#40 jours #35 | ce ne sera jamais notre rue

Avoir sa rue. Sa rue pour soi tout seul. Sa rue, notre rue, son appartement dans un immeuble, pas notre immeuble, pas notre rue, pas tous les appartements, seulement le sien et pas sa rue, la rue de tous, la rue pas qu’à nous. Voilà ce dont nous rêvons ou ce dont je rêve. Ma rue, mon immeuble, mes appartements, mon chez moi dans ma rue, ma rue pour moi toute seule. Notre endroit, notre horizon, nos pancartes, nos sens interdits, nos possibilités de tout changer parfois, réagencer, réajuster, rediriger comme nous voulons, comme nous aimons, comme nous rêvons. Rêver qu’autour de soi, ce soit chez moi, rêver qu’au gré des envies, je pourrais tout transformer, tout réinventer. Mais ce sont « eux » qui transforment, c’est « la ville » qui décide, ce sont « les plans d’urbanisation  » les « PLU », les « élus », les « architecturaux », les « ceux qui savent » qui dessinent, détruisent, construisent, sans jamais te demander, sans jamais te consulter, sans jamais vérifier qu’ils ne sont pas en train de te briser tout ce que tu aimerais voir réaliser. Autour de nous, ils ont arrachés les arbres, autour de nous, ils ont enlevé l’impasse et mis des voitures, autour de nous, ils ont planté un sens interdit que la police s’est empressée d’emprunter, autour de nous, ils ont construit un parking gratuit qui n’a déjà plus de place, autour de nous, ils vont agrandir l’école qui n’en peut déjà plus, autour de nous, ils ont instaurés le centre de vaccination et son défilé incessant, autour de nous, ils ont bétonnés, meublés, arrachés, creusés, de jour, de nuit, sans jamais s’arrêter. Autour de nous, on construit continuellement, et je ne cesse de penser, « heureusement, à quelques pas de là, il y a la forêt » « heureusement, à quelques pas de là, il y a les arbres et la paix », « heureusement, à quelques pas de là, il y a » –

Pourvu que l’ONF ne décide jamais de tout déforester –

A propos de Clarence Massiani

J'entre au théâtre dès l'adolescence afin de me donner la parole et dire celle des autres. Je m'aventure au cinéma et à la télévision puis explore l'art de la narration et du collectage de la parole- Depuis 25 ans, je donne corps et voix à tous ces mots à travers des performances, spectacles et écritures littéraires. Publie dans la revue Nectart N°11 en juin 2020 : "l'art de collecter la parole et de rendre visible les invisibles" voir : Cairn, Nectart et son site clarencemassiani.com.

2 commentaires à propos de “#40 jours #35 | ce ne sera jamais notre rue”

  1. Machine implacable de l’urbanisme.
    Rien n’est définitivement à nous.
    Il reste les arbres ?
    Merci Clarence !