Dettes nourricières

  • De Montaigne, la conquête d’une vie d’homme, l’ouverture d’Altérité, l’errance et la mouvance universelle, le quant à soi et l’incertitude, l’individualité initiatique comme poste d’observation du branle pérenne.
  • D’Apollinaire, la profération nouvelle de la langue, tresse artistique des amours jetée sans point dans le rythme de modernité
  • De Saint-John Perse, l’âme plus scabreuse des déferlantes et des vents dominants, des renversements de courants, les amers existentiels d’élan intime.
  • De V. Woolf, la flottille des images sur les basses eaux de la conscience, la folie d’eau flottante cartographiée planche du génie qui penche, l’activité littéraire salvatrice en tranche fissurée de destinée féministe.
  • De Yourcenar, la distance de plus haute tour, le glacis de perfection classique, la puissance et la maîtrise intransigeante de l’astre, la culture inflexible et froide, l’ampleur d’alchimie inaltérable.
  • De Julien Gracq, le sortilège et l’invention du mystère, les savants entrelacs d’enténèbrement sacrés, la naissance obscure d’un paysage et d’une tension.
  • De Nicolas de Staël, la nécessité de la correspondance en compagnonnage d’appui pour scruter sa quête vertigineuse, l’enjeu d’immersion violente et solaire, la tyrannie de l’œuvre, l’épure vibrante d’idéal.
  • De Georges Perros, la dérision tragique du quotidien face à l’existence, la sobriété qui s’engendre du retrait, la défiance désillusionnée, le détachement du flux contemporain.
  • De Tomas Tranströmer, la métaphore visionnaire, l’incision absolument singulière, l’œil de fente que guide l’énigme entrevue par l’ellipse du fragment.
  • De Jean-Christophe Bailly, la continuité de fond des fréquentations expérimentales, l’élargissement des tuiles de soi par l’auscultation des variations architexturales du monde.
  • De Maylis de Kerangal, l’intensité vitale de l’expérience du langage comme première fois, la phrase inaugurale d’un monde vision fractale chaotique, la lave vivante des verbes magmatiques, les strates telluriques forées loin sous la lumière sismique de propulsion des scènes.
  • De Valérie Rouzeau, la sororité des mots dominos sonores pour dompter par grâce enfantine, ludique, le trouble intérieur.
  • De David Bosc, le rappel de frère cruel du langage, fontaine de volonté ayant besoin de chevaucher son démon de résidus d’images enfouies pour la brèche et le passage hors du moi.
  • De Lili Frikh, l’écriture blessure d’abîme sans bord, les mots organiques qui s’arrachent, la cruauté d’empoignade nécessaire, l’extra lucidité de gouffre, le Bleu indépassable et l’orgueil des fragiles.
  • De Patrick Laupin, la grâce profane de l’écriture chant salvateur descente des failles, la probité et le courage d’aller quérir en son état le rythme créateur pour trouver sa voix sans recherche d’effet.

A propos de marion lafage

J'aime nager au milieu des autres écrivants en essayant de ne me baigner jamais dans le même fleuve de mots. asso: Mots et Rhizomes. D.U. Aix-Marseille 2017 Animateurs d'ateliers d'écriture

2 commentaires à propos de “Dettes nourricières”

  1. comme des définitions d’un dictionnaire à paraitre pour des auteurs à découvrir ou à relire