Villes, Vieille, Vivante, Vaincue

Point d’orgue de pierres blanches grattées à l’os, resplendissantes et de porche ciselé, de statues perchées toute la place qu’on dirait occupée alors que ramassée sur la gauche, l’église. Au centre la route s’envole au dessus du pont métallique et bivouaque le temps d’un accrochage, fige la zone jusqu’au passage lent d’une minuscule ambulance mouvement de tassement d’ensemble vers l’eau sur la droite. Côté place l’œil y revient : pas de café en face pour les h tandis que les f vont à la messe mais une simple charcuterie, et toute cette beauté de flèche qui suspend son vol pour mieux se tordre au-dedans de l’eau dans un reflet plus compact et réel que la vraie perçant la voûte-maquette d’un ciel bleu impavide par où s’en saisir, non qu’elle s’élève en effet mais plutôt soutienne le tout entremêlé retenu ensemble au-dessous d’elle. Plus tard, on y adjoindra des boutiques sur le côté droit, le pont se perdant au-delà coupé net par le regard mémoire, et des arcades tant que nous y sommes, la petite ville suspendue gardant son allure endimanchée et provinciale d’autrefois. Exit la ville vieille.

Sur les ruines des hauts fourneaux désaffectés s’élève la ville symbiotique. Les constructions tout de dômes revêtues exhibent leurs murs de briques façonnées par les champignons. Les bâtiments d’allure ottomane emplissent l’azur perpétuel de leurs coupoles où s’activent les vers à soie et les araignées, dans la bio-intégration poursuivant son chemin en toute liberté. Ici, à proximité de la rouille conservée comme effigie d’un temps meurtrier et œuvre d’art témoin d’une lutte, l’architecture spirituelle a planté une graine devenue ville, absorbant toutes les complaintes du vivant et se manifestant dans toutes ses dimensions. Et la ville vivante bouge en effet en offrant les sons de ses bâtisseurs à l’oreille humaine qui ne meurt plus jamais de faim d’ennui et de solitude. Au sommet du plus haut fourneau orangé, afin de ne rien perdre du coucher de soleil illuminant l’ensemble, un humain porte son regard au plus profond des couches successives en cours de sédimentation, sur le spectacle en coupes de l’assemblage des terminaisons sonores ; stries de fils de soie des artères principales et d’araignées sur les transversales. Tandis que la programmation en lien avec le vivant au sein du bâtiment de l’architecture spirituelle dont la paroi vitrée laisse passer le regard, se meut avec l’agencement précis et délicat des insectes affairés. Et les habitants nouent des relations en paroles et musique émanant de la ville hybride et de son exhalaison d’animalité partagée.

Verre épais bloc chute angle inférieur gauche enfoncé dans la terre stérilisée. Rêver toucher le verre de l’extérieur et correspondre avec tout ce qui est. Verre épais transparence totale sur vide apparent, nudité enfermée décomposée ou plutôt pour qui sait, en transformations perpétuelles et interdites. Inaccessibilité. Verre épais, indéconstructible indestructible. Traces de mains plaquées, substances flottantes inarticulées anonymes, ensemble cordes vocales dans le chant qui s’élève s’élargit s’allonge se condense envahit la place sans prise à ne pas prendre. Silence et transformation, seule issue à l’intérieur du cube jeté effondré non vide, intériorisé contenu retenu prisonnier. Lire ensemble le lire ensemble, lire ensemble comme renouvellement de genre sexué toutes paroles détruites (et le monde est). Vitre cube de verre épais enserrant la folie de la joie contenue dans la glace de la vitre épaisse. Traits autistes de la fiction lire autrement, forêt obscure s’y perdre, peur, mal et chute mortelle. Zoom arrière sur bloc de verre épais balancé dans le désert terrestre. Dernier vestige de parlement humain. Pourtant atelier de fabrication en continu enfermé caché pour l’éternité. Pharmacopée aboutie. Architecture technologie transfuge aboutie jusqu’à sa destruction son enfermement. FIN tel que le Non finito y a pris fin en y enfermant toutes les peurs, les pleurs, les malheurs et les combats de la nuit des temps, dont le seul objectif était d’inventer des pratiques de liberté.

Eux

Le vide et le cube de verre dans lequel s’insèrent au sommet de la montagne, eux, qui s’évaporent dans une danse ne s’arrête jamais même quand elle s’arrête, elle passe et reste d’autres manières soulignée ici et là par les embrassades, non point à l’intérieur du cube de verre, ou plutôt du parallélépipède étrangement suspendu au dessus du vide pour ceux d’entre eux qui veulent surplomber le monde, leur monde, l’espace d’un temps avant de retourner sur le causse et recommencer de danser de toutes parts, entourés des montagnes bleutés qui les embrassent vu du hameau où j’ai posé le regard, quelque peu envieux et admiratif. Monde dans le monde gravissant un difficile sommet ou tentant de le faire par bonds successifs innocents ou lucides sur ce qui les attend, mais convaincus que plus rien ne les arrêtera maintenant qu’ils sont partis, attention à l’hégémonie qui ne dit pas son nom, utiliser la force de l’ennemi plutôt que le contraire, alors s’armer pour savoir le faire. Que la ville dansante du haut plateau ne perde pas de vue l’essentiel qui n’est pas de l’amusement mais plutôt danses et chants profonds remontés des temps anciens de l’humain enserré de vivants pour ensemble s’aider à perdurer. Tendre la feuille de route en dansant, la tendre haut fort et gaie. La tendre dans la transe de leur équipé sauvage et résistante.

Me

L’aquarium refuge-vie ; au dehors le ciel est blanc, le vent se lève, tout est poussière figée dans l’espace flottant. Le soleil de plomb, insoutenable, fait couiner les rares feuillus se recroquevillent et meurent. Les prunes, espoir de nourriture déjà cuites sur l’arbre expérimental, prêtes à la consommation, toutes chaudes et salivantes et soudain, battent en retraite prudemment pris dans l’étau métallique ambiant les cueilleurs, jusqu’à la maison aquarium, referment la porte vitrée sur le sas, tous les regardant venir les mains ventouses efficacement collées à la paroi de l’autre côté. Reconnexion des branchies et entrée. Vu de haut, ça caracole gaiement à l’intérieur, semble avoir du bon d’être redevenu poissons d’un bond, même si la douleur infinie de l’intensité ressentie dans les interstices explorés auparavant, le très haut et le très bas, zones de tous les dangers à affronter, est ce qui frémit le mieux − on aurait dit la peau d’un mammifère courant le long de ses flancs − et a été sera annihilé. La question posée avant qu’iles ne meurent était : est-ce que tout ton cœur était à l’écriture là-bas ? Et j’t’en fiche : n’occasionnait aucun sursis.