A propos de Isabelle Dartiguelongue

Prof de français, je parle chinois aussi, et j'aime quand les deux langues se catapultent. Prof de FLE aussi. J'aime les mots, et courir, et danser - et ici, à Tiers Livre, c'est la valse des mots, les miens, les vôtres. Me sens chez moi, même si très souvent en voyage.

#été2023 #08 / Plinthe

Silence exceptionnel ce soir. Le vent ne souffle plus. C’est du répit gagné sur le ciel jaune de sable dehors, chargé de colères mortes et de renards abandonnés par leurs mères, laissés à leurs plaintes au sommet des dunes douces, offertes aux regards avant chaque atterrissage (et il y en a beaucoup, des atterrissages, l’avion étant le principal moyen de Continuer la lecture#été2023 #08 / Plinthe

#été2023 #07bis / Hyposulfite de sodium

Je n’ai pas encore parlé de cette odeur; pas su pas pu pas lu les signes sous les strates les couches superposées puis mêlées de la mémoire, ce qu’on appelle les limbes parce qu’on ne sait pas où se range ce foutoir de l’intime qui trône en foire ; ce sont les nains devenus géants les freaks les tentacules les Continuer la lecture#été2023 #07bis / Hyposulfite de sodium

#été2023 #07 | S’appartenir

S’appartenir. Le vilain mot placé caillou pointu sous la chaussure de celui ou de celle qui marche si loin si long sans trop savoir pourquoi, juste mu mue par une envie qui coule de lui d’elle, filet sinusoïdal de projections informes sur le monde ou bien un monde à découvrir / à construire pierre à pierre dans l’intervalle béant d’une Continuer la lecture#été2023 #07 | S’appartenir

#été2023 #06 | L’album

elle court elle s’engouffre bras levé en signe de signal, urgence postée dans le regard, les lettres de l’urgence imprimées dans tout son corps tendu vers le but, le clignement intempestif la fixité de l’oeil aimanté par l’objectif de venir de si loin – avions retardés sur des tarmacs désoeuvrés – et la volonté de passer coûte que coûte d’arriver Continuer la lecture#été2023 #06 | L’album

#été2023 #05 | Sur le champ

Il n’a pas fallu le lui dire deux fois : la plus grande bibliothèque municipale du Royaume à sa porte – ou quasiment, au marché de l’horloge à côté pas loin – et pas réalisé jusque là qu’il s’agissait d’une bibliothèque une bibliothèque ! Le parc l’herbe verte envie de la fouler aux pieds sentir le frais une micro fraction Continuer la lecture#été2023 #05 | Sur le champ

#été2023 #04 | La plage

Passer le contrôle de police sous la grande porte ouest de Laâyoune fait toujours battre le coeur de ceux qui passent – dans un sens dans l’autre. Dans la Clio, Habiba crispe les mains sur son petit sac Vuitton énorme chaîne dorée. Des fois, on les arrête et Ahmed doit montrer les papiers. Il faut toujours penser aux papiers même Continuer la lecture#été2023 #04 | La plage

#été2023 #03 / Derrière la porte

Tout le monde le sait dans la petite rue aux trottoirs défoncés, et puis je l’ai déjà dit. Écho a vécu trois années de sa vie vagabonde derrière la porte grise du 2171. Comme on l’a beaucoup dit, poussée – chassée ? – par un tempérament follement « romantique ». Aujourd’hui encore je ne sais pas ce qu’il faut entendre par « romantique ». Continuer la lecture#été2023 #03 / Derrière la porte

#été2023 #02bis | Dômes

En fin de journée, quand il n’y a pas trop de vent, le ciel se fait transparent, dais de lumière sur les rues tranquilles. Il en faut du temps pour arriver dans cette ville posée comme une île au milieu du sable. Le voyage en bus m’a donné le tournis, le vertige du vide pour mon oeil de citadine occidentale Continuer la lecture#été2023 #02bis | Dômes

#été2023 #02 | Sa maison

La porte métallique du numéro 2171 s’est entrebaillée. Les gonds ont grogné. Le courrier de la banque coincé dans l’encadrement est tombé à terre. Rectangle blanc cru sur les pavés jaune passé. Puis s’ouvre l’obscurité du couloir, faïencé du sol au plafond de carreaux ébréchés et pas droits, en une sorte de nique à la géométrie. Pas de plan orthogonal, Continuer la lecture#été2023 #02 | Sa maison

#été 2023 #01 bis / Cap Juby

Les mots tombent sur le carnet rouge, sur la page ouverte papillon. Je me sens pousser des ailes. Comme des nuages chargés d’eau les mots tombent à grosses gouttes, à perles échappées de mes songes sur la page brunie. Le papier se gorge d’encre. Je me gorge de mots. La ligne est là en face. L’horizon. Je la contemple incrédule. Continuer la lecture#été 2023 #01 bis / Cap Juby