Le pas sage du 26ème

Un geste simple, impossible à faire. Remettre de l’eau dans la théière n’a pas été facile pour toi. Vingt-six jours t’ont été nécessaires. Vingt-six comme le parallèle le plus peuplé de la Terre. La théière vide était pleine de moi, de mes gestes, de ma présence, des herbes de la dernière infusion que nous avions partagée. Tu la conservais intacte, telle une relique, pour te rassurer, pour nous émouvoir aussi, pour me séduire encore. Ton amour, sournois comme de l’eau, s’infiltre en moi, me pénètre, m’inonde. Je resterai, farouche, toujours méfiante face à l’eau qui bouge comme à l’eau qui dort. Mais, oui, nous referons du thé et savourerons ensemble toutes nos effusions.

A propos de Ugo Pandolfi

Journalist and writer based in the island of Corsica (France) 42°45' N 9°27' E. Voir son blog : scriptor.

12 commentaires à propos de “Le pas sage du 26ème”

  1. La théière vide était pleine… Vingt six jours, dit l’histoire, elle attendit.
    Et l’eau coula. C’est une jolie histoire

  2. Bonsoir Ugo, magnifique texte, envoûtant, chamanique. J’aime beaucoup ce rapport au temps et au partage. Nous en revenons à un sujet que nous passions tous les deux.

  3. Lire dans l’eau de la théière comme dans le marc de café et l’histoire qui s’écrit sous la surface… Chamanique, il a raison Gauthier. Merci.

    • Merci Anne Dejardin de votre lecture dans le marc de ma théière. Merci aussi de vos écritures et très heureux de vous retrouver dans ces ateliers d’été.