le double voyage | Traces

Les petits citadins que nous étions prenaient le train tous les étés pour la campagne pas loin, odeurs d’herbe de foin de moisson de fumier, souvenirs de potagers de vergers de pieds nus sous l’orage, apprentissage de la nature

Les lycéens voyageaient vers les Alpes enneigées skis sur l’épaule, sac à dos rebondi pentes glissantes ciel bleu froid glacial descentes sublimes dans la poudreuse Tyrol Salzbourg Hohe Tauern Grossglockner Kitzbühel Schneeberg Ischl Innsbruck Heiligenblut paysages grandioses

La première coccinelle familiale remplie à ras bord d’enfants et de matériel de camping nous menait vers les plages italiennes, Caorle Lignano, soleil sable vagues bleues liberté Spiaggia di Levante Onda Azurra Campanile panini et mortadella je découvrais le monde et la lingua italiana

Envie de jardins anglais, de landes écossaises, de châteaux âpres, de vagues déferlantes. Envie de fjords sauvages, de falaises découpées, de neiges éternelles, d’aurores boréales, Kristiansand Stavanger Bergen Trondheim îles Lofoten Cap Nord Spitzberg

Le train traverse l’Europe, de la gare de l’Ouest à Vienne jusqu’à la gare de l’Est à Paris, la valise sans roulettes à traîner dans les couloirs de Châtelet encore sans tapis roulants, le petit hôtel en colocation du côté de Notre Dame de Lorette, Sacré Cœur, Montmartre, Tour Eiffel, la Seine, tous les clichés, tous les monuments et la vie liberté toute seule dans les rues, sur les avenues, les places, Luxembourg, Liechtenstein, Italie, je voyage sur place, au retour je rêve de l’Orient express, train luxueux de nantis, train d’autrefois, confortable, Paris Munich Vienne Budapest Bucarest Istanbul l’appel de l’Orient

Le Sud, la Méditerranée, Marseille, la traversée de la mer bleue, Alger Oran Tanger Berriane Ghardaia Marrakech Ouarzazate Volubilis Casablanca Mogador, puis s’enfoncer dans le désert mauritanien, dunes blondes, falaises noires, aéroport d’Atar, bibliothèque de Chinguetti marché de poisson de Nouakchott

Et les villes que je n’ai pas vu ou trop vite Milan Florence Sienne Pise Volterra Rome…et les marchés de Noël à Berlin à -14°, la grande place de Bruxelles et le Manneken-Pis tout petit…le New York de tous les livres…et toutes les autres villes qui m’attendent…et la préférée, ma ville, Wien, Vienne en Autriche, retour aux sources trop rare, toujours redécouverte, toujours aimée

A propos de Monika Espinasse

Originaire de Vienne en Autriche. Vit en Lozère. A réalisé des traductions. Aime la poésie, les nouvelles, les romans, même les romans policiers. Ecrit depuis longtemps dans le cadre des Ateliers du déluge. Est devenue accro aux ateliers de François Bon. A publié quelques nouvelles et poèmes, un manuscrit attend dans un tiroir. Aime jouer avec les mots, leur musique et l'esprit singulier de la langue française. Depuis peu, une envie de peindre, en particulier la technique des pastels. Récits de voyages pour retenir le temps. A découvert les potentiels du net depuis peu et essaie d’approfondir au fur et à mesure.