#40 jours # 20 | Le sommeil donne

La nouvelle donne UBER

En mélangeant les rêves de la nuit

En mélangeant les rêves de la nuit

Avec cette image

Avec cette image

Le livreur UBER debout comme un piquet

Le livreur UBER debout comme un piquet

Avec son carton de pizza chaude tenu à deux mains

Avec son carton de pizza chaude tenu à deux mains

Attend un pourboire et une nouvelle commande

Attend un pourboire et une nouvelle commande

Mais il est en zone blanche à Lyon

Mais il est en zone blanche à Lyon

C’est pour cela qu’il est tout rouge

C’est pour cela qu’il est tout rouge

On ne veut pas d’auto-entrepreneur dans les beaux quartiers

On ne veut pas d’auto-entrepreneur dans les beaux quartiers

Là où il y a des clients prémium et des restaurateurs huppés

Là où il y a des clients prémium et des restaurateurs huppés

On n’aime pas voir la misère dans les quartiers chics

On n’aime pas voir la misère dans les quartiers chics

Il aurait préféré vendre des ventilateurs et des éventails

Il aurait préféré vendre des ventilateurs et des éventails

Mais il attend toujours son client et son pourboire

Mais il attend toujours qu’on lui donne

son pourboire et son nouveau client

Rien à voir avec le rêve de cette nuit

Rien à voir avec cette nuit et le rêve de

Tout est parti avec l’image

Tout est parti avec l’image

On en sait pas davantage et guère plus

On en sait guère plus et pas davantage

Don passif

Elle s’ s’ennuie sur son amphore

Sur son amphore elle s’ennuie

On l’a collée au don passif

On l’a collée à cette tâche

Elle pose un pied sur ce qu’elle verse

Dans l’albâtre sec d’un bassin rond

Elle ne parle pas aux autres statues

Elle n’a rien à leur dire de plus

C’est une zone blanche

Un endroit où on ne se regroupe pas

L’eau si rare réclame le silence

Elle n’a rien à voir avec les statues

Le rêve est là dans cette attente

Personne ne nous en dira beaucoup plus

Même si le sommeil donne

Même si le sommeil donne

Eve et Adam

Toujours la même histoire

Elle donne Elle donne et lui

Il prend Il prend une pomme

au milieu en guise de litige

J’étais là avant non ce

n’était pas toi avant

Qu’est-ce que t’en sais

C’est une vieille histoire

avec la mer à boire

et le refrain salé d’une

dette mal acquittée

Il donne il donne et elle

prend elle prend la fuite

la tangente et poliment

désaccord ontologique

répété indéfiniment

La ville dort elle est complice

de ces mouvements

d’acharnement et de

désenchantement

essoré de tendresse

le soleil donne

il est content

le sommeil donne

il est savant.

A propos de Marie-Thérèse Peyrin

L'entame des jours, est un chantier d'écriture que je mène depuis de nombreuses années. Je n'avais au départ aucune idée préconçue de la forme littéraire que je souhaitais lui donner : poésie ou prose, journal, récit ou roman... Je me suis mise à écrire au fil des mois sur plusieurs supports numériques ou papier. J'ai inclus, dans mes travaux la mise en place du blog de La Cause des Causeuses dès 2007, mais j'ai fréquenté internet et ses premiers forums de discussion en ligne dès fin 2004. J'avais l'intuition que le numérique et l 'écriture sur clavier allaient m'encourager à perfectionner ma pratique et m'ouvrir à des rencontres décisives. Je n'ai pas été déçue, et si je suis plus sélective avec les années, je garde le goût des découvertes inattendues et des promesses qu'elles recèlent encore. J'ai commencé à écrire alors que j'exerçais encore mon activité professionnelle à l'hôpital psy. dans une fonction d'encadrement infirmier, qui me pesait mais me passionnait autant que la lecture et la fréquentation d'oeuvres dont celle de Charles JULIET qui a sans doute déterminé le déclic de ma persévérance. Persévérance sans ambition aucune, mon sentiment étant qu'il ne faut pas "vouloir", le "vouloir pour pouvoir"... Ecrire pour se faire une place au soleil ou sous les projecteurs n'est pas mon propos. J'ai l'humilité d'affirmer que ne pas consacrer tout son temps à l'écriture, et seulement au moment de la retraite, est la marque d'une trajectoire d'écrivain.e ou de poète(sse) passablement tronquée. Je ne regrette rien. Ecrire est un métier, un "artisanat" disent certains, et j'aime observer autour de moi ceux et celles qui s'y consacrent, même à retardement. Ecrire c'est libérer du sentiment et des pensées embusqués, c'est permettre au corps de trouver ses mots et sa voix singulière. On ne le fait pas uniquement pour soi, on laisse venir les autres pour donner la réplique, à la manière des tremblements de "taire"... Soulever l'écorce ne me fait pas peur dans ce contexte. Ecrire ,c'est chercher comment le faire encore mieux... L'entame des jours, c'est le sentiment profond que ce qui est entamé ne peut pas être recommencé, il faut aller au bout du festin avec gourmandise et modération. Savourer le jour présent est un vieil adage, et il n'est pas sans fondement.

3 commentaires à propos de “#40 jours # 20 | Le sommeil donne”

  1. Très difficile ce #20 vous vous en sortez bien je trouve et c’est intéressant d’observer ce mouvement en deux temps comme pour retenir quelque chose quelques photos le matin et le texte plus tard … il faudrait que j’essaie ça écrire rien deux temps peut-être même à quatre j’aime le bruit de ces moteurs là

  2. Oui, le mot clé  » donne » ouvre tellement de possibilités que d’ailleurs certain.e.s ont tenté d’énumérer que je n’ai pas voulu me précipiter , et faire la même chose. Plutôt faire un pas de côté et me servir du choix aléatoire dans mon grand stock de photos personnelles. C’est là que j’engrange depuis des années des traces, des « intants de vie » que je saisis comme je pourrais cueillir des fleurs dans un champ. Tout est impermanence autour de nous, on le sait depuis la sagesse chinoise antique et c’est avec le souffle du regard qu’on pousse devant soi les images plus ou moins marquantes. Elles sont pour la plupart anecdotiques tandis que certaines ont une importance affective unique, je les mélange… Le texte vient facilement quand je sais avoir déjà réfléchi et lu à propos de telle ou telle thématique. J’essaie de me surprendre moi-même avant d’essayer d’intéresser les personnes qui lisent. Je crois que c’est cela qui me plaît. Peut-être plus la contrainte de vitesse que de consigne, rendre copie tous les jours est un challenge qui oblige à plus d’humilité, je ne me sens pas tenue à la performance , ni à la flagellation. J’écris… Pour le temps, j’ai les mêmes réserves que vous, moins on en a, plus on en a potentiellement pour trancher dans la procrastination. Des fois ça bloque et c’est normal…

  3. j’ai parcouru tout cela comme un leitmotiv qui se serait modifié un peu à chaque ligne mais pas trop, juste ce qu’il faut pour qu’on ait la sensation de suivre le fil d’un récit…
    et ça a l’air d’être vraiment une vieille histoire !