#double voyage SV

# 05 Nicolas Bouvier

Voiture : réussir à faire passer un fil avec un nœud au bout, accrocher le bitonio (la tirette) qui bloquait la porte en position fermée, les clés restées sur le tableau de bord, et après de nombreuses tentatives réussir l’exploit. Prendre enfin la route pour l’étape Plymouth- Hayle.

Ville morte : zigzaguer dans les rues à la recherche d’une boutique ouverte pour acheter de quoi se nourrir. Tout est fermé, c’est un lundi.

Pré : au bord d’une route tranquille, un lieu où défouler nos corps en manque de mouvements. Des arbres sombres au fond laissant imaginer une forêt et l’espace d’une niche possible.

Météo : de petites pluies fines agrémentent l’étape. Les essuie-glaces fonctionnent bien ! Nous sommes bien dans le cliché de l’Angleterre.

Livre : trouver le temps de lire autre chose que le guide bleu. Pour une survie mentale. Se garder soi.

Touristes : nous ne sommes pas les seuls à avoir choisi de venir à Land’s end. Envie de meurtres.

Langues : des mots qui surgissent de partout, dans des dialectes variés, auxquels on ne comprend rien, et au final on peut se sentir seuls et bien.

Bruyère : et si le voyage jusqu’ici n’avait été que pour cela, fouler cette lande et colorer son regard du mauve tant aimé. Le chaos de rochers, la lande, la bruyère.

Vue : la terre est terminée, la houle fait son job, frappant les falaises sans répit, et juste pouvoir dire je suis allée au bout des terres.

#03

De l’inquiétude d’être, il faut faire avec, et apprendre à louvoyer entre ce qu’il faut être, pour continuer à vivre en société, et ce qu’il en est réellement de soi, apprendre à se protéger et ne pas se laisser gagner par les désirs des autres qui vous côtoient, ne pas se laisser voler ou détruire sa propre dispersion d’où l’on ne souhaite pas revenir, que l’on souhaite habiter, même si elle est jugée mauvaise ou nocive — et de quel droit peut-on dire cela — et tenir entre ses doigts cet état d’être, c’est à dire se tenir à distance de ce qui perturbe, ce qui semble là pour nous écarter de nous-même. Mais pourquoi tu ne parles pas, fais un effort, on dirait que tu n’es pas là, t’as pas décroché un mot de toute la matinée, il faudrait toujours être comme-ci ou comme ça, sourire et rire avec les autres, il faudrait avoir un avis sur tout, soutenir une conversation où l’on parle de choses sans intérêt, il faudrait ne pas s’isoler ni se plonger dans un bouquin, être toujours pleine d’attentions pour les autres, aller au devant de leurs désirs, sourire, faire des projets ensemble, il faudrait montrer un entrain spontané et ne pas laisser suspecter une lassitude ou même un dégoût pour ce qui est proposé, être toujours prêt comme la devise des scouts d’autrefois, et être encore partant à la veillée pour une partie de cartes, pour rester ensemble, et faire corps. Eh bien cette fois ce sera non.

Parler. Toujours parler. Et toujours répondre aux questions des uns ou des autres. Et pourquoi. Et depuis quand. Et où. Et comment. Ah le pourquoi du comment, toujours. Ce n’est pas ça qui compte. On n’est pas là pour ça. On n’est pas là pour voir des gens. Enfin pas ceux-là. C’est ceux d’avant qu’on veut rencontrer. Ceux du songe et d’entre les lignes. Ce sont eux, uniquement eux. Et il faudrait même dire elles. Ce sont elles qui comptent. De ce qu’elles ont écrit ne pas pouvoir se détacher. De tous leurs livres. De tous les fragments. Juste se tenir à la croisée de leurs mots. De ce qu’elles ont vu. Impossible de s’extraire de ce qui a été lu. Impossible de les oublier. De continuer à vivre sans. Il y a des mots qui hantent. Il y a des personnages de romans qui sont présents. Il semble qu’ils marchent tout près. Il semble bien qu’ils sont même à l’intérieur. Il y aurait presque des phrases entières. Elles seraient prêtes à franchir la barrière des lèvres. Elles guideraient les pas. Nul besoin d’autrui. Ne reste qu’à se détacher d’un réel. Basculer dans ce qui importe. Demeurer là où nul ne peut atteindre. Alors toutes ces questions intempestives qui n’en finissent pas…Les balayer d’un geste de la main. Et tu viens d’où. Tu fais quoi comme métier. Et tu voyages seule. Stop. Revenir à l’essentiel. Ne rien entendre. Ne pas parler la langue. Ça c’est bien. Rester dans sa bulle. N’être qu’une ombre.

