#40jours #02 | ping-pong


Le verre est tombé, ils n’ont qu’à pas, aussi, jouer ici, le ping-pong c’est dehors, bien sûr ça allait arriver, avec la minuscule table déployée du mur et qu’il faut rabattre après manger, mais faite donc pour manger, et pas ping, ping… La mère essuie une larme. C’est les vacances et c’est la fatigue. Dans le mobil-home voisin, la radio est allumée, antenne dressée comme une oreille de berger allemand vers les petits crimes du jour, dans un carton pizza, la moitié d’une calzone. Les bungalow, leur lotissement jetable. Les tentes plus loin sont les flammes séparées d’un grand feu, les toiles s’éclairent de l’intérieur, d’une lampe frontale qu’on aura décranée pour la fixer en mousqueton de tipi. Une mauvaise partie de cartes et six bâillements pour un as. Une cuillère ici, qui n’a plus fait son missionnaire depuis le dernier gosse, et qui préfère s’encastrer sans bruit ni sexe, comme deux oreilles de chiot s’enroulent dans un panier. Il émiette sa beuh, lèche deux petites feuilles pour faire grande OCB. Le bébé attrape du lait  au sein de sa mère et l’on dirait, à cause du pointu, qu’il suçote une tente. 

A propos de Milène

Milène Tournier est une auteure de théâtre, poésie et formes numériques. ( L’autre jour, ed. Lurlure; Poèmes d’époque, préfacé par François Bon, ed. Polder; Nuits, ed. La p’tite Hélène; Et puis le roulis, Ed. Théâtrales). Elle a écrit une thèse d’études théâtrales « Figures de l’impudeur ». Elle partage ses vidéos poèmes sur Youtube et écrit « en direct » sur Facebook.