Bruits qui courent

Bruit. Bruit-chant bruit-musique bruit-air bruit-chanson bruit-cri bruit de la maison, bruit du dehors bruit des oiseaux et bruits des chiens. Os à ronger grincer des dents, la dentellière et sa chanson triste et les pleurs les sanglots. Haletants les bruits bruits bruitage bruissement chuintement bizarrement ce bruit insolite. Des animaux devisent, La Fontaine est acclamé. Louange à la chèvre bêlante, au boeuf meuglant, à la grenouille coassante. Déflagration des oreilles attentives l’enfant joue bruyamment des jouets qui parlent le mickey, l’ourson, la voiture téléguidée qui vrombit, la moto qui pétarade, le bateau sur l’eau son clapotis, les hélices du bateau, ou de l’hélicoptère, la poupée qui ricane, qui fait peur, le sifflement du chef de gare à l’approche du train, la boîte à musique, les jouets qui rendent fous les parents, bruits assourdissants. Les sourds font du bruit-silencieux, une ville en carton pâte, une campagne sans carillon, ils regardent bouger un monde sans bruit, un monde en bruits-silencieux, les sourds voient des voitures avancer en glissant, des enfants vivre en pantomime, des déplacements chorégraphiés, nous, on entend les sourds applaudir, taper du pied sur les gradins. Le rideau s’ouvre sur les 3 coups, le bruit de fond se dissipe, s’arrête. Entrée en scène sur roulement de tambour. Tambour des peuples qui honorent la vie en dansant des rumeurs s’élèvent, des poussières soulèvent le sol. Bourdonnement incessant de la vie, bruit du cœur qui bat, battements du coeur et oreilles en sourdine, penser si fort à toi que toute chose est amplifiée. Le téléphone sonne dans le vide. Bruit qui coure.Tumulte intérieur.

A propos de Louise George

Diverses professions et celles liées au "livre" comme constantes.

10 commentaires à propos de “Bruits qui courent”

  1. Fabuleux thème et belle exploration des sans-sons qui tournent et dansent au ralenti, étrange comme on y voit plus encore qu’on entend 🙂

  2. Merci beaucoup pour votre lecture, Françoise. C’est vrai, j’ai écrit ce texte plus en voyant des scènes qu’en les entendant. Etonnant le cerveau.

  3. j’ai aimé les mouvements du texte, les ruptures, les sourds avec leur « bruit silencieux » qui accouche des tambours du monde, et les tambours qui se retrouvent en plein coeur, et le téléphone qui sonne dans le vide. c’est comme une danse.