vers un écrire/film #02 | un dialogue

 le plus difficile ça a été de ne pas reconnaître les protagonistes et d'oublier ce qu'ils se disent
ce texte en spéciale dédicace à Will

durant tout l’extrait, les cadres restent les mêmes les plans sont fixes – neuf plans (champ et contrechamp)

un peu d’air au dessus de la tête à moitié chauve du sujet (couronne de cheveux peignés, lisses, dans les beiges) : centré mais un peu à gauche de l’image, cadré à mi-poitrine, c’est un homme assez âgé (dans la suite, Lui) mais sans âge à proprement parler mais rasé, proprement ; de trois quarts face il est légèrement tourné vers sa droite (il ne parle pas de face) – derrière lui, probablement un miroir, qui reflète ce qui ressemble à une céramique blanche un angle droit, un miroir donc encadré de deux rectangles blancs verticaux qui diffusent une lumière blanche, l’homme apparaît un peu, de ce fait, à contre-jour ce qui accentue sa pâleur – sa peau semble poudrée de blanc; le décor dans les rouges clinquants et les blancs trait horizontal rouge traits verticaux des rectangles de lumière, l’angle de céramique blanche en bas à droite; le sujet porte une chemise blanche à col cassé, un nœud papillon noir une (sûrement) redingote noire elle aussi : comme un chef de rang/maître d’hôtel – il parle les yeux fixés sur son interlocuteur : il doit être légèrement plus grand que l’autre, ce qui fait que son regard est très légèrement en surplomb – il adopte comme une espèce de sourire très ténu (à peine condescendant) puis il parle et devient plus dur sans plus de sourire : il parle, sans trop asséner | L’autre de trois quarts face mais dans l’axe perpendiculaire ce qui suggère qu’ils se font face mais pas exactement : il est centré dans l’image un peu décadré sur le droite; mi-poitrine, comme son interlocuteur; son épaule droite légèrement en avant, il porte une chemise dans les bleus, col ouvert, de laine à carreaux de traits plutôt blancs (comme au Canada les bûcherons), un blouson dans les rouges foncés (coagulé foncé, contraste avec le fond), il est mal rasé, porte des cheveux bruns assez longs coiffés mais un peu flous – mur rouge derrière lui, le rouge interrompu par le blanc vers le haut du mur, puis le coin du plafond et deux lumière tombent du plafond blanc, qu’on aperçoit en amorce en haut ; en bas de l’image, à droite, l’amorce encore d’une céramique blanche – inquiet, les épaules très légèrement affaissées, le torse très légèrement rentré (fronce les sourcils, fixe son interlocuteur le regard très légèrement à peine dominé, vers le haut, fait non légèrement de la tête) il dit un mot | sur Lui un léger sourire du maître d’hôtel – il hoche très légèrement la tête, affleure un très léger sourire, dit un mot | sur l’autre, un peu inquiet toujours, peut-être qu’il tousse un peu, avale sa salive fronce un peu le front, il ne dit qu’un mot sûrement une question | Lui, à peine dégoûté, répond : un mot puis baisse à peine la tête pour appuyer la vérité | L’autre, baissant le menton, en signe d’indignité, à peine croyable, incrédule écarquille légèrement les yeux, avance un peu le torse, dit un mot sans crier encore | Lui, sans sourciller, tête droite marquant la réalité de la vérité, parle se tait puis reparle (si on lisait sur les lèvres, on saurait distinctement ce qu’il articule) un moment sur lui encore, qui baisse un peu le menton pour appuyer | Encaissement de l’autre (façon de recevoir, de comprendre) il regarde vivement vers sa droite puis vers le sol, avale sa salive pour garder contenance avant de revenir à nouveau vers le maître d’hôtel – il pose une question un mot en criant presque | Lui, sans affect, certainement pas impressionné, parle, distinctement – un léger sourire revient, à ses yeux seulement, disparaît – il s’interrompt, serre les lèvres puis reprend et recommence encore, assène serre les lèvres, reprend puis se tait

   le plus cruel et le plus pénible ça a été de supprimer les dialogues et toutes les sinuosités de la bande son, notamment celles de la musique - commencé par retranscrire les dialogues (pas obéi à ou compris la consigne d'abord) - ensuite décrire la musique puis les divers mouvements - décrire les visages - poser les dialogues en gras et les temps passés - tout supprimé ensuite, relu corrigé revu l'extrait à nouveau (puis l'entièreté de la scène) sans le son

add du 19-01-2022 à 11h34 : je m'aperçois que je n'ai pas précisé que le deuxième protagoniste est blanc de peau (tu vois comme on est hein) - le premier a une "pâleur accentuée" certes, est lui aussi blanc de peau 

A propos de Piero Cohen-Hadria

(c'est plus facile avec les liens) la bio ça peut-être là : https://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article625#nb10 et le site plutôt là : https://www.pendantleweekend.net/ les (*) réfèrent à des entrées (ou étiquettes) du blog pendant le week-end

7 commentaires à propos de “vers un écrire/film #02 | un dialogue”

  1. et pendant tout ce temps (qui pour moi… lecture et fatigue aidant a duré un peu plus d’une minute), je cherchais à reconnaître, ai su que n’y arriverai pas et recommencé pour mieux goûter la minutie sans plus me poser de question)

  2. C’est en creux. Par éclats de : décor, peaux, étoffes, places, expressions… lumières. On ne se noie pas dans les détails on y respire.

  3. Y en a pas un qui s’appelerait Jack ? — J’ai pensé à un décor dans un film de Lynch, ça doit être le maître d’hôtel qui surplombe l’autre, et ce fond rouge et blanc. Evidemment, ce n’est pas ça, mais l’intérêt, c’est justement ce que ça brasse chez le lecteur. — L’utilisation de la barre qui semble bien indiquer les changements de plan, de personnage (j’ai bon ?), c’est un contrepoint intéressant à celui d’Ugo qui ouvre la voie à une autre ponctuation avec plusieurs barres à la suite. (Je suis resté neutre à ce niveau, je n’ai fait que singer f.) — Et pourquoi cette dédicace, j’ai commis un texte qui rejoint le tien ? — Merci.