(d’eau de mer)

au fond, la ligne bleue, le continent Cotentin Granville, au premier plan quelques îlets de Chausey

cord(ag)es* filins vit-de-mulet queue-de-malet voiles mâts vergues gouvernail ancre bouées focs misène misaine bords bordées bordages pirates Jamaïque Jean-Bart – les films oui, les films le Moonfleet et le Bounty – mutineries châtiments palans – drisses et écoutes et guindants écoutes (écoute… écoute… dans le silence de la mer il y a comme un balancement maudit qui vous met le cœur à l’heure) jonques et caftans boutres et cabans drakkars barques felouques bisquines et sloops – outrigger et génois gennaker spin(n)aker et donc avec ses gabiers, la hune (la librairie aujourd’hui est un commerce de sacs à main) (de l’autre côté de la place, le Divan et sa poésie a cédé sa place à un vendeur de sacs à main) (les librairies d’éditeur, Raspail, Commerce, Palais Royal Clichy) (la rue GG et celle du Petit-Prieuré (non, Bernard-Palissy lequel brûlait ses meubles pour se chauffer dans une émission de Claude Santelli) – et Vercors et les livres sous le manteau) (Edgar Morin et Nathalie Sarraute minimum) – abordage cotres goélettes yachts (prononcer yaute) accastillage mousquetons (doigt, corps, bague) manilles (en U en lyre en rond) élingues espars harnais – le catalogue de 444 pages chargement deux minutes trente – haubans beauprés maroquins pataras et bastaques – étais bômes vides-mulet – une quinzaine de chapitres et de l’électronique à (re)vendre (très haute fréquence, système globe global position positionnement (les degrés minutes secondes, les étoiles), le cabestan treuil à axe vertical (non, c’était pas ça, c’était le truc au travers duquel (genre longue vue biscornue) regarde le pirate de son seul œil valide dans une nuit opaque et fermée croisant dans des eaux noires et perdues – au loin hurle le vent) sextant, boussole, astrolabe (et menace l’orage), (le plan des militaires, je le démolis car je l’agonis) manœuvres courantes et dormantes (le sous-marin d’un autre genre, Vingt mille lieux sous les mers, le capitaine Nemo et le petit du même nom qui mange trop de choucroute), latitudes et longitudes, au cosmos, les signes du zodiac Zodiac Nautilus et Nautile (Alain Bombard vivait aux ISAÏ (prononcez izahi) derrière la maison de la culture (dites MAKU) il avait deux fils minimum) , les signes cardinaux et les points), voile ou vapeur, fixes ou portables, Argos et les Argonautes (encore les films, la production – souviens-toi, Argos Anatole Dauman souviens-toi)) – Florence Arthaud (la fiancée du pirate tellement bien – le film, (elle était (comme Bernard Blier) née à Buenos-Aires) de Nelly Kaplan, et donc Abel Gance), le type qu’on a perdu, les types (les filles aussi bien, moins sans doute) qui sont mort.es à la mer – pas à l’océan, ni au lac – en mer, mourir c’est périr – Bernard ou quelque chose Alain, oui (demander à wiki : les gens disparu.es en mer – les voilistes (ça ne se dit pas) – Alain Colas, Eric Tabarly, Laurent Bourgnon – les réalités des loisirs et celles du sport les rugbymen de nos jours) la plaisance la plaisance (ce film sans un mot, formidable – JC(Jeffrey MacDonald) Chandor – (presque) sans un mot de dialogue pour Robert Redford (Seul au monde en français, tout est perdu All is lost)) la marine de guerre et la marine de paix (ça ne se dit pas) (on les r’trouve en raccourci / dans nos p’tites amours d’un jour), la navigation (au doigt mouillé, au pifomètre, à l’estime, par erreur systématique, dérives caps cheminements) – le tour du monde, les phares les balises – la terre et la plaisance – c’est à Ouessant qu’on voit son sang, à Sein sa fin, à Groix sa croix (non, c’est pas ça, sa foi) (non plus, sa joie); Papeete; les îles sous le vent (Syracuse, la chanson, les Antilles, le triangle des Bermudes et la mer des Sargasses) à Chypre Larnaka les touristes russes et les passeports de complaisance et les bars de nuit – le naufrage – la vieillesse est un naufrage (foutaises) (j’aimais beaucoup j’aime toujours beaucoup Jean-Paul Sartre et le Castor et toujours : « qu’est-ce qu’un héros ? Vous avez deux heures » était la question posée lors de l’examen de maîtrise, par Jean-Paul Török, Jipé et sa cause, celle du peuple (vivait-il alors rue Bonaparte ?), plutôt que Robert Zimmerman (et son accident de moto, comme JLG) – combien de divisions ? de maisons de campagne ? Never ending tour, certes oui) (penser à acheter la bio d’Annie Cohen-Solal citée par Eric Hazan, comme le Baratin rue Jouye-Rouve – fait : momox à quatre trente et un frais de port compris : comment veux-tu lutter?)) – téléphones récepteurs – cartes et radars – l’île au trésor et Vendredi – le Pacifique et le KonTiki (ce feuilleton, le capitaine Troy ?) – les aventures du Capitaine attends, tiens toi bien : Wyatt, Alatriste, Hatteras, Belmonte : le premier seulement – longueur, maître-bau tirant d’eau déplacement vitesse équipage passagers – croisières courses (le Palio, tous les 2 juillet et 16 Août) (sur la piazza, à Sienne) mais c’est à cheval, à Venise tous les premiers dimanches de septembre jamais vue jamais ne verrai – hôtel Gritti l’escale de F. autant que le Plaza ici et les pâtes « sans beurre c’est aussi bon » de sa femme au cholestérol) – girouettes anémomètres radars sonars dauphins et cachalots Moby Dick – le Pequod et le peyolt d’Artaud (Antonin, celui-là) Achab et Gregory Peck – pilotes connectivités cartographie PC – cockpit on board – l’Angleterre est une île depuis tout ce temps-là, HMS Ulysses dans la bibliothèque de la chambre de mon frère – les livres (de poche) de mon père

