y a foule

L’espace est rythmé, de secousses hoquetantes en ralentissements brutaux qui frisent l’arrêt mais n’y cèdent pas. Un jour, bloqué par la course à pied en sens inverse d’un quidam inspiré, le wagon s’est souri là.

Le jeu des regards d’un grand intérêt, tantôt qui rebondissent sur le miroir des vitres, tantôt qui évoluent en longeant le haut d’une épaule, glissant jusqu’aux yeux, redescendant aux pieds, à moins que tout bonnement un cillement qui clôt, économie d’expression imparable, ou encore c’est toute la tête qui se tourne, belles stratégies d’évitement.

Sous la lumière blafarde, joues creuses, crânes dégarnis, épaules contorsionnées, corps fatigués, dureté des regards, lumières crues, ombres nues.

Les assis planqués à lire, jouer, regards occupés, nous tout va bien, on vous traversera rapidement.

A observer. L’un est un porc-épic bardé, un autre un marécage gluant, le troisième un roc inaccessible, une fois et demi la taille des autres, sont-ils de la même espèce ? Inversement un rampant, comme l’autre jour sur cette ligne, ne trouverait pas sa place, sauf à dépasser des pieds divers. Se dégager est impensable, sauf à se mouvoir d’un seul tenant comme un seul.homme. Soudés les pieds hors sol en urgence absolue – pour quoi déjà ? – liés ainsi les uns aux autres ligotés étrangers se repoussant de toutes leur âmes, une image absurde de violence et vitesse interfère soudain, celle d’un type apparu entre deux voitures, descendant d’un bus, se présentant devant un qui promenait son chien en fredonnant « Est-ce ainsi que les hommes vivent » à moins que ce soit « Parlez-moi d’amour, Dites-moi des choses tendres… », bref le premier un, apparaît de nulle part torse nu en l’hiver, les épaules arrêtées

sans bras, ni gauche ni droit, le regard planté dans son vis-à-vis, «Un gars du cirque qui joue à se contorsionner» pense le gars surpris pour se raccrocher. «Et ça, qu’est-ce que t’en dis ?» en réponse lu sur les lèvres du surgi en vrai non-bras. Au milieu de cette rame, passerait inaperçu, jusqu’à ce que l’espace se déplie. Plus rien n’a sens on convoie.