#02|Arrivée dans la ville

Le ferry se nommait « Falaise » et c’était lui qui allait les acheminer vers cet ailleurs, par lui que se réalisait sa première sortie du territoire, et un peu aussi sa sortie d’elle-même, et pendant ces quatre heures de traversée de la Manche, sous un mauvais temps dont on n’aurait pas imaginé que cela soit possible en cette fin de mois d’août — la pluie, le vent, le froid, la grisaille et la houle — mais il fallait affronter tout cela pour découvrir l’Angleterre et quelque chose de soi, les pensées qui remuent autant que le ventre est remué par cette sorte de tempête ou tout au moins qui est vécue comme telle, et que l’on aimerait bien arriver rapidement, et ces quatre heures qui semblent durer une vie, et enfin la voiture peut sortir du ferry, et si les visages sont bien pâles les forces renaissent vite parce qu’il faut se hâter et que ça y est il faut désormais rouler à gauche et ne pas oublier après les ronds-points de reprendre la bonne voie, et on quitte très rapidement Newhaven, ville à l’embouchure de l’Ouse, la rivière où s’est noyée Virginia Woolf, mais à ce moment-là on ne sait rien de tout cela et il faut juste s’éloigner de là et se diriger vers Southampton pour rejoindre l’auberge de jeunesse réservée, alors on roule, le nez collé à la vitre de la voiture, s’étonnant de la monotonie de ces maisons alignées toutes semblables. Le beau temps est enfin revenu, et les couleurs aussi reviennent sur les joues, et la faim s’invite à son tour et l’on grignote dans la voiture chips, pommes et gâteaux, on n’est pas difficile et l’on chante pour signifier que tout va bien et que le séjour va vraiment commencer, et au bout d’un temps dont ils ne savent plus grand-chose, sans doute au moins trois heures, Southampton se profile et apparaît plutôt plaisante avec ses longues avenues, mais il faut encore beaucoup errer avant de trouver l’auberge de jeunesse, que l’on espère meilleure que celle de Dieppe où le sommeil ne fut pas très bon, et enfin l’A.J. dénichée, s’installer dans un dortoir, filles d’un côté, garçon de l’autre, et après un brin de toilette, enfin marcher dans les rues de la ville, fixant les façades et les passants, tout cet inconnu dont se nourrir, à la recherche d’un restaurant pour apaiser la faim.

