A propos de Isabelle Dartiguelongue

Prof de français, je parle chinois aussi, et j'aime quand les deux langues se catapultent. Prof de FLE aussi. J'aime les mots, et courir, et danser - et ici, à Tiers Livre, c'est la valse des mots, les miens, les vôtres. Me sens chez moi, même si très souvent en voyage.

#été2023 #01 | Le bruit de l’eau

Le vent tombe au matin. C’est le moment où elle monte sur la terrasse couverte de sable. Cet instant est nécessaire. Se nourrir du dehors. C’est plus fort qu’elle. Il fait sombre à l’intérieur dans la pièce principale. Pas de bureau de « chambre à soi », mais la banquette à ras de sol, la table basse d’un mauvais bois teint d’un Continuer la lecture#été2023 #01 | Le bruit de l’eau

#été2023 #00 | Matrice

un été matriciel suspendu au quatrième étage d’une résidence bordelaise avec vue sur le parc châtaigniers immenses et velus de feuilles soyeuses — un été matriciel suspendu aux pages de l’éphéméride tournées de force presque arrachées à la torpeur du temps qui ne bougeait pas d’une ligne — un été de classiques Vaubourdolle suspendu aux pages jaunies cornées du temps Continuer la lecture#été2023 #00 | Matrice

#techniques #02 | Sahara

Promontoire Absolu du sable sur l’oued. Les rafales du vent chargé de poussière crevant le dôme bleu, fissurant la lumière rabattue un peu partout, couverture sale. Peu à peu plus gris, aveuglant. Goutte chaude. Et bris de silence à l’oreille de la ville étendant l’ocre de ses cubes. Au-delà c’est plus qu’au-delà. C’est le rien à nommer, le néant à Continuer la lecture#techniques #02 | Sahara

#photofictions #03 | Sable

C’est le soir et le salon. Lumière tendue comme un dais sur la nudité de la pièce traversée. Vers les fenêtres, d’où l’on voit, elle le sait, le désert. Pas encore quitté la ville, pas encore, et un mois déjà. La fenêtre est l’oeil, l’oeil de ce nouveau salon, dans le Sahara. Oasis dans la poussière du sable qui s’infiltre Continuer la lecture#photofictions #03 | Sable

#40jours #15 | prisme

subitement c’est pratiquement ça à portée de main quasiment là dans la vitrine et pourtant partout autour le rond dans l’eau oui peut-être mais où je cueille ça sans les mains sans qu’elles se rejoignent quand et là il n’y aurait plus ça c’est ça ça disparaît s’effiloche en fleur de fugue c’est bien plus loin que loin c’est distant Continuer la lecture#40jours #15 | prisme

#40 jours#14/Fière

je suis assise à mon bureau – pressée par l’heure du rendez-vous administratif obtenu grâce à l’Agence Nationale des Titres Sécurisés – rivée à ma gueule d’étamine accrochée à la photo à coller à la mairie de Talence, sur le formulaire de demande de Carte Nationale d’Identité – si fière et très nationale à mon bureau vernis de bois exotique, Continuer la lecture#40 jours#14/Fière

#40jours #04 | glissade

Oeil soudain luisant comme un ver, pile sur la latte rainurée de la terrasse – parisienne – bois foncé marron, mouillée – verglas ça glisse ça luit ça traîtrise sous le pied et ça signe d’une goutte lente l’érosion de la plaque gelée sous le rayon soleil hiver qui y pointe comme un dard – et s’accroche plus loin tout Continuer la lecture#40jours #04 | glissade

#L6 Seul (e) en scène

Son nez coule l’air est sec pourtant. Clim à fond, les serveurs n’aiment pas l’humidité. Sa gorge racle, ça renâcle, c’est pas seulement l’hiver, mais ce qui reste coincé, au fond de sa gorge, dans la grotte des mots non formés, barrage où ils se glissent bloqués dans les strates de la mémoire inversée dans les marécages derrière les dents Continuer la lecture#L6 Seul (e) en scène

#L4 | Dos à dos

Virginia Woolf, La Promenade au phare, la maison abandonnée animée anima c’est l’âme de l’écrivaine sous les lambeaux de la tapisserie mes ongles sur la page Albane Gellée, Un bruit de verre en elle, captation des fêlures dans le miroir des yeux l’homme il la femme elle ça traverse quelque chose suit son cours, comme dirait Clov Fleurs en fioles Continuer la lecture#L4 | Dos à dos