#L3 | rentrées

La boulangère 

Les lycéens sont de retour, on va refaire du chiffre sur les viennoiseries et les bonbons Haribo, on aime mieux, pas tant pour le chiffre, pour la vie que ça apporte, tous ces mômes affamés de sucreries à l’heure du déjeuner et du gouter, c’est gai.. Tiens en voilà un qui doit rentrer en sixième, l’air complètement perdu, c’est que le lycée est vraiment grand, ça les écrase les petits sixièmes, c’est pas un petit nanti de par ici, le genre à  scooter dès la troisième. Il a une mine à prendre ses pieds pour longtemps encore. Pas le genre à craquer 10 euros rien qu’en bonbons non plus, s’il nous achète pour deux euros de nounours en gélatine, on sera content. Certains passent dans les neuf ans entre ces murs s’ils redoublent ou font une prépa, ils ont bien du courage. On finit par les connaitre, on les voit grandir des nattes au soutien-gorge, du sac sur le dos à la barbe, et puis un jour ils disparaissent comme ils sont apparus. Faut pas trop s’attacher non plus,c’est le manège de la vie.

Un pion 

Et voilà la nouvelle cargaison de mômes, les sixièmes flambant neuf, cartables et trousses achetés de frais, ces grands yeux innocents, ces airs paumés ne vont pas durer, faut en profiter tant qu’on les impressionne. Bientôt, vont se prendre pour des grands et me toiser de haut. Les mômes, je les aime déjà pas à l’unité alors en masse… Dans ce foutu palais éducatif, les couloirs sont larges comme des pistes de ski de quoi faire de la patinoire sur le carrelage, et les escaliers vastes comme des avenues, ils adorent faire du toboggan sur les rampes ces petits cons. Faut tout le temps cavaler après, les petits encore ça va, ils s’écrasent, en permanence je me régale à les tyranniser, mais leurs mines veules vont virer dès la quatrième en morgue et arrogance… ce qu’il faut endurer pour toucher 1400 euros…

L’exhibitonniste

Hmmm le délice de roder à nouveau, toutes ces adorables petites rues embusquées autour du gros lycée trop longtemps déserté, toutes ces adorables petites lycéennes en grappes ou isolées, jamais trop vertes… voilà le retour des adorables petites pisseuses aux farouches regards, regards en coulisse sur qui ? sur quoi ? sur moi ! je jouis, je jouis, je jouis, c’est mal je sais mais tant pis pour elles, qu’elles demandent à leur mère d’arrêter les socquettes et les bas nylon, les petits bonnets et les jeans moulants, je les adore, j’adore choquer ces petits bonbons, avec leur bouche cerise et leurs yeux affolés, affolés par qui ? par quoi ? par moi ! je jouis je jouis je jouis je sais c’est mal mais tant pis pour elles, ne saurais résister à ces gourmandises qu’on m’a patiemment caramélisées durant tout l’été…

A propos de Catherine Plée

Je sais pas qui suis-je ? Quelqu'un quelque part, je crois, qui veut écrire depuis bien longtemps, écrit régulièrement depuis dix ans, beaucoup plus sérieusement depuis trois ans avec la découverte de Tierslivre et est bien contente de retrouver la bande des dingues du clavier...

3 commentaires à propos de “#L3 | rentrées”

  1. Intéressant et dérangeant le troisième personnage. Et cette cohésion dans la malveillance dans ces trois voix, même si la première reste plus gentille, intéressant aussi.

  2. On voudrait tellement ne pas y croire – les trois personnages sont clairement campés, bravo !