Jour dénoué. Sortir de l’Eurostar. Poser le regard. Laisser Saint Pancrace. Se perdre dans la langue. C’est cela qui est recherché. L’ailleurs par les mots. Penser dans sa langue. Le bruit de fond de mots anglais. Les noms de rues à retrouver. L’itinéraire est tracé. Se perdre dans les mots. Avancer entre ce qui fait obstacle. Le plan entre les mains. Le trajet est tracé. Il n’y a plus qu’à. Se heurter sans doute aux passants pressés. Prendre le temps de l’hésitation. La vue qui s’insinue en méandres. L’eau de la langue qui cogne. Corps qui se creuse. Marcher du pas de quelqu’un qui sait. Mais ne pas savoir. Avancer. Bifurquer. Revenir sur ses pas. Une vie quoi. Savoir pourquoi être ici. Bien réaliser la vanité de ce séjour. Tout est buée. Écran de fumée. Avancer. Le trottoir mouillé. Longer The British Library. Venir là plus tard. Il n’est pas encore temps. Besoin de marcher. Emprunter les rues moins importantes. Besoin de ralentir. Oublier le brouhaha de la gare. Les mains tendues. Laisser le corps s’apaiser. Prendre le temps de l’arrivée. De l’effleurement de la ville. De ses pierres. De son sol. De ses streets. De son stress aussi. Prendre la direction du logement trouvé. Le choix du quartier entre Gordon square et Tavistock square. Pour les noms. Pour l’emplacement. Pour rester dans l’imaginaire. Pour prolonger les songes. Pour pouvoir écrire Bloomsbury. Ressentir. Pensées rétractées. À transpercer le voile des sensations. Pour le trouble infusé. Le sillon qui s’inscrit dans le corps.Le tatouage sur les cordes vocales. Autour le bruit de la circulation. Rester vigilant au sens des voitures. Ne pas oublier. Écouter ce que les autres ne savent pas. Ce qui se tait autour. Rester dans l’invisibilité. Mais l’habitude est prise depuis longtemps. Ce ne sera pas difficile. Puis s’abreuver aux lèvres des livres. Pour retrouver vie. Avancer encore. L’arrivée est proche. S’arrêter dans le square. Chercher le buste. Rester devant. Comme un enfant. Il y a des priorités. Tout ne s’explique pas. Ce n’est qu’une statue. Mais fouler le sol de ce square est symbolique. La vie a besoin de symboles. Vivre avec ces éclairs. Ces intuitions sans mots. Insuffler ces élans. Lever les yeux vers les maisons autour. Après rejoindre le lieu de résidence qui est là. Traverser la rue. Se dire que c’est fait. Enfin juste un petit peu de ce qui est prévu. C’est un bon début.

#1 la nuit d’avant

1/ Assise sur le rocher de secours, juste avant la venue de la nuit afin de voir s’allumer les lampes des hameaux sur l’autre versant et pouvoir s’enivrer de la litanie des noms d’ici, avant d’avoir à énoncer ceux de là-bas, dans cette langue qu’il lui faudrait apprivoiser même si elle n’avait pas de si mauvaises notes que ça au lycée, mais c’était surtout à l’écrit il faut bien l’avouer, l’oral la laissait souvent sans mots ou sans répartie ou vivacité d’esprit nécessaire pour entretenir une vraie conversation, elle se contentait de réponses brèves qui ne relançaient pas les échanges, alors assise là sur son rocher de granit au bord du chemin qui conduit dans la forêt et les errances de toujours, elle prend le temps de profiter de cette dernière soirée avant le départ demain matin, peut-être pour voir le monde de plus haut ou de plus loin, d’habituer son esprit à l’idée que demain elle serait loin d’ici, de ses paysages nécessaires à sa vie, elle pensait même à sa survie, mais pourquoi avait-elle accepté ce voyage, comment avait-elle pu penser un seul instant qu’elle en avait envie, mais une fois les préparatifs avancés il n’était bien sûr plus question de revenir sur cette décision, et demain elle monterait dans la voiture avec son sac qui était prêt bien sûr, il n’était pas question d’oublier quoi que ce soit pour traverser quinze jours de sa vie en terre étrangère. Les jambes pendant dans le vide entre le rocher et le pré aux mousserons, le buste bien droit pour ne rien perdre de la vision, elle fixait le versant de l’autre côté de la vallée, guettant les lumières qui traceraient ainsi la route qui reliait les hameaux les uns avec les autres, elle marmonnait leurs noms pour se rassurer ou pour calmer le flux de sang qui cognait et ces battements de cœur qui prenaient un rythme qu’elle n’aimait pas, alors oui elle avait pleinement conscience qu’elle n’avait pas envie de ce voyage, mais qu’elle partirait malgré tout, les autres ne comprendraient pas sinon, mais cet instant lui appartenait encore, et sa main caressait les touffes de lichen agrippées sur la pierre, comme on caresse le dos d’un chien aimé et que la main passe et repasse dessus, pleine de cette tendresse même minuscule, qu’il faut bien donner pour ne pas exploser. Elle avait dix-sept ans et demain elle partirait en voiture avec son frère, sa compagne et sa sœur de seize ans pour une découverte de l’Angleterre, et son regard plein de larmes se noyait sur les paysages d’ici.

Face à l’écran d’ordinateur. Comme devant un pare-brise qui s’effeuille. Se brise plutôt. S’étoile sous un coup étranger. Une flaque gelée. Et d’une pierre lancée. Et les failles qui en résultent. Le dessin qui se forme. Une prison qui écarte ses barreaux. Toutes ces fenêtres ouvertes. Ces miniatures d’images étalées. Pour imaginer encore. Ce que sera ce drôle de voyage. Ce vrai-faux périple. Cette avancée insolite. À droite la fenêtre donnant sur le jardin. Sur cet au-delà de la nuit. Et du temps qui passe. L’impression d’un grand silence. Sur le bureau, crayons, stylos, carnets, livres. Sur l’étagère du bureau, les photos nécessaires. Et les références de livres qui seront utiles. Les sites sur internet aussi à visiter. Les musiques à écouter. Les photos à consulter. Les cartes à étaler. Cela commence demain. Ce soir c’est encore les éclats du songe. Et l’irréalité d’un possible Une échappée sur un dehors. A-t-il une existence ? Un dehors appréhendé du dedans. Avec ses failles. Ses incertitudes. Ses turbulences. Un dehors sans paroles vraies. Juste un train de nuages. Les yeux, les doigts. Et choisir sa voie et sa voix. Pour dire. À l’affût toujours. Des assonances aussi. De la langue où replonger. Et des répétitions. Ne pas les craindre. Les dompter. Et les lambeaux dans la tête. Et les fils qui les rejoignent. Et la joie. Car il y a de la joie. Enfin joie c’est un peu grand. De la douceur suffira. Ou du désir à l’idée de découvrir ces lieux. Où elle a vécu. Où elle a écrit. Où elle a ri. Alors l’envie comme fer de lance. L’heure de départ est 10h20. Celle de l’arrivée 16h30. Entre les deux le bercement du train. Ou le songe. La valise dans le réceptacle à bagages. Le sac à dos près de soi. Mais rester encore dans cet avant. Cet instant improbable. Et résister au vide. C’est si fragile tout ça. Une petite peur dans le ventre. Presque rien. Les chiffres sur le cadran du réveil qui changent. Guetter le chiffre qui se profile. Attendre encore le suivant. Les mains à plat sur le bureau. Puis à déplacer un stylo, un livre. À passer le temps. Ouvrir un livre. Faire semblant de lire. En feuilleter un autre. Et encore un autre. Soudain s’agripper à un mot. Le garder en bouche. Le murmurer. Le faire tourner entre ses lèvres à le faire éclater. À lui enlever toute signification. À le déposséder de lui-même. À l’user. S’emparer de lui. Saugrenue. Voilà c’est tout à fait ça. C’est une idée saugrenue. Un voyage saugrenu. Saugrenu.

#voyages | # 02 Arrivée dans la ville

Le ferry se nommait « Falaise » et c’était lui qui allait les acheminer vers cet ailleurs, par lui que se réalisait sa première sortie du territoire, et un peu aussi sa sortie d’elle-même, et pendant ces quatre heures de traversée de la Manche, sous un mauvais temps dont on n’aurait pas imaginé que cela soit possible en cette fin de mois d’août — la pluie, le vent, le froid, la grisaille et la houle — mais il fallait affronter tout cela pour découvrir l’Angleterre et quelque chose de soi, les pensées qui remuent autant que le ventre est remué par cette sorte de tempête ou tout au moins qui est vécue comme telle, et que l’on aimerait bien arriver rapidement, et ces quatre heures qui semblent durer une vie, et enfin la voiture peut sortir du ferry, et si les visages sont bien pâles les forces renaissent vite parce qu’il faut se hâter et que ça y est il faut désormais rouler à gauche et ne pas oublier après les ronds-points de reprendre la bonne voie, et on quitte très rapidement Newhaven, ville à l’embouchure de l’Ouse, la rivière où s’est noyée Virginia Woolf, mais à ce moment-là on ne sait rien de tout cela et il faut juste s’éloigner de là et se diriger vers Southampton pour rejoindre l’auberge de jeunesse réservée, alors on roule, le nez collé à la vitre de la voiture, s’étonnant de la monotonie de ces maisons alignées toutes semblables. Le beau temps est enfin revenu, et les couleurs aussi reviennent sur les joues, et la faim s’invite à son tour et l’on grignote dans la voiture chips, pommes et gâteaux, on n’est pas difficile et l’on chante pour signifier que tout va bien et que le séjour va vraiment commencer, et au bout d’un temps dont ils ne savent plus grand-chose, sans doute au moins trois heures, Southampton se profile et apparaît plutôt plaisante avec ses longues avenues, mais il faut encore beaucoup errer avant de trouver l’auberge de jeunesse, que l’on espère meilleure que celle de Dieppe où le sommeil ne fut pas très bon, et enfin l’A.J. dénichée, s’installer dans un dortoir, filles d’un côté, garçon de l’autre, et après un brin de toilette, enfin marcher dans les rues de la ville, fixant les façades et les passants, tout cet inconnu dont se nourrir, à la recherche d’un restaurant pour apaiser la faim.

Jour dénoué. Sortir de l’Eurostar. Poser le regard. Laisser Saint Pancrace. Se perdre dans la langue. C’est cela qui est recherché. L’ailleurs par les mots. Penser dans sa langue. Le bruit de fond de mots anglais. Les noms de rues à retrouver. L’itinéraire est tracé. Se perdre dans les mots. Avancer entre ce qui fait obstacle. Le plan entre les mains. Le trajet est tracé. Il n’y a plus qu’à. Se heurter sans doute aux passants pressés. Prendre le temps de l’hésitation. La vue qui s’insinue en méandres. L’eau de la langue qui cogne. Corps qui se creuse. Marcher du pas de quelqu’un qui sait. Mais ne pas savoir. Avancer. Bifurquer. Revenir sur ses pas. Une vie quoi. Savoir pourquoi être ici. Bien réaliser la vanité de ce séjour. Tout est buée. Écran de fumée. Avancer. Le trottoir mouillé. Longer The British Library. Venir là plus tard. Il n’est pas encore temps. Besoin de marcher. Emprunter les rues moins importantes. Besoin de ralentir. Oublier le brouhaha de la gare. Les mains tendues. Laisser le corps s’apaiser. Prendre le temps de l’arrivée. De l’effleurement de la ville. De ses pierres. De son sol. De ses streets. De son stress aussi. Prendre la direction du logement trouvé. Le choix du quartier entre Gordon square et Tavistock square. Pour les noms. Pour l’emplacement. Pour rester dans l’imaginaire. Pour prolonger les songes. Pour pouvoir écrire Bloomsbury. Ressentir. Pensées rétractées. À transpercer le voile des sensations. Pour le trouble infusé. Le sillon qui s’inscrit dans le corps.Le tatouage sur les cordes vocales. Autour le bruit de la circulation. Rester vigilant au sens des voitures. Ne pas oublier. Écouter ce que les autres ne savent pas. Ce qui se tait autour. Rester dans l’invisibilité. Mais l’habitude est prise depuis longtemps. Ce ne sera pas difficile. Puis s’abreuver aux lèvres des livres. Pour retrouver vie. Avancer encore. L’arrivée est proche. S’arrêter dans le square. Chercher le buste. Rester devant. Comme un enfant. Il y a des priorités. Tout ne s’explique pas. Ce n’est qu’une statue. Mais fouler le sol de ce square est symbolique. La vie a besoin de symboles. Vivre avec ces éclairs. Ces intuitions sans mots. Insuffler ces élans. Lever les yeux vers les maisons autour. Après rejoindre le lieu de résidence qui est là. Traverser la rue. Se dire que c’est fait. Enfin juste un petit peu de ce qui est prévu. C’est un bon début.

A propos de Solange Vissac

Entre campagne et ville, entre deux livres où se perdre, entre des textes qui s'écrivent et des photos qui se capturent... toujours un peu cachée... me dévoilant un peu sur mon blog jardin d'ombres.

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