#gestes&usages #08 | #violence

« Je vais te tuer ! »
Le poids de tout un corps contre une porte entrebâillée, où résiste de l’intérieur une force équivalente.
« Je vais te crever ! »
Soudain, tous les voisins sur le palier.
La main à plat pousse, et le genou, la cuisse, l’autre pied cherche l’ouverture à forcer, à craquer, l’autre poing cogne et cogne et cogne au niveau de la tête de l’autre côté, la bouche hurle.
Soudain, une lame à la main.
La voix des voisins monte, exhorte, ordonne, s’ajoute au cris.
Deux d’entre eux se regardent, l’autre force, pousse, crie, envoie son poing d’où dépasse l’acier comme il peut dans l’ouverture qui s’évase un peu, se rétracte un peu moins. Les deux d’un même bond chacun sur un bras, mais le bonhomme est fort, « je vais le tuer », s’ébroue, se dégage presque, « fermez la porte » crient les voisins, « fermez », il rue, les deux appuient jusqu’à ce que genou, poignet, tout cède et que la police arrivée, l’emmène.
Il voulait seulement se venger.

A propos de Laure Humbel

Dans l’écriture, je tente de creuser les questions du rapport sensible au temps et du lien entre l’histoire collective et l’histoire personnelle. Un élan nouveau m'a été donné par ma participation aux ateliers du Tiers-Livre depuis l’été 2021. J'ai publié «Fadia Nicé ou l'histoire inventée d'une vraie histoire romaine», éd. Sansouire, 2016, illustrations de Jean Cubaud, puis «Une piétonne à Marseille», éd. David Gaussen, avril 2023. Un album pour tout-petits, «Ton Nombril», est paru en octobre 2023 (Toutàlheure, illustrations de Luce Fusciardi). Le second volet de ce diptyque sur le thème de l'origine, prévu au printemps 2024, s'intitulera «BigBang». Actuellement, je travaille à un texte qui s'alimente de la matière des derniers cycles d'ateliers.

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