autobiographies #09 | autobiographie véhiculée de ma voix qui pleure

procédure des clés deux tours, entrée de service à rebours se dire sortie, sortie de service, échappée du service, procédure inerte à l’accélération, on ne tourne pas le dos aux feulements, on baisse les yeux, on recule au ralenti, un pas, deux pas de côté, on a ouvert le guichet de l’interrupteur sur lequel on garde le doigt appuyé, que descende la grille roulante, fracas, lames d’acier à hoquets, grondements, puis clap de fin, pas plus loin ne peut, on décompose encore, la procédure pas à pas, ne pas lâcher du regard les interrupteurs les serrures, quand bien même plus rien ne gronde, un sifflement par les ajours du volet roulant, rabattre en toute conscience pleine conscience, lentement, le volet du petit guichet sur l’interrupteur, verrouiller avec la petite clé ronde, serrer la petite clé ronde au trousseau, badger, coder, escamoter le badge, escamoter le trousseau, tourner lent les talons et sans courir, tant que filtrent par les ajours et pour quelques secondes encore les iridescents, d’un pas normal, presque, s’éloigner, alors c’est fini, échappée, alors je vais. À la remonte véhiculée, nuit d’hiver, attendent maison montagnes, colle la journée de rien, feulements jaunes que ressuient quarante minutes de vitesses, déclivités, chaque reprise de moteur relancé pour chaque ralenti, débrayer rétrograder, freiner un peu, pas trop, avant les virages, accélérer dans leurs immédiates sorties, et pourquoi pas, dans l’acmé de leurs courbes comme, non pas les couper, mais les cisailler, jouer de la loi centrifuge, piqueter les troncatures de cercles, relier à petits coups de volant les points d’angles, on ne baisse pas le rythme, on soigne le ralenti haché, particulièrement dans les épingles, où les feulements dans les taillis auraient été projetés, dans le rétroviseur vérifier, alors je vais. À chaque pas roulé, l’atomisation ressuyée, zébrant les vitres latérales de rouges iridescents, eux aussi, alors que, surgies de sous la calandre, happées par le bas de caisse, toujours assises sur leurs dévolus fauteuils elles rebondissent sur le capot, alors que brisures coupantes des sombres coques moulées, dislocations des accoudoirs plastiques noirs, jerseys verts ou bleus des dossiers réglables lacérés, loquets et manettes distordus, toujours assises et obstinées et miraculées sur leurs dévolus fauteuils fracassés elles feulent, poursuivant leur incessant affairement, réitérant leurs projections depuis le bitume poisseux, les bas-côtés, alors je vais, trop lentement, je vais. Elles resurgissent encore, les pneus les écrabouillent, ou la collision les projette sur les rives ou par-dessus tôle sur le goudronnage trempé, elles restent en posture assise, distendues, caoutchouteuses, sans plus de fauteuils à roulettes et à leviers, adossées ergonomiques et hiératiques, nuques en tension, faces blafardes luminescentes, les mains côte-à-côte religieuses pianotant des feulements, des sifflements diffus, quand bien même le rideau d’acier anti-extrusion fût-il baissé, verrouillé, la clé ronde serré au trousseau, le trousseau escamoté, procédures formulaires en respect, quand bien même après la journée de rien elles tiendraient prises sur des riens, un pas trop rapide, un regard levé, à la remontée, attendent maison montagnes, passé le col de la faille, dans les dénivelés négatifs de l’ubac, par les virages en corniche sur le grand vide obscur, je vais.

A propos de Pietra Balsi

Elle s'appelle Pietra, Pietra Balsi. Elle est cilice dans sa propre chaussure. Pierre contre laquelle ils trébuchent. Elle vit dans l'angle d'un carreau de verre soufflé au grand feu mais par qui. Elle est piètre compagne. Rugueuse, elle n'est pas polie. https://pietrabalsi.blogspot.com/