*: la superstition formidable intime enjoint ordonne de ne pas utiliser ce terme (je ne me permets pas de l’écrire à nouveau) (je l’ai caché pour ne point offenser quelque marin (ou marine) que ce soit), que dieu me protège (comme disait Aznavour – et ma grand-mère), à bord des engins submersibles (ou peu, ou moins) qui voguent comme galère sur les eaux du globe (la tragédie n’est jamais loin, et la mer ne pardonne pas, comme on sait) (Anne Providence, la bien nommée, dans « La flibustière des Antilles » (Jacques Tourneur, 1951)) – je commence par ce terme afin qu’on l’oublie (et lui, et cette croyance) et place cette accumulation sous l’égide de ces pirates qui étaient parfois aussi corsaire si je ne m’abuse (c’est dans la rue, juste là, non loin de ma cambuse – entre la cale et le faux-pont)

addenda : les villes où s’est arrêté le type au turbin, à la mine, au chagrin
Hazebrouk, Senlis, Château-Thierry, Fontainebleau Chantilly, Charleroi, Bruxelles, Lille, Cambrai, Calais, Dunkerque – Rue (en allant jusque Quend), Amiens (Longueau), Abbeville, Saint-Quentin Creil Senlis, Mulhouse Strasbourg, Charleville-Mézières (sans son Arthur), Nancy avec son Stanislas, Rouen Le Havre, Dieppe, Cherbourg Caen (automoteur dans les oranges) Valognes, Quimper, Auray Quiberon sur la plage, longuement, Brest Rennes, Saint-Malo et retour, Granville, au loin Chausey ( plus loin encore Jersey Guernesey, mais non, en bateau, jamais), Limoges (Bénédictins) Ussel Cahors Brive-la-Gaillarde, Orléans (les Aubrais), Tours (Saint-Pierre-des-Corps) Valenton, les six de Paris (il en manque deux au Monopoly, Saint-Lazare comme par hasard, Austerlitz ça ne se fait pas – jamais été à Londres quelle pitié), Bordeaux, Arcachon Irun Pau, Toulouse (Matabiau) où on se traite de con à peine qu’on se traite, Narbonne Béziers Montpellier Guéret Alès Carcassonne et Montauban Perpignan probablement, Colioure cette merveille (qui mourut à Colioure, déjà, Lorca Pessao ? ah non Machado, trois pas suffirent hors d’Espagne disait le poète), Arles Agen Avignon, Nîmes (où rebrousse le train), Marseille Toulon Nice Menton Vintimille longtemps (mais pour le train qui va à Limone (et Turin) (mais Turin, non) par la vallée de la Roya) qui tourne et monte à l’intérieur de la montagne), une petite ville terminus en France qui commence par B, oubliée) non Breil (-sur-Roya), Saorge (mais Fontan), Lyon, Valence, Grenoble (et Henry Beyle) Genève Lausanne Vallorbes Valognes je l’ai déjà dit, Bourg-en-Bresse et Lons-le Saulnier, Dijon, Arpajon, Beaunes, c’est tout mais il en manque Briançon, d’autres encore

