Abat-jours


Comme, pour le secret chuchoté, l’enfant met sa main en coquille autour de l’oreille, l’abat-jour, enroulant la lumière, la tamise. Dans son action sauvage d’abattre et domestiquer le jour, il prend modèle sur la corolle des fleurs, qui prolonge et protège le siège discret du pollen, enfoui dans le bouton. Sans lui, l’ampoule comme structure, de soleil chaussé dans son culot, serait trop visible, et aveuglante sa lumière. Comme pour l’eau l’implacable passoire, l’abat-jour organise son tri rond, de d’abord capter puis diffuser les rayons. Paupière immobile, il oppose aux faisceaux sa pacifique parade. Les enfants savent: la lune, c’est un soleil abattu.

A propos de Milène

Milène Tournier est une auteure de théâtre, poésie et formes numériques. ( L’autre jour, ed. Lurlure; Poèmes d’époque, préfacé par François Bon, ed. Polder; Nuits, ed. La p’tite Hélène; Et puis le roulis, Ed. Théâtrales). Elle a écrit une thèse d’études théâtrales « Figures de l’impudeur ». Elle partage ses vidéos poèmes sur Youtube et écrit « en direct » sur Facebook.