vers un écrire/film #04 | Bruxisme

Ça marche comme ça mord, ça ne marche pas, ça sarcle, ça traîne des pieds, ça laisse le sol en copeaux. Ça voudrait glisser, ondoyer, filer, tisser. Ça traîne des pieds. Et ça laisse derrière, des fils, des résidus d’étoffe. Ça ne parle pas ça se traîne. C’est sans accent, c’est du fond de la gorge, ça doute ça n’ose pas, ça ne sait pas bégayer, ça sort et c’est sourd, c’est un peu à côté, ça gicle, rouge et rauque. C’est l’eau dans la fontaine sur la place abandonnée. Ça ne parle pas, ça se traîne, ça se crispe, ça se relâche, vibrant, tendu, luisant comme la fente des cordes vocales. Ça ne parle pas, ça se traîne. Et ça racle et ça grince. C’est le bois gonflé et la porte qui s’ouvre défoncée d’un coup de pied. Ça ne s’ouvre pas ça coince. Dans le sommeil ça serre, ça se grippe et ça grince.

Alors tous les jours, ça chante. Ça attend que l’eau coule. Ça chante et ça espère le retour de l’eau claire.

Ça chante et ça attend.

A propos de Marion T.

Après tout : et pourquoi pas ?

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