Interstices

Absence de centre à expérimenter à l’intérieur, membres épars, filaments de routes sans bords et constructions comme au hasard, pustules des maisons à trois étages enfoncées dans les collines trop raides. Vide de la place, en hiver Tachkent sur cinq cent mètres carrés, en été ceux qui attendent comme après la fin et regardent. Il n’y a que des spectateurs. Trouvé ton miroir, ton point fixe.

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Extirpé des ruelles dévalées, c’est la ligne de la grille, barres en X. L’affiche annonçant la surveillance vidéo et collé dessus un post-it vert avec un poème sur l’œil. S’ouvre l’espace offert par le tremblement de terre en aplomb du précipice. A minuit la lumière tombe et constitue la scène comblée par le vide, précision exacerbée des lignes, des écorces, des blocs de pierre poreuse. Chœur de la fontaine : paroi dessinant une arche de vide, bassin rectangulaire, jet oblique, immobile.

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Un rectangle aux coins arrondis, empilement de feuilles, un autre livre, pas simplement sale mais comme traversé par la rouille et la poussière fine, et s’y jeter en regards pour éviter les visages rongeant à distance d’un poing. La toile paysage est défilée d’un côté et enroulé de l’autre, très tendue, grands à plat, rares taches, et toutes les flèches dont ne saura ni la pointe ni la couleur. Et au revers, quelle autre illusion de voyage ?

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C’est plus la veille amie qui entoure sans caresser, la pluie derrière le pare-brise. Enfermé immobile, le dehors s’approche et s’offre sans se tordre, spirale du symbole de lance à incendie sur sa boite vide, puis la route dans la tranchée, ils roulent dans leur tombe, sans regard pour la voie romaine qu’ils longent et qui est exactement sous toi, et sur l’autre rive des arbres qui échappent au langage, sauf pour le mot jaune, ils ne sont que jaune, elle, sombre, recense tous les ginkgo de Rome.

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Assumant la posture du crucifié, la pointe des doigts rencontre un mur à gauche, un autre à droite qui délimitent la saignée de la lumière, scellée d’un ruban de ciel, opposée la pente du tuf usée. Agrandi encore le labyrinthe devient une case de damier, c’est-à-dire le carré de la rencontre. L’un monte, l’autre descend, sans que nul ne sache le jeu.

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Nuit : nulle profondeur. Entre, porte à l’abandon du délimitatif, du genre, de la nomination.  Pas approcher, laisser tomber, venir. Perdre la protection de la distance. Les cris des chiens sur les joues. Les plages de temps entre chaque bruit sont l’étendue de la peau.

A propos de Tristan Mat

Tristan Mat vit. Ailleurs. Il écrit. A la main. Site http://www.tristanmat.net/ Profil Facebook: https://www.facebook.com/tristan.mat.735

Un commentaire à propos de “Interstices”

  1. La flèche pointe l’endroit où il est demandé de porter le regard. Ca bouge où est le centre? De partout bien sûr et nul part. C’est toujours une illusion mais on rentre dedans et on ouvre les yeux le sens de la flèche attire l’oeil on la suis.