le double voyage | le RER A

En ce temps-là j’étais en région parisienne dans la Seine Saint Denis qu’on appelait tout juste le neuf trois je prenais le RER A tous les jours j’étais à Noisy-Le-Grand qui était le « Mont d’Est » et je m’embarquais du quai Z direction Cergy ou Saint Germain ils étaient « le haut » ou « en Laye » et je décomptais chaque station jusqu’au terminus ad quem jusqu’à l’Étoile au-delà de laquelle je ne suis quasiment jamais allée c’était l’Ouest et déjà l’ailleurs exotique l’autre lieu des noms qui ne m’évoquaient rien Houilles Malmaison Conflans et d’autres encore des lieux possibles vers lesquels on ne s’est jamais laissé guider le gouffre des Halles me happait sans cesse l’excitation de n’être jamais ici qu’ailleurs toujours de passage c’est sûr un jour en partir quitter le train je rêvais de proximité d’un tour de pâté de maisons quelque chose comme ça quelque part où on n’est jamais loin toujours prêt à se reconnaître à ne plus partir à explorer l’Ensoi pour un jour sans doute un jour proche pourquoi pas un jour c’est sûr se rejoindre et ne plus bouger.

A propos de Olivia Scélo

Enseignante. Bordeaux. À la recherche d'une gymnastique régulière d'écriture.

4 commentaires à propos de “le double voyage | le RER A”

  1. J’aime beaucoup cette longue phrase qui mêle le connu et l’inconnu, et l’idée que les noms Houille ou Malmaison, plus loin à l’Ouest puissent être exotiques.

  2. Merci pour vos commentaires, j’aime bien l’idée d’un exotisme tout proche, je n’ai pas besoin d’aller très loin !