Deux lignes d’environ. dix fois et à peu près.

… (franchir le seuil bonjour avancer s’asseoir m’allonger…) poser les talons sur le fil usé. nous deux dans les tentures d’encore un peu la nuit. dos brins rompus épuisé. (le vieux tapis rouge sang taché m’étalé sous les pieds…)

… rives pénombre… plongées dans l’à-côté du grand tableau : c’est tout d’un grand bleu froid. simples traits noirs. rond d’œil. des silhouettes de poissons (verticales – horizontales – obliques – légères.) là entre-mordues, confondues en grilles d’écailles colorées (taches jaunes, orangées.) ça flotte comme sous le drap étouffeur que je rabattais. c’est comme s’entre-percevoir depuis des ailleurs –  à mi-chemin derrière les doigts en barreaux. ou bien le visage dans sa cage de berceau…

… ou quand s’incendie fort sous les pouces le silex souple des deux yeux…

… sur le matelas à l’arrière du pick-up Nissan (grosses lettres rouges sur le haillon). tremblements de nuit. l’éponge d’étoiles m’aspire. m’efface. infiniment m’est partir.

… (soupirs rouages et ressorts.) horloge battante et silence des mots tus (les ressauts les sursauts les memos les embarras les débats…) l’oiseau noir me cogne dans la poitrine. m’envole loin de moi laissé bas. simple tas.

… mais là dehors deux marchent dans la rue en tranches. soleil et ombre. c’est un chaud d’été canicule. des voix me vivent et meurent derrière les persiennes… l’odeur de cigarette blonde. m’écœure. le râpe-gorge…

… on avait les rangées de couchettes alignées et le soleil caché derrière les épais rideaux. peut-être on dormait. peut-être on remuait un peu et on bavait tout doucement en suçotant l’heure des mamans. de l’autre-côté du mur c’est la salle d’attente. on y pleure de temps en temps…

… forge d’été canicule sous le drap. mon visage hanté. nausée. le marteau-pilon branle fort la vallée matinale…

… entre mes pieds tout au bout le rectangle vertical. ocre – blanc – noir. deux grues japonaises. bec aigu et pattes aiguilles. nouent le tic-tac du silence poussière…

… (on est là pour tout se dire) : des lits hauts et sombres aux ventres ronds comme des navires anciens et leurs verts tombeaux…