Densités

À gauche jouxtant la mairie qu’on voit, la rue avec la grande bâtisse communale, qui reste hors champ. Cinéma. Spectacles. Foyer rural. Salle des fêtes mille neuf cent trente-cinq. Rebaptisée Pôle Culturel. Repeinte en rose et bleu pastel. Dans la mairie une pièce étroite. Plus une petite cuisine. Ordinateurs cafetière affiches boîtes de CD classeurs banderoles. Les bureaux du festival. Musiques danses poésies cinématographies expérimentales. International hyper-rural. Petite équipe au rez-de-chaussée. Locaux municipaux. À disposition. Les trois fenêtres à gauche de l’entrée. Des couloirs à l’intérieur relient mairie et salle des fêtes. Gestion préparation toute l’année. Quelques actions au fil de la saison. Publics spécifiques ou empêchés. Directrice artistique inflexible. Prend des risques dans la programmation. Choix sur le fil du rasoir toujours à la limite supérieure. Exigence. Magie de la mise en contact. Rencontres improbables fulgurantes explosantes-fixes. Japon Australie Europe France Amérique Afrique. Improvisation libre considérée comme l’un des beaux-arts. À la croisée des folies créatives du monde entier. Trois jours d’ébullition acoustiques-électriques. Le festival Densités. Se tient dans cette salle des fêtes de village imposante redécorée chaque année. Collectif de plasticiens lillois et hirsutes. La rue est coupée. Réservée aux allées et venues de l’équipe, des bénévoles, des artistes et des festivaliers. Pavoisée. Fanions calicots guirlandes lumières. Une fois que les camions du matériel de scène sont déchargés. Quatre cents personnes se croisent au bar et dans la salle pendant la durée du festival. Une petite vingtaine de spectacles. Des installations-expositions. Des performances dans les rues. C’est la fin d’octobre. Les arbres n’ont plus de feuilles. Le premier week-end des vacances de la Toussaint. L’heure va changer. Dans le bureau de la mairie on établit les cachets des artistes au fur et à mesure. Beaucoup de musiques d’aujourd’hui. Ultra-contemporaines. Fabriquées dans l’instant même de leur production-profération. Le village se met à vivre. Les habitants du cru stupéfaits. S’aventurent quand même. Au moins pour le bal de clôture. Fin du festival. La salle des fêtes retrouve son visage coutumier. Hors champ à gauche de la mairie de Fresnes-en-Woëvre.

Mots-clés : 2019, Frontal, Automne, Administration, 1919-1945, Woëvre

A propos de Fil Berger

Fil Berger, je, donc, compose les textes qu’il écrit avec des artefacts sonores et graphiques et ses pièces musicales avec des artefacts d’écriture et graphiques. Le tout cherche, donc, une manière d’alchimie modeste située entre ces disciplines. Il a publié des livres d’artiste avec le plasticien Joël Leick chez Æncrages et Dumerchez. Quelques revues comme Paysages écrits, Traction Brabant ont retenu des textes. Il a travaillé et composé des pièces musicales documentées sur CD. Il a partagé pendant plus de vingt ans des moments de création avec des chorégraphes, des plasticiens, des auteurs, des improvisateurs et des compositeurs. Il a animé des ateliers d’écriture et de partitions graphiques avec des personnes de toutes sortes. Fil Berger, je, donc, est un improvisateur qui compose et performe en forgeant ses propres outils, ses champs lexicaux, ses instruments, sa présence au monde en les mettant sans cesse en variation continue. Son travail est la recherche de convergences multiples entre... l’idée et la pratique du « baroque » et... la pratique et l’idée de l’insurrection « œuvrière » autonome.

2 commentaires à propos de “#photofictions #09 | Densités”

    • Merci beaucoup Perle pour ton message ! Avec ce texte, j’ai un peu l’impression d’être moi-même hors champ…