autobiographies #14 | sans hiérarchie

le dessin de Matisse, visage d’une femme de trois-quart

elle accroupie contre la machine à laver les yeux levés vers lui dont la main est en l’air.

le stand France-Urss de la fête de l’huma, et les 5 poules picorant sur un plateau de bois quand on fait tourner la boule dessous, le petit bruit qu’elle font

la cohue sur les sentiers boueux de la fête de l’huma

elle frappant de toutes ses forces avec le matelas pneumatique sur la tête de sa petite sœur entrain de se noyer

Maman dans son ensemble Rodier noir, lèvres et ongles rouges.

l’adolescente faisant la roue devant la grille du lycée pour épater son amie

leur tête à ma naissance

le corps ensanglanté du rival de BenHur 

les publicités Dubonnet qui couraient dans les tunnels du métro parisien 

les brochettes du stand vietnam de la fête de l’huma 

nous dans nos blouses en crépon de coton brodé achetées sur le stand France-Roumanie de la fête de l’huma 

Papa invoquant ses (trop) nombreuses années de parti en riposte à un camarade qui fait de même 

le corso fleuri à Nice vu des épaules de l’oncle

le feu d’artifice du 14 juillet vu du balcon de l’avenue Bellevue à Nice

les tasses en porcelaine japonaise bleue d’Ady remplies de lapsang souchang fumant 

les lèvres velues de tata Lulu

lui encore inconnu 

le silence des films d’Einsenstein 

le landau descendant l’escalier dans le cuirassé potemkine

les CRS casqués derrière leur boucliers en plexi, leur air de scarabées

les résilientes taches de goudron sur les vêtements de plage

cette phrase: ne poussez plus, le médecin n’est pas arrivé… puis son arrivée, il dit qu’il en était au fromage tout en libérant mon fils 

la puèricultrice de la clinique étrillant mon fils à le faire hurler

le village perché, là-haut, si beau, mais en ruine

le bruit des fontaines dans les villages surchauffés

la mer apparue entre deux tunnels

 les petits lits cage du service pédiatrique de l’hopital de quimper 

les cahiers d’école avec les tables de multiplication au dos

les deux petites enchifrenées attendant devant la porte dans leurs robes en nylon maculées de taches

le petit voisin compagnon de jeu qui a déménagé à la suite de sa polio

le vide du camp de Buchenwald

l’éléctrophone Teppaz dans sa valisette diffusant la messe pour le temps présent de Pierre henry

les toits en zinc vus depuis la fenêtre de la rue de Meaux

l’escalier sombre et étroit menant à l’appartement de la rue Vivienne

la station de metro Rue Montmartre, la façade tarabiscotée du theâtre du gymnase, le restaurant Bebert, les photos porno dans la vitrine au coin de la rue vivienne

Woody Allen en spermatozoide anxieux…

Les mouches qui tournent et se noient dans les filtres des gros bidons de lait en alu

le poulet à l’ananas du premierdéjeuner dans un restaurant chinois de la rue Vivienne

le démentiel couscous royal chez Bebert boulevard montmartre

le beau visage de mon parrain à moustaches, son curieux petit rire aigü 

les grands panneaux comme de lave brulante de Kiefer en hommage à Celan

les derniers livreurs de charbon, leurs sacs en jute noire, leur mains et visages noirs; vécu ou rêvé ?

la devanture rouge du cinéma porno à côte du café Rey devenu le cinéma bastille puis le MK2

la rue de Charenton avant l’opéra, senteur de chou émanant de l’échoppe l’épicier yougoslave au rez de chaussée du 12 

les amandines et la baguette de la boulangerie de la rue de Charenton 

la première tranche de saumon fumé acheté charcuterie rue st sabin, le café tabac Balto un peu plus loin, tous les cafés tabac Balto

la salade exotique de la grande charcuterie traiteur de la rue de Paris

Gatita gémissant dans sa cage à l’hôpital de l’école vétérinaire

le dessin animé de Blanche-Neige son image mouvante comme si dans l’eau

sa première fois au cinéma, il a deux ans, c’est merlin l’enchanteur, il reste assis sans bouger yeux écarquillés durant une heure et demie

Katowice, cette ville noire

A propos de Catherine Plée

Je sais pas qui suis-je ? Quelqu'un quelque part, je crois, qui veut écrire depuis bien longtemps, écrit régulièrement depuis dix ans, beaucoup plus sérieusement depuis trois ans avec la découverte de Tierslivre et est bien contente de retrouver la bande des dingues du clavier...

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