A propos de Milène

Milène Tournier est une auteure de théâtre, poésie et formes numériques. ( L’autre jour, ed. Lurlure; Poèmes d’époque, préfacé par François Bon, ed. Polder; Nuits, ed. La p’tite Hélène; Et puis le roulis, Ed. Théâtrales). Elle a écrit une thèse d’études théâtrales « Figures de l’impudeur ». Elle partage ses vidéos poèmes sur Youtube et écrit « en direct » sur Facebook.

Carnet

Bus matutinal (mot plutôt de ma mère) et sens inverse on dit de la marche : toute la lune dans la vitre arrière. À l’avant, les places réservées en priorité 1) aux mutilés de guerre 2) aux aveugles civils. J’envoie la lune, ma mère répond oui hier elle était extraordinairement brillante. Et, mon petit frère, que la lune l’a empêché Continuer la lectureCarnet

#40jours #07 | le – 1 et le – 2 existaient le soir

À part les quelques tentes déployées dans le magasin, en diorama véritable -vrai tipi, hamac au nonchalant réalisme d’un livre  laissé dedans encore ouvert, faux feu flammes rigides pour chipolata si veganes qu’elles sont en plastique- et les quelques modèles disponibles dans les rayons -tente une minute, modèle militaire ou familiale, à lancer pour la faire s’ouvrir, comme il paraît qu’il Continuer la lecture#40jours #07 | le – 1 et le – 2 existaient le soir

#40jours #06 | pictogrammes

C’est un plan, autrefois à tri-déplier, qu’on tend désormais, à l’entrée des visiteurs, dans sa version polycopiée A4 sans pli ni les couleurs. Des numéros, caractères passés en graisse, dans des cercles, indiquent les emplacements. À l’entrée on a, de façon manuscrite, entouré le cercle lui correspondant, le 36 et le plus loin des douches. Le plan mêle étrangement signes Continuer la lecture#40jours #06 | pictogrammes

#40jours-04-sols-glissants Tipi à prière

La bâche à brindilles où laisser les baskets trempées de mer, à cause des rochers et des impossibles pieds nus, avant de rejoindre la mousse fine des tapis de sols superposés pour un peu plus de doux au dos le soir et la doublure orange fraîche du sac de couchage ouvert pour laisser respirer. Sol de tente où sentir encore Continuer la lecture#40jours-04-sols-glissants Tipi à prière

#40jours #02 | ping-pong

Le verre est tombé, ils n’ont qu’à pas, aussi, jouer ici, le ping-pong c’est dehors, bien sûr ça allait arriver, avec la minuscule table déployée du mur et qu’il faut rabattre après manger, mais faite donc pour manger, et pas ping, ping… La mère essuie une larme. C’est les vacances et c’est la fatigue. Dans le mobil-home voisin, la radio Continuer la lecture#40jours #02 | ping-pong

#40jours#01#Zoomarrière Bungalow

Le bungalow est dans son dos. Il ne connaît plus grand monde sur terre. Son avant bras est devant lui, sur la table, depuis une heure. Il s’endort sans les yeux. C’est l’heure bleue au-dessus du camping.  Les campings car et leur air de gros secret gentil. La piscine et, tout à fait au fond, la mer. Transats et parasols alternés. Continuer la lecture#40jours#01#Zoomarrière Bungalow

autobiographies #01 | qui continue le toit du chalet: la place

Il faut, adolescente de sept ans, courir les marches qui débarquent le long de la buée et des jeux de société. De l’oie idiote, ou le noir et neige des échecs. Sherpa dans l’escalier, tu n’ouvres la ludothèque qu’agrippée à ta mère. Qui continue le toit du chalet, la place. D’où s’avalanche la grande rue aux trois magasins, cartes et Continuer la lectureautobiographies #01 | qui continue le toit du chalet: la place

Abat-jours

Comme, pour le secret chuchoté, l’enfant met sa main en coquille autour de l’oreille, l’abat-jour, enroulant la lumière, la tamise. Dans son action sauvage d’abattre et domestiquer le jour, il prend modèle sur la corolle des fleurs, qui prolonge et protège le siège discret du pollen, enfoui dans le bouton. Sans lui, l’ampoule comme structure, de soleil chaussé dans son Continuer la lectureAbat-jours

Chaque soir

Que tu n’as pas eu d’enfant. Des canaris et, toi, un air aussi, un peu canaille. Qu’est-ce qu’ils laissent d’eux, les morts? D’elles, les grandes tantes? Un portail fou. Ta voiture comme dans les bandes-dessinées, qui tressaute pour trois mètres. Et puis ta voiture plus jamais, une pièce de plus dans l’allée, où fourrer ton fatras. Ma mère encore plus Continuer la lectureChaque soir

#P6 Ne pas sembler prendre parti

Vendredi. La première page du « Promontoire » de Victor Hugo s’est détachée de sa tranche.  Ça s’est passé entre mes mains. Le dégât pourtant a dû commencer plusieurs emprunts avant le mien. (L’affirmer fermement à la bibliothécaire, en cas de remarque.)  Jeudi. Ni par téléphone, ni par sms, il ne m’avait laissé penser qu’ils viendraient à deux. Elle m’avait demandé de la Continuer la lecture#P6 Ne pas sembler prendre parti