A propos de Piero Cohen-Hadria

(c'est plus facile avec les liens) la bio ça peut-être là : https://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article625#nb10 et le site plutôt là : https://www.pendantleweekend.net/ les (*) réfèrent à des entrées (ou étiquettes) du blog pendant le week-end

20 commentaires à propos de “(d’eau de mer)”

  1. D’une accumulation à une autre… ça se bouscule…
    on traverse, on prend ce qu’on veut
    j’adore tes ratures, tes parenthèses tentant d’organiser un peu l’explosion de ta pensée…

  2. Je suis toujours entre le rire et les larmes avec tes textes, Piero. J’ai failli louper ton hyperlien vers Chagrin « Aux aurores à St-Lazare » déjà lu mais j’y suis retournée.
    « Ses rêves en pleine lumière
    Font s’évaporer les soleils
    Me font rire, pleurer et rire,
    Parler sans avoir rien à dire. »

  3. Merci, Piero, encore une fois bien voyagé (devrait pouvoir s’accorder au participe passé forme passive), donc bien voyagée. Entendu jusqu’au bout dans ma tête Aznavour, (surtout le moment de l’accélération « Je perds la notion des choses/ Et soudain ma pensée/ M’enlève et me dépose… », quand on perd le souffle et quasi la raison). Et puis après, parce que c’était dans le texte « On s’dit que d’main il f’ra jour/ et qu’c’est une calamité. » Entendu de l’accordéon aussi, pourquoi ?
    Une précision (totalement inutile, sinon c’est pas la peine) : pour ma part ai toujours entendu et compris « qui voit Groix voit sa croix ».
    Une question (idem que la précision) : le Baratin a t-il rouvert ? Pour la terrasse, ça doit être compliqué ( vu la pente de la rue Jouye-Rouve, non ? ) Merci, oui, pour tout ce qui chantait, ah j’oubliais à la fin, par dessus l’accordéon de la Marine, (mais comment il a fait ?), Ferrat a chanté « Macchado dort à … », puis il s’est mis à chanter « Je pense à toi Desnos… », alors je me suis demandée où était Robert dans votre texte, n’ai trouvé que Redford, en guise de Robert. Reste que Desnos n’est pas loin « … comme un soir en dormant tu nous en fis récit… »
    Enfin, merci pour l’expression  » mort.es à la mer », comme on dit mort.es « au front », jamais rencontrée et jamais pensée.

    • Merci -Aznavour nous emmène (parfois – c’est générationnel sans doute : j’avais plus en tête que « Emmenez-moi » cette autre titrée « nous nous reverrons un jour ou l’autre ») – pour le Baratin, je crois que c’est ouvert, il me semble (il y avait une rue au dessus (rue Piat) une pizzeria minuscule « God save broccoli ») – Robert Desnos est quelque part dans un autre projet,oui…Merci encore

    • le Baratin est ouvert, il a adapté sa terrasse – à peu près bondée samedi soir – on a mangé au libanais, plus haut sur la rue de Belleville, à gauche en montant (sympa – délicieux – et plus dans nos prix…)

  4. Rétroliens : 2 – Aux aurores à Saint-Lazare (chagrin) – Tiers Livre, les ateliers d’écriture

    • (fatalement : du lion) (hum) justement j’étais en train de penser à cette affaire (je dispose d’un certain nombre d’images d’officines que je vais poser dans une posture délibérément illustrative) (une soixantaine seulement) – le type s’est restauré à un moment ce soir-là – le lendemain vers midi aussi – enfin je continue (et merci pour tout)