#photofictions #04 | Mansfield

Katherine Mansfield

La coiffure au carré très courte au ras des oreilles, typique des années vingt, la frange rebelle, qui se sépare en deux, un chemin vers l’ailleurs, le visage long, émacié, peut-être la maladie l’a-t-elle déjà sculpté, les sourcils déterminés, les yeux regardent au-delà de l’objectif, ils se perdent au loin, incontournable retour vers là d’où l’on vient, partir et toujours revenir, le cou fin descend droit dans le prolongement de la ligne du front, du nez, dans le buste entre les deux pans d’un col aux lignes horizontales noires et blanches rejoints comme deux rives par un tissu blanc, ce col qui attire le regard dans le bloc formé par le buste et les bras dont on ne distingue pas la forme, puis surgissent les mains comme détachées du corps, on les dirait soudées par les pouces, elles enserrent quelque chose qui ne semble pas être une tasse, elles s’agrippent à l’objet comme s’il allait leur échapper, on croirait presque qu’elles modèlent de l’argile en tout cas qu’elles sculptent, saisies au beau milieu d’une action, elles sont le prolongement du buste vêtu de noir qui se détache sur un rideau blanc dont on ne sait s’il dissimule une autre pièce ou une fenêtre mais dont on peut presque affirmer de par cette action même qu’il n’a pas été placé là pour faire office de fond par le photographe.

A propos de Catherine K.

Mon nom complet est Catherine Koeckx (prononcer Kouks). Citadine depuis toujours mais avide de nature et de grands espaces que je partage par la photo ou l’aquarelle (www.catherinekoeckx.be), je suis aussi passionnée par la ville (@bruxelles_autrement). Bruxelles mais pas que... J’ai publié Le Guide lovecraftien de Providence en 2021 (disponible sur Amazon.fr ou sur commande privée). Je viens de lancer mon blog littéraire Itinéraires pluriels (https://itinerairespluriels.wordpress.com).

11 commentaires à propos de “#photofictions #04 | Mansfield”

  1. Une belle description qui aurait peut etre voulu voir plus loin derriere l’image et ces yeux sombres qui gouffre.

  2. A qui, à quoi pense-t-elle, quelle est sa vie avec ses mains qui ont leur propre vie… Les sous-entendus, suppositions, incertitudes (« on croirait, « dont on ne sait » « on peut presque ») de cette belle description entretiennent le mystère de cette énigmatique jeune femme. J’aime beaucoup.
    Merci

  3. Bonjour Catherine,
    Le texte qui fonce vers l’avant, fuit à l’arrière et s’ancre solidement dans le mystère. Et les contrastes tranchés noirs et blancs. Sa voix à elle est finalement présente dans ce que le texte fait à la composition ! Prenant à lire.