#40jours #22 | descension

10 mai 1981 : la tête pixélisée de Mitterrand apparait sur l’écran de télé familial. Mainard sera ministre et sa vie soudain bascule.

3 mars 1983 : le placard de la cuisine est rempli de dosettes de vin blanc qu’elle tête comme des compotes pour enfant. Le lit grince.

9 février 1987 : elle râle depuis la chambre noire, d’une voix pathétique : tu ne m’aimes pas. Première ambulance.

6 mai 1992 : on vient la chercher à son travail. Elle dort sous le bureau. La bouteille d’Evian sur la table est remplie de vodka. Honte.

20 juin 1996 : Les flics la retrouvent à Vincennes, la cheville brisée en six morceaux, sans papiers, sans argent. Verbalisée, hospitalisée, opérée.

13 septembre 2001 : Les tours sont tombées. Le monde est sidéré. Elle joue à la guitare Valse Sem Nome.

16 décembre 2007 : elle prend des cachets, arrive morte à l’hôpital. On la sauve in extremis. Un suicide déguisé.

3 décembre 2010 : on enterre son mari. Dans l’Eglise, il y a foule. Elle n’est pas là. Elle en a pour trois ans, dit quelqu’un.

19 juillet 2013 : la nuit est agitée, mauvaise, angoissée ; le matin, à 4 heures, elle meurt seule d’une crise cardiaque dans une chambre à Conflans.  

A propos de Geneviève Flaven

Je suis née à Paris en 1969. En 2001 à Nice, j’ai fondé une agence de conseil en design puis suis partie à Shanghai pour développer mes activités. Le départ en Chine m’a mené vers l’écriture et la publication. Depuis mon retour en France en 2019, je me consacre à la création et à l’animation de projets collaboratifs de théâtre documentaire. Théâtre : The 99 project (http://www.the99project.net/ ) Blog : Shanghai confidential (https://shanghaiconfidential.wordpress.com/)

2 commentaires à propos de “#40jours #22 | descension”

  1. le destin brisé et le temps qui s’y casse les dents, ce texte en forme de brève frappe et installe un fort suspens, car chaque fragment laisse beaucoup dans l’ombre,