#03 enfances Perdue, apeurée et pourtant…

Pourquoi, là, maintenant, gravit-elle les marches serrées, glissantes de cet escalier bleu et blanc, tel un tourbillon, un maelstrom qui l’attire vers le ciel incandescent ? Elle doit atteindre le sommet. Pourquoi, se dit—elle, tenter l’impossible ? Elle ne pourra pas le faire, elle le sait, ce grand saut dans le vide. Trop perdue, apeurée.

Je la vois pourtant qui s’agrippe à la main courante. Je vois ses doigts qui tiennent bon, ses jambes qui la propulsent de marche en marche. Elle s’appuie sur le béton de la rampe, rugueux, sur le caoutchouc des marches, rassurant.

Je la vois et j’imagine la plate-forme à trois mètres de hauteur. Tête baissée, elle ne la voit pas. Elle monte. Elle est sur le tremplin, à l’extrémité de la planche flexible. Sous ses pieds, l’eau scintillante de la piscine, une fosse, un gouffre. Tendue, pieds joints, elle prend son élan.

En elle, cette voix : cet envol, c’’est celui que j’ai connu dans les lacs de montagne, lors de mes vacances avec mes parents, le plaisir absolu de fendre l’eau limpide.

Je suis le poisson qui ondoie dans l’eau vive.

Je suis l’oiseau qui prend son envol, qui s’élève au-dessus du monde.

Je suis naïade, sirène. J’attire les passants par mon chant.

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