Son eau noire

Elle me tient dans son reflet, son eau noire, sous sa coupe. Comme une barrière ni debout ni dressée, de ma hauteur cependant, qui avance, fermée, à ma hauteur maintenant. Son mascaret ? Elle est une seule vague en effet et à elle seule à se noyer. Elle m’inclut dans son environnement, indifféremment. Je suis avec lui inclusion à sa surface, dans sa forme. Cascade qui ne chute pas, avance. Elle a à peine un ronron, je pense qu’elle roule sur moi, elle s’arrête, va, elle m’arrête là. Aveuglement : je ne vois qu’elle. Évanouissement. Un ralentissement mortel. La chute y est suspendue. C’est la morgue qu’elle communique au portail coulissant — quelque part — s’ébranlant à son approche. Eau imbue.

Chris Burden, Deadman, 1972 (Photo Gary Beydler)

3 commentaires à propos de “Son eau noire”

  1. J’apprécie beaucoup votre texte (« la cascade qui ne chute pas » m’a violemment renvoyé à ma vague qui ne déferle pas).

    • Merci Laurent de votre passage (à ce niveau d’ancienneté, un mois et quelque, c’est presque de la spéléo !). Vous dites : en quelques lignes. Je réponds : une espèce de teaser… Et je garde dans un coin de ma tête vos dévoreurs